Bonjour,
Quelques émouvantes lettres je vous laisse lire est réagir.
Lettres du sergent Léon FOURNIER
Le 8 décembre 1915,
Mes chers Parents
Comme je vous lavais dit sur ma lettre de samedi dernier nous sommes partis d’Épinal, lundi dernier pour aller renforcer le 170ème d'infanterie.
Nous avons voyagé 2 jours et nous sommes arrivés hier à midi dans un petit village situé au bord de la Marne. Nous sommes à proximité de la Champagne, nous distinguons faiblement la voix du canon. Il y a environ 46Km avant d'être dans les tranchées. Nous avons trouvé le 170ème d'infanterie mais je vous dirai qu'on ne nous attendait pas puisqu'on ne savait pas où nous mettre. On n'avait mieux fait de nous laisser à Épinal où j'étais si bien. Mais on n'a en vite fait de nous employer et au lieu de nous renvoyer à Épinal, on est resté au dépôt de renforts de la 48ème division pour le 170 et le 174. Nous sommes au 108 d'infanterie à la 33ème Compagnie. Je crois qu'on sera très bien.
Le 170 vient de faire 54 jours de tranchées. Il est au repos pour 40 jours il ne remonte aux tranchées que vers les premiers jours de janvier. Lorsque le 170ème ira aux tranchées, nous n'irons pas, seulement on le suivra à 10Km en arrière. Il faudra donc que le 170 prenne la purge avant qu'on ait besoin de nous. On ne peut pas prévoir, mais je compte bien ne pas aller aux tranchées avant février ou mars. Je serais aussi bien qu'au 149 car il devrait y avoir un 2ème départ pour le 149au front vers le 15 décembre alors je n'aurais pas resté de plus au dépôt. J'ai déjà causé à des soldats du 170, ils sont très bien. Ils ont beaucoup de repos et en fait d'attaques ils n'en font pas beaucoup.
Me voici encore dans la Marne, sel du mois de septembre 1914. Je vous dirai que je suis cantonné à 3Km à gauche d'où nous avons passé l'année dernière. Quel souvenir le village a eu quelques maisons de touchées. Plus tard je repasserai alors sa les vrais champs de bataille. Je repasserai à Suippes-Souain. Autant de nous autant de souvenirs.
La suite sera ce qu'elle pourra. En attendant, je ne me fais pas de bile. Je souhaite rester le plus longtemps possible ici.
Je ne vois plus grand choses à vous dire aujourd'hui. Je désire que me lettre vous trouve tous en bonne santé et je termine en vous embrassant tous bien fort.
Votre fils qui vous aime
Léon
Le 18 décembre 1915
Mes bien cher parents,
J'ai enfin reçu aujourd'hui votre lettre du 15 dernier qui m'a trouvé en très bonne santé.
Pour avez sans doute reçu mes différentes lettres. Nous sommes toujours dans le même village où nous sommes arrivés samedi dernier. Nous faisons l'exercice et à ce compte je voudrais bien que cela dure jusqu'à la fin de la guerre.
J'ai vu le Millau hier. Ils sont à 5km de nous et il m'a promis de revenir demain dimanche. On n'était un groupe de Rousselains : le Dines, le Georges Guigsol, le Millau puis le garçon à un certain Ducret qui était douanier aux Rousses il y a déjà une douzaines d'années. Vous devez vous en souvenir. Le Millau avait reçu une lettre du Gaston de Sur la Scie. La lucie a quitté chez Ponthus pour allé Sur la Scie.
Il n'a raconté leur attaque de Somain. Ils en ont vu de dures. Il est resté 42 heures descendre de cheval. Il y a trouvé dure mais qu'est ce qu'il dirait si comme nous fantassins il était obligé de chatouiller les côtes des Boches avec « Rosali » (la baïonette).
J'ai reçu quelques nouvelles du dépôt d’Épinal et aussi mes photographies dont je vous en joint une. Le sergent qui m'écrit me dit qu'il est parti le 12 dernier en renfort pour le 149 et allant directement sur le front. Vous voyez que je ne serais pas resté beaucoup plus de temps au dépôt et par le fait je suis content de mon sort.
Lorsque vous me récrivez vous me donnerez des nouvelles, si vous en avez de ce qui se passe en Serbie. Combien de soldats de chez nous y auront trouvés la mort. Ce sera une affaire qui aura été malheureuse pour nous et par notre faute. Maintenant il est trop tard, le renfort n'a plus sa raison d'être.
Avez vous des nouvelles de Marcel. Je n'ai rien reçu depuis que je suis ici. J'espère qu'il ne tardera pas trop a m'envoyer de ses bonnes nouvelles. Avant de partir d’Épinal le dernier dimanche. J'avais vu des chasseur du 5ème de la classe 16. C'était leur bataillon de marche. Ils étaient cantonnés aux environs d’Épinal. Il y avait aussi des alpins puis du 23ème de Bourg.
Si Marcel n'avait pas été aux alpins j'aurais eu le bonheur de le voir, car j'ai même causé avec un de son escouade. Enfin il faut espérer qu'il restera dans les alpes encore assez longtemps. Il est vrai que ses camarades de la classe 16ne sont pas encore au feux.
Ici dans la Meuse il n'y fait pas bien chaud. Il y a même quelques jours qu'il gelait fort, mais la température s'est radouci. Si l'on doit aller aux tranchées il faut espérer que ce temps là durera encore ne serait-ce que pour ceux qui y sont actuellement,
Je ne vois plus grand chose à vous dire. J'espère que ma lettre vous trouvera en très bonne santé et je termine en vous embrassant tous bien fort
Votre fils qui vous aime.
Léon
Le 11 février 1916
Chers chers parents,
J'ai reçu avant hier le colis contenant la paire de bandes molletières. C'est bien ce qu'il me fallait. J'attendais ce soir de vos nouvelles mais rien n'est arrivé.
Néanmoins, je vous envoie ces quelques lignes vous faisant connaître que je suis toujours en assez bonne santé.
Nous sommes toujours occupés à faire des travaux de tranchées et à poser des réseaux de fil de fer, avec cela, je crois que les boches peuvent essayer de passer. Ils sauraient ce que cela pourrait leur coûter.
Voila deux jours qu'il fait un bien mauvais temps. Il semblerais que l’hiver va seulement commencer a se faire sentir. Dans le pays où nous sommes il est tombé 20cm de neige. Ce matin la température était descendu à 5° au dessous de zéro. Vous pouvez croire que dans les mauvais cantonnements où nous sommes nous n'avons pas chaud. Il y a insuffisance de paille. Il doit être tombé une bonne couche sur les Vosges et la bas au pays. La Dole doit être bien blanche et le terrain que vous aviez il y a huit jours doit avoir disparu.
Nous avons déjà cueilli quelques bonnes salades de chicorée et il faut abandonner tout cela. Enfin espérons que cette neige ne tiendra pas et que les vrais beaux jours ne tarderont pas à revenir.
Je n'ai pas revu le Millau. Il ne nous a pas suivi dans ce déplacement car ces travaux ne les regardent nullement. Le Georges Guigsol ne nous a pas suivi non plus c'est probablement le 170 qui viendra continuer les travaux que nous avons commencés pendant que nous retournerons au repos.
J'ai reçu ce soir une carte de Marcel. Il m'envoie une photo ou il est tout seul. Il ne se plaint que de l'exercice mais il doit être content d'être revenu en arrière car ses copains sont allés aux tranchés et pas mal ont été déjà blessés ou esquintés. Souhaitons qu'il reste encore un peu de temps dans ces conditions. Il ne me dit pas si c'est à Épinal qu'il est. Lorsqu'il était redescendu au 27ème c'était dans mes anciennes casernes qu'il était. Il ne me dit pas où il est depuis qu'on l'a versé au 5ème.
J'ai eu des nouvelles de du 27 dernier. Je lui ferai réponse ces jours ci.
Je ne vois plus beaucoup de choses à vous dire. Je désire que ma lettre vous trouve tous en excellente santé et en attendant avec impatience ma permission je termine en vous embrassant tous bien fort. Votre fils qui vous aime et vous chérit
Léon
20 avril 1916
Mes biens chers parents
Mon capitaine vient de me remettre en même temps que votre lettre du 16 la lettre que vous lui avez envoyée, lui demandant de mes nouvelles.
Mes chers parents, croyez que je suis bien peiné d'avoir eu recours à un tel procédé.
Je vous ai écrit les 4 avril puis le 9 et enfin le 11 jour ou nous avons quitté nos cantonnements de repos pour nous rapprocher du front. Enfin pendant les 4 jours de marche que nous avons fait je vous écris encore le 12 seulement je n'ai pue faire partir la lettre que le 14. Le 16 je vous ai encore envoyé un mot par cette lettre je vous annonçais réception de votre colis et de vos lettres reçues en même temps. Je ne sais pas pourquoi mes lettres envoyer le 4 et le 9 dernier ne vous sont pas parvenues. Dans celle du 4 je vous disais que j'avais reçu votre lettre recommandée. C'est pourquoi je n'en ai pas parlé dans les suivantes pensant que la première vous serait parvenu.
De mon coté j'ai toujours reçu et même très régulièrement de vos nouvelles. Il y a faute de la poste. Mais si la poste les a ouvertes puisque c'est son droit elles aurait pu les recacheter et les faire suivre, car suivant mon habitude je ne parle pas de trop de ce qui pourrait intéresser les opérations.
Il y a aussi de mes camarades qui se sont plaints tout dernièrement de la nonchalance apportée par la poste dans leurs envoi de lettres. Espérons que comme précédemment tout arrivera en son temps et que vous n'avez pas à redemander de mes nouvelles.
En ce moment nous sommes toujours au même patelin ou nous sommes arrivés il y a 7 jours après 4 jours de marche.
On parle de partir demain pour un autre patelin. Ne vous faites pas trop de bile car je vous enverrai aussi souvent que possible de mes nouvelles.
J'ai reçu avant hier une carte de Marcel. Il me dit qu'il part d’Épinal pour une destination méconnue. J'attends pour demain de ses nouvelles pour savoir où il est et sa nouvelles adresse. Espérons que la bonne chance le favorisera autant que moi, s'il a le bonheur d'en voir autant que moi, il pourrait bien voir la fin de la guerre.
Aujourd'hui ; nous avons appris le succès des Russes à . Il faudrait encore quelques succès semblable. Ce ne serait pas pour nous déplaire.
Mes chers parents, je vais terminer ma lettre en souhaitant de tout cœur qu'elle vous trouve tous en excellente santé. En attendant de vos bonnes nouvelles je termine en vous embrassant tous bien fort
Votre fils qui pense à vous
Léon
P.S. J'ai passé la soirée d'hier soir avec le Millau. Il est cantonné à 4K89+
11 mai 1916
Mes chers parents,
Je vous écris deux mots à la hâte pour vous annoncer que nous sommes redescendus des tranchées hier soir. J'ai trouvé en redescendant votre lettre recommandée du 26 dernier. J'ai trouvé également 2 lettres de Marcel. Sa dernière m'apprend qu'il est versé à la 3ème compagnie de et qu'il est monté aux tranchées.
Vous pouvez croire que nous sommes contents d'être redescendus. Cela faisait 16 jours de 1ère ligne et nous étions bien fatigués.
Nous sommes à 15Km du front et on va s'en aller près de Bar-le-Duc en autos demain ou après demain. Puis on fera sans doute comme d'autre fois, nous ferons plusieurs étapes à pied pour aller dans nos cantonnements de repos. Puis chose certaine ; les permissions reprennent pour nous et d'ici peu j'aurai la grande joie d'aller vous voir tous.
Je vous ai dit sur mes dernières que j'avais reçu le colis contenant l'alcool de menthe.
En attendant le plaisir d'aller tous vous embrasser, je termine en le faisant seulement sur le papier.
Votre fils qui vous aime
Léon
Le 18 juillet 1916
Mes chers parents,
Je fais réponse à votre lettre du 12 dernier qui m'a trouvé en très bonne santé. J'espère et je souhaite que la présente vous trouve de même.
J'ai reçu en même temps le colis contenant le pâté. Il était en très bon état et délicieusement bon.
Vous pouvez croire que nous n'avons pas passé un 14 juillet bien agréable. Ce jour là nous avons fait 32Km et presque autant le 15. En ce moment nous sommes dans la Somme toujours à une bonne distance du front puisque nous entendons à peine la voix du canon.
Nous ne sommes pas bien loin de la capitale de la Somme. Nous avons sûrement donner notre part dans cette attaque qui semble si bien menée et qui doit être le prélude de la victoire.
En ce moment il y a reformation complète du 7ème corps. La 14ème Division est venue nous rejoindre. De même qu'une autre division formée des régiments de Belley et de Bourg. […]
Mais il faut encore quelques jours avant d'aller voir les boches. Il y a encore quelque chose qui n'est pas prêt.[...]
J'ai reçu des nouvelles de Marcel. Il est toujours en Alsace et en bonne santé. Il s'attendait à aller au repos. Je pense qu'en ce moment il y est sûrement.
Ce pays n'est pas bien agréable. On y trouve pas grand chose. Tout manque. Il faut aller à (auto censure) pour trouver ce dont nous avons besoin. Cela ne vaut pas les environs d’Épernay.
Je ne vois plus grand chose à vous dire pour aujourd'hui. Je termine en vous embrassant tous fort.
Votre fils qui pense à vous
Léon
Le 20 décembre 1916
Mes biens chers parents,
J'ai reçu votre lettre du 14 dernier aujourd'hui. Elle m'a trouvé en bonne voie de guérison. Mon rhume se passe très bien mais savez-vous que je n'ai pas été bien. Heureusement que nous sommes très bien ici, j'ai pue quitter mon service en 1ère ligne et je suis même dans une chambre occupé par un officier, mais vide pour le moment puisqu'il est en permission. J'avais attrapé tout simplement une forte grippe. Dans cette chambre j'étais très bien. J'avais avec moi un homme qui s'occupait uniquement de moi, qui faisait du feu et qui me préparait des boissons chaudes. C'est mon capitaine qui m'avait fait venir là, aussi je lui dois bien des remerciements. Maintenant tout va bien. Je ne tousse presque plus. Je vais garder la chambre encore quelque temps et après je serai solide comme un pont neuf. Je n'ai pas encore reçu le colis dont vous m’annoncez l'envoi. Je l'attends néanmoins avec impatience, de façon à pouvoir prendre du miel.[...]
Ici il ne fait pas trop mauvais temps. Il n'y a pas de neige et les journées sont ensoleillées. Nous sommes plus favorisés que vous sous le rapport du temps ; s'il neigeait, notre vie serait beaucoup plus insupportable et avec cela qu'elle ne l'est pas de trop, nous préférons avoir le beau temps au mauvais.
J'ai lu les coupure de journaux. Il n'y avait pas grand chose concernant les affaires de contrebande. Lorsque vous saurez des détails vous ne manquerez pas de me le dire.
Je n'ai pas de nouvelles de Marcel depuis qu'il a quitté l’Alsace et je commence à trouver le temps long. Je fais des tas de suppositions d'autant plus qu'en ce moment beaucoup de troupes s'en vont à pour réparer ce qu'on aurait pu éviter avec plus d'entente. Je souhaite néanmoins que Marcel n'y aille pas car ce n'est pas bien rigolo.
Savez-vous ce qu'on vient de me dire. Ma proposition de citation à l'armée de vient de revenir. Elle n'a passé qu'au corps d'armée. Enfin c'est toujours cela de pris en attendant. Et puis autre chose. Mon capitaine croyant que mes deux proposition de citation de la Somme était tombé à l'eau, m'avait fait un rappel auprès du colonel. Le colonel l'a accepté et me voilà avec deux citation d'un seul coup un au corps d'armée et l'autre au régiment.
Je vous joins celle du régiment. Je n'ai pas encore le libellé de celle du Corps d'armée, dès que je l'aurai je vous le ferai parvenir.
C'est malheureux que tout cela arrive maintenant. Comme cela j'aurai 2 jours de plus à ma prochaine permission. J'aurais pue les avoir à la dernière.
Je ne vois plus grand chose à vous dire pour aujourd'hui.
Je désire que la présente vous trouve tous en parfaite santé et je termine en vous embrassant bien fort.
Votre fils qui pense à vous
Léon
Lettres de Marcel FOURNIER
Le 29 septembre 1916
Mes chers parents,
Je profite d'un moment de repos pour vous donner de mes nouvelles qui sont toujours excellentes et je souhaite que pour vous il en soit de même.
J'ai reçu hier votre lettre avec son contenu qui m'a bien fais plaisir.
[…] , nous sommes en ligne depuis le 26 et je vous assure que sur cette fameuse crête il n'y fait pas chaud. Enfin il faut se résigner. Nous sommes à 30Km des boches et ça ne vaut guère mieux que lorsqu'on était à 6Km.
[...]que ce n'est guère une vie, les copains sont en ligne depuis le 2 août et passer les nuits continuellement ce n'est guère intéressant. Quelle vie de taupe ! Vivement la fin de cet terrible calvaire qui ne saurait trop tarder.
Nous faisons du bon boulot dans la Somme maintenant et je souhaite vraiment qu'on leur fiche une bonne pile une fois afin qu'on en parle plus. Je ne suis pas au bureau car comme il manques beaucoup de types, je monte la garde. J'espère bien y renter d'ici peu pour de bon. Mais il ne faut guère y compter que pour le stage.
Je n'ai pas de nouvelles très récentes de Léon. Je pense en avoir ce soir. Il doit bientôt aller en permission il l'a bien mérité. Maudriller doit être en permission et je pense que vous l'avez vu.
Plus grand chose. Je n'ai pas revu . Il ne doit pas être encore remonté du repos.
Je vais vous quitter en vous envoyant à tous mes meilleurs baisers !
Votre fils qui pense à vous.
Avez-vous reçu les bagues ! M Fournier
Le 3 août 1917
Mes chers parents,
Toujours en bonne santé et souhaite que pour vous il en soit de même.
Pas de nouveau. La vie s'écoule toujours dans les mêmes conditions. Je suis seul avec mon double, le fourrier étant remonté en lignes. J'ai beaucoup plus de travail et avec en plus ce service de Vaguemestre ce n'est guère le filon. Maintenant il pleut et il faudra que tout à l'heure m'appuie mes 14Km, ce n'est guère intéressent mais vaux mieux être ici que d'être là haut vers les boches ; ça ne n'y est pas amusant.
J'ai eu des bonnes nouvelles de Léon. Il attend sa perme et peut être qu'au reçu de cette carte, il sera parmi vous.
Je vous quitte en vous envoyant à tous mes plus tendres baisers. Votre fils qui vous aime.
Avez-vous fini de faner sans doute, car ce mauvais temps doit être général.
Marcel
St Claude 22 juillet 18
Monsieur Marcel,
J'ai reçu samedi votre lettre du 14 comme hélas vous savez cette terrible nouvelle.
Malgré tout je ne peux croire qu'il soit possible que mon pauvre aimé ne soit plus, tant d'espoirs, tant de bonheur ne peuvent être ainsi anéantis. Sa dernière lettre du 14 était remplie d'espoir pour l'avenir, il pensait à une fin proche de la guerre.
Il me reste un bien faible espoir, c'est qu'une erreur ait été commise. Le sergent major qui vous a annoncé la mort de notre pauvre Léon dit que c'est au château de Péreuse que Léon aurait été transporté, et sergent aussi à la même compagnie que Léon m'a envoyer une carte photographie du château de Péreuse toujours dans la à Zouave. L'hôpital installé dans ce château et l'hôpital temporaire n°71, une croix est faite à la fenêtre de la chambre ou a été soigné Léon y a t-il eu seulement erreur de nom du château.[...]
Je suis rentrée hier j'ai fait écrire a ma sœur au sergent major, à ce sergent et à l'hôpital temporaire. Je n'ai encore pas de réponse.
Vous me dites avoir demandé des cliché de la tombe de Léon voudriez vous être assez bon pour me donner un de ces clichés ou une photographie si vous en recevez vous devez bien comprendre que si mon Léon a vraiment succombé à ses blessures, je n'aurais plus que l'espoir de voir un jour sa tombe.
Par des soldats évacués le filleul de ma sœur a appris que Léon avait été blessé à la jambe et que l'amputation immédiate avait été nécessaire combien d'autres sont dans ce cas et guérissent, je veux espérer encore malgré tout car en somme vos parents n'ont rien de bien officiel n'est-ce pas l'hôpital qui doit prévenir la famille en cas de mort d'un de leur blesse ?[...]
J'espère que vous excuserez mon barbouillage et le peu d'ordre que j'ai dans mes idées vous devez comprendre dans quel désespoir m'a plongé une pareil nouvelle. J'espère aussi que vos parents m'auront excusés de leur avoir demandé des nouvelles de leur fils, je devenais folle d’inquiétude, comme vous pouvez le pensé. J'aimais tant mon pauvre Léon et j'en étais tant aimée. Je sais que vous ne l'avez jamais cru, pourtant pendant 7 années je n'ai aimé que mon cher Léon, vous deviez pourtant le savoir. Le 7 juillet était le jour anniversaire de notre amour, ce jour la j'ai reçu la fatal nouvelle.
Je dois vous dire que vous avez rendu votre frère bien heureux lorsque vous lui avez dit que vous alliez m'écrire tous les jours il me demandait si vous l'avez fait mais je vous ennuie sans doute aussi je vous en prie de recevoir mes bonnes amitiés.
L. Colin