Képi de musicien de fanfare français

Bonjour à tous,

Je suis l'heureux propriétaire, depuis près de 22 ans, de ce képi que vous verrez en photos à la fin de mon texte explicatif.

Son histoire n'est pas banale, car il s’agit en fait d'une pièce familiale longtemps oubliée, qui dormait paisiblement dans un grenier depuis plus de six décennies et attendrait qu'on le réveille. Ce qui fut donc fait lors de l'été 1994.

Ce képi avait été la propriété de mon grand-père maternel qui, au début des années 20, avait, alors qu'il était encore adolescent, rejoint la fanfare municipale de son petit village alsacien du Kochersberg, une région sympathiquement vallonnée de ce département du Bas-Rhin qui avait donc retrouvé le chemin de la mère-patrie française après 1918.

Bref, mon grand-père avait décidé de jouer du trombone et allait joyeusement pouvoir le faire avec la fanfare municipale. La tenue des musiciens de ce petit village agricole se composait alors d'un pantalon blanc et d'un veste noire, le tout dans une livrée parfaitement civile et sans attribut particulier. J'ai des photos qui le démontrent.

Toutefois, une belle pièce "d'uniforme" allait chapeauter - c'est le cas de le dire - le tout, au travers d'un képi d'inspiration militaire française. Car il s'agissait bien de montrer urbi et orbi qu'on était à nouveau Français, et quoi de plus représentatif pour ce faire qu'un beau képi !

Musicien "de base", mon aïeul porta alors fièrement ce képi fourni neuf vers 1925 et qui a un turban et un bandeau en drap uni de couleur bleu marine, avec une lyre métallique dorée bien visible à l'avant, maintenant par deux pattes recourbées dans le corps rigidifié cylindrique du képi, de taille 57. Des boutons avec une lyre enserrent la fausse jugulaire de couleur dorée, elle aussi.

Ce couvre-chef de musicien est galonné en sous-officier supérieur avec du fil or comprenant une soutache rouge en chevrons, tout à fait classique.

Mon grand-père a fait partie de la fanfare du village jusqu'en 1935, année de son mariage avec la...fille du chef de la fanfare, qui portait quant à lui un magnifique képi du même acabit mais avec du galonnage de...colonel, excusez du peu (photos à l'appui, là aussi)! Malheureusement, ce dernier képi n'a pas traversé le temps et nul ne sait ce qu'il est devenu.

Mon grand-père, agriculteur dur à la peine, est décédé en 1977, six ans après son épouse. Le temps est passé. Tempus fugit...

On m'a un jour parlé de l'existence d'un képi, vu sur des clichés jaunis. Je me suis attelé à sa recherche et , avec l'aide et le bon vouloir de mon oncle, nous l'avons finalement retrouvé, négligemment posé dans un coin des combles, sur un coffre, certainement pas pris en main depuis bien des années. Il était bien entendu tout poussiéreux, mais néanmoins bien vaillant et toujours là !

Mais ce n'est pas tout.

Lorsque je prends donc possession en 1994 de ce képi, dans le but d'en assurer la conservation, il est finalement en bien triste état (je n'ai fait aucun cliché au moment de sa prise en compte, c'est dommage).

Le mites ont partiellement mangé le drap du fond du képi, qui présente quelques "claire-voies" d'aération malvenues sur sa partie haute.
La jugulaire est de couleur vert-de-gris et est complètement écornée.
Le galonnage est en fort mauvais état et deux des 4 soutaches ont été arrachées au fil du temps.
La visière du képi est totalement mate et ridée par plus de six décennies passées sur le dessus d'une malle, sous les combles de cette maison d'habitation du corps de ferme. Il n'était donc même pas dans une malle et, si des rongeurs s'y étaient attaqué, il n'aurait jamais atterri entre mes mains... Les chats ont donc dû aidé à sa...préservation sous cet angle-là aussi!
Le képi est bosselé et à perdu sa forme normale.

L'ayant ramené chez moi, je me suis dit qu'il ne pouvait tout simplement pas rester dans cet état là.

Je l'ai donc de suite remis en forme par contrainte mécanique (mais je n'y suis que partiellement arrivé), bien nettoyé, dépoussiéré, j'ai fait briller sa visière avec du produit adapté, j'ai nettoyé au Miror les boutons de jugulaire et la lyre en métal, puis je me suis attelé tout seul à faire un peu de couture en soirée, avec du galonnage neuf identique et de la fausse jugulaire dorée achetée au centimètre dans un magasin d'effets et d'équipements militaires à Strasbourg.

Le travail de couture n'est certes pas parfait (surtout à l'intérieur, j'ai essayé de faire de mon mieux tout seul, j'avais alors 23 ans à peine et peu de moyens), mais l'ensemble est ainsi rendu à nouveau propre et présentable.

Depuis lors, il est régulièrement sorti et aéré. Mes fils ont dorénavant la joie de le regarder et de l'essayer aussi, de temps à autre. Je peux leur raconter à eux aussi sa "petite histoire".

Je me dis que de la sorte, ce képi, fort d'une histoire familiale certaine, est dorénavant bien préservé, dans la durée. Dans neuf ans, il aura 100 ans...

Il n'a somme toute pas trop vilaine allure et j'ai voulu vous le présenter.

Si quelqu'un a une idée du type de modèle du képi employé (pas de mention de fabricant à l'intérieur) ou d'autres indications utiles à me fournir, je suis preneur d'informations.

Voilà, je vous présente maintenant mon képi familial au travers des quelques clichés qui suivent.

Thomas

Bonjour,

c'est une très belle histoire; le képi est superbe, notamment cette couleur bleue, se rapprochant, on dirait, du bleu-roi.
Un bien beau souvenir de famille à conserver précieusement.

Poddichini.

Bonjour,
beau képi, belle restauration et belle histoire!
Il n'est pas d'un modèle bien défini, c'est plutôt un mix de képi polo pour l'allure générale et de képi rigide apparu en 1918.
Le reste de la tenue est-il encore là?
Cordialement,
CG

poddichini a écrit:

Bonjour,

c'est une très belle histoire; le képi est superbe, notamment cette couleur bleue, se rapprochant, on dirait, du bleu-roi.
Un bien beau souvenir de famille à conserver précieusement.

Poddichini.

Merci beaucoup à toi.
Je ferai en sorte de lui faire traverser le temps avant de le confier à... quelqu'un des miens qui pourra en faire autant.

Crevette a écrit:

Bonjour,
beau képi, belle restauration et belle histoire!
Il n'est pas d'un modèle bien défini, c'est plutôt un mix de képi polo pour l'allure générale et de képi rigide apparu en 1918.
Le reste de la tenue est-il encore là?
Cordialement,
CG

Merci Crevette.
Comme noté dans mon texte, il n'y a pas de tenue en  tant que tel : c'est un pantalon blanc (ou beige très clair) et une veste noire (ou bleu foncé), le tout de facture civile sans soutaches ni attributs. Le képi est le seul dénominateur commun réel des musiciens de cette fanfare. Certains portent la cravate, les anciens une lavallière...

Voici donc en complément (je les ai cherchées) les photos prises au début des années 30 et montrant ce képi "en situation" avant son stockage durant des décennies.

Mon grand-père est le jeune homme marchant avec son trombone et son képi sur la tête, première rangée au milieu après le chef de la clique (premier cliché).

Son beau-père, moustachu (mort en février 1940 et ayant donc échappé - bien heureusement - à l'annexion de fait par l'Allemagne lors de l'été suivant), est assis sur la seconde photo et porte un képi de colonel.

Notez qu'il y a pas mal "d'officiers" dans cette fanfare : une vrai pépinière de cadres, non? Sourire...

L'arrière du képi est 30% plus haut que l'avant et cela se voit bien sur les soutaches, petites vers l'avant et hautes à l'arrière.

Je ne pense pas que les képis "d'officier" aient comporté un nœud hongrois comme ceux, réglementaires, de l'armée.

Quelqu'un en aurait un similaire parmi vous???

Thomas

Très classe comme tenue!

Merci bien!
Oui il est bien sympa ce képi de musicien du "Kochersberg" et ses plus de 90 ans dans la famille...