Sabre briquet révolutionnaire dit de Compagnie d'Elite

Bonjour à tous,
voici la rentrée du WE, un sabre-briquet révolutionnaire dit « de compagnie d’élite » (même si par définition tous les Briquets sont destinés à des « compagnies d’élite ») à tête de lion, ici présenté pour comparaison à côté d’un classique briquet révolutionnaire 1767-90 :











Ce sabre, issu d’un fourbisseur privé, est vierge de tout poinçon. La lame a pas mal souffert. Il est recouvert d’une sorte de vernis diablement costaux et va nécessiter un important nettoyage. La tête de lion est assez similaire à celle d’un des trois sabres que nous avait présenté Russera, sauf que le « collier » du lion n’est pas perlé. Elle correspond parfaitement à une des têtes de lion présentée par Jean Pierre Martin dans son ouvrage Les armes blanches de la Révolution :




Selon Jean Pierre Martin ces sabres étaient donc destinés aux « Compagnies d’Elite » (sans précision), au « régiment Colonel Général » et à « certaines formations d’Infanterie légère ». Dans l’Infanterie, le régiment Colonel-Général commandé par l’officier indiqué était le régiment qui avait le premier rang de son arme, selon ce que j’ai pu trouver sur internet (source à vérifier donc) c’est le Régiment de Picardie qui devient en 1780 régiment Colonel Général, renommé 1er Régiment d’Infanterie de Ligne en 1790. Quid des sources ?
Selon Lhoste, les « Compagnies d’Elite » seraient crées par le Directoire le 4 septembre 1796 pour combattre les Chouans et furent dissoutes sous le Consulat en 1801. Toujours le même quid des sources, d’autant plus qu'en septembre 1796 il n'y a pour ainsi dire plus de chouannerie (ou peut être des isolés), Cadoudal a fait signer la paix, Aimé Picquet du Boisguy le dernier chef chouan à combattre s'est rendu... Ça ne recommence qu'en 1799.
Il se dit également qu’il pourrait s’agir de sabres destinés aux hommes de têtes de colonnes : sapeurs, tambours, musiciens, grenadiers…
Le même modèle est présenté sur armesanciennes.fr comme un sabre de sapeurs d’infanterie ou sabre des gradés d’artillerie de 1790 au Premier Empire.
Reste à mes yeux la possibilité, simple et pourtant rarement évoquée, de modèles fantaisie achetés individuellement à des fourbisseurs privés sans qu’une unité en particulier en soit réellement dotée.

Bonjour,
voici selon l'historique des corps de troupe, éditions Lavauzelle en 1900:
Picardie a été créé en 1569 avec les vieilles bandes françaises de Picardie commandées par Philippe de Strozzi.

Dénommé régiment de Picardie en 1585.

Dénommé régiment Colonel Général en 1785.

Devient 1° Régiment d'infanterie en 1791.

Puis 1° demi-brigade de bataille en 1794-96, formé du 1° bataillon du 1° régiment d'infanterie et de 2 bataillons de Volontaires: le bataillon de la Butte de Paris et le 3° du Loiret.

Puis 1° demi-brigade d'infanterie de ligne en 1796, formé de la 131°Demi-brigade de bataille.

Enfin 1° régiment d'infanterie de ligne en 1803.

Les 3 chefs de corps du régiment Colonel Général sont le colonel de Chanteraine en 1791, puis la même année le colonel de Courcy d'Herville, et enfin en 1792 le colonel de Montigny jusqu'en 1794.


Batailles de la période Colonel Général: Valmy 1792, Wissembourg 1793.
Cordialement,
CG

Bonjour,
Merci pour ces précisions issues d'une source plus fiable sur le Régiment Colonel-Général. Nous avions raison de nous méfier d'internet car les dates différent sensiblement !
Cordialement.

Bonjour,

Après un toilettage le lion est paré pour la prochaine révolution !



"Le tocsin qu'on va sonner n'est point un signal d'alarme, c'est la charge sur les ennemis de la patrie."
Danton.

Salut cathelineau,

Belle rentrée, belle pièce, elle a de très beaux restes. Bravo pour cette trouvaille qui a traversé les époques.

Merci, je trouve que ces versions zoomorphes, somme toute peu fréquentes, ont de l'allure et témoignent d'une période clef de notre Histoire.

Bonjour,
Coïncidence, j'attends avec impatience que Mr Colissimo me livre ma dernière acquisition, un frère de cette belle pièce, suffisamment différent pour venir enrichir le sujet. Patience, donc.

Bonjour,
Hâte de voir ça !
Avec une lame en meilleur état je suppose, avec le fourreau ou nu comme celui-ci ?

t moi, donc !
J'espère qu'il me sera expédié avant la fin de la semaine car, comme dit la chanson : "c'est au mois d"aôut, qu'on met les bouts..."
De quoi patienter ; une photo de la poignée


quant à la lame, je l'ignorais quand j'ai enchéri, 'elle est gravée : "POUR LA LOI LA NATION ET LE ROI"
C'est la bonne surprise, c'est dire si j'y suis allé en confiance !

C

Superbe !
Poignée monobloc sans oreillons, calotte au casque, fusée aux symboles du Tiers, lame de la monarchie constitutionnelle !
De quoi le dater entre 1789 et 1791 je pense.
Je n'ai jamais vu ce modèle avec cette fusée, contrairement au quillon au casque, qui parfois devient un hybride casque à cimier / bonnet phrygien.

Je suis justement en train de lire un articles sur les petits Montmorency à emblème et force est de constater que l'iconographie est très liée avec celle de ces briquets. Ils sont contemporains et vont d'un même élan, équipant les gardes nationaux et autres traine sabres de l'armée selon leur budget et leur fantaisie.

joli en effet,
hâte de le voir "au propre"

En parlant de nétoyage, je me suis amusé à faire un "avant / après" pour savourer le changement:

Bonsoir,

Belle pièce, beau sauvetage.
Comme Daniel, hâte de voir le sabre de Cavalier Imago au propre.

Cordialement
Thierry

Proposé à 980€ sur Natura. beau marquage lame et fourreau complet.:
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Bonjour,

De passage dans la galerie des batailles de Versailles j'ai eu l'occasion de m'attarder sur quelques détails souvent peu ou pas visibles sur les représentations de ces tableaux au petit format que l'on retrouve dans les livres ou sur internet.
Voici par exemple un sabre dit de compagnie d'élite, à tête de lion et poignée cannelée (voir la planche plus haut) représenté au côté du Grenadier blessé gisant aux pieds du cheval du Général Bonaparte lors de la bataille de Rivoli (1797).
Bien entendu, cela ne nous apporte rien sur l'utilisation historique de ces sabres zoomorphes, le tableau  de Félix Philippoteaux date 1844, mais c'est un clin d’œil intéressant je trouve. D'ailleurs le peintre reste dans le parfaitement plausible tant dans la période (le Directoire) que dans le personnage le portant (compagnie d'élite que sont les Grenadiers).





Cordialement.

Philipoteau était un peintre remarquable et ce tableau est un de mes préférés dans le genre. Très réaliste et une source de documentation précise.
Je ne suis pas spécialiste en uniforme, mais je ne vois rien qui me choque.

Bonjour,

Source de documentation précise je ne sais pas, ces tableaux ne sont pas contemporains non plus, ce sont des reconstructions postérieures même si elles sont bien documentées visiblement.

Ce qui est marrant c'est de voir les sabres zoomorphes dits de compagnie d'Elite utilisés tout simplement par un Grenadier du Directoire en Italie (en lieu et place du Briquet réglementaire). Mise en situation bien plus convaincante et plausible que le mythe qui s'est créé ensuite autour de ces sabres comme avec Jean Lhoste qui en faisait une arme typique d'énigmatiques "Compagnies d’Élites" spécifiquement chargées de faire la chasse aux chouans...

C'est d'ailleurs la seule représentation artistique que je connaisse de sabres briquet à tête léonine.

Cordialement.

OK, le mot "précise" prête à cońfusion. Je voulais  parler de la représentation des objets. Quant au risque d'anachronisme, je dirai qu'il était présent dans l'esprit du peintre ; la preuve, ce briquet.