Un Sabre de Grenadier Modèle 1767-90

Bonsoir,

Après le sabre 1767, voici sa version "révolutionnaire", le 1767-90 :


Il s'agit de la version simplifiée du sabre de grenadier modèle 1767. Simplifiée car sa poignée et sa garde sont d'un seul bloc. En effet, sur le sabre 1767, la poignée et la garde sont assemblées par brasures. L'ensemble est donc susceptible de se disloquer en cas de choc.

Sur le sabre 1767-90, le dessin de la poignée est également simplifié, perdant les faux oreillons et le décor de la queue de garde en pointe de diamants disparaît, remplacé par une masselotte ovale. L'énorme bouton de rivure en forme de gland est conservé car il conférait une grande solidité au rivetage de la soie.

La poignée comporte 20 cordons et un dos présentant un méplat étroit.

La garde, plutôt épaisse, est marquée du fourbisseur QUANTIN À PARIS. Ce fourbisseur s'était établi à Paris en 1790. Cette pièce est faite d'un laiton pâle assez pauvre en cuivre. En effet, ce métal devenait une denrée rare à cause du blocus qui frappait la France.

La lame " à la Montmorency " est la même que celle du sabre 1767, plate et sans gouttière. Elle présente une courbure assez peu prononcée. Elle ne présente ni marquage ni poinçon.

Ce sabre a été fait pendant la Révolution, période qui a vu un foisonnement de fabrications de circonstance, plus ou moins hâtives, caractérisées par une grande variété de dimensions, de formes et de matières. Les ci-devant contrôleurs de l'armement ne contrôlaient plus rien, ce qui était le meilleur moyen de conserver leurs têtes ...

Par exemple, on fabriquait des sabres d'infanterie avec des lames de sabres de cavalerie réformées et des fusils avec des pièces de rebut. Les besoins étaient tels que tout était bon pour armer les brigades de la « levée en masse ».
Au passage, on retrouvera la même désorganisation 70 ans plus tard après la chute du Second Empire, lorsque le Gouvernement de la Défense Nationale fera flèche de tout bois pour équiper les bataillons de Mobiles.

Voici un petit reportage :

La poignée d'un seul tenant. On remarque la forte épaisseur de la garde :


La poignée vue du marquage QUANTIN A PARIS :


Le dos de la poignée se caractérise par un méplat plutôt étroit. Noter l'énorme bouton ovale sur la queue de garde à la place du décor d'origine en pointe diamant :


Dimensions :


La lame est aussi peu épaisse que celle du 1767, c'est à dire maxi 4 mm.
Elle a malheureusement perdu son fourreau et a souffert de la corrosion.
Il n'y a aucun jeu dans la poignée.

A nouveau, un émouvant témoin d'une période importante de notre histoire.

A bientôt.

Belle description..... du coup, faut que je regarde quel modèle sont les miens !!!!

patrice

Merci pour cette présentation !
Par contre il me semblait qu'ils étaient produits après 1791.

Voici le mien:



Il faudra que je prenne de meilleurs photos. Il porte d'un côté la grenade enflammée et de l'autre "Grenadier" écrit de façon plus rustique que la normale.

Salut Cat,

le tien est magnifique !

J'observe que la poignée est différente au niveau de la queue de la garde. Mais c'est aussi l'une des caractéristiques des fabrications "révolutionnaires" : il est interdit d'interdire donc de fixer des dimensions et des règles ! Par conséquent, on voyait un peu de tout, du moment que "ça" coupait un peu ...

Quand à l'année 1790, c'est attesté par le fait qu'un certain fourbisseur Quantin a bel et bien existé ... en 1790. Et disparaît après ... espérons pour lui qu'il n'ait pas été raccourci entre temps.

Pour revenir à ton exemplaire, c'est peut-être l'assemblage d'une lame 1767 avec une poignée révolutionnaire ?

A bientôt

D'accord.
Oui la queue de la garde n'est pas tout à fait la même. Elle est peut être un peu plus proche de celle des anciennes gardes 1767.
Je ne pense pas que ce soit un remontage car la lame est bien révolutionnaire elle aussi, elle est je pense républicaine (donc à partir de septembre 1792) car elle ne comporte pas le monogramme royal. L’inscription "Grenadier" n'a pas non plus le raffinement des gravures des 1767 d'Ancien Régime. Enfin, les lames de 1767 on généralement deux grenades, une de chaque côté, le mien n'en a qu'une.

Je n'avais pas vu la lame.
Effectivement, ce serait plutôt une fabrication plus tardive.

article passionnant,un tres grand merçi

Voilà, j'ai fait de meilleurs photos de mon exemplaire et de ses gravures:









Je m'étais posé la question de ce petit rond dans la poignée, plus orangée que le reste:



Certainement un peu de cuivre mal dilué dans le reste, mais c'est étrange que ce soit parfaitement sphérique.

Salt Cat,

ce petit rond est un rivet traversant en cuivre. Comme quoi, la poignée est fixée à la lame par le rivetage classique ET un rivet.

Poignée plus solide et meilleure fixation.

A bientôt

Salut,
J'avoue que j'y avais pensé mais je croyais qu'un rivet aurait traversé, or il n'est que d'un côté.
Mais je veux bien de croire, encore une particularité, je ne connaissais pas de 1767 avec rivet, même révolutionnaire.

Bonjour,
Amusant ce rivetage, mais belle lame aux marquages sympas.
Jusqu'à présent je n'avais pas fait attention à la taille impressionnante de ces boutons de rivure. Des casse-têtes ?