Bonjour,
Présentation d'une dernière venue, la médaille du Groupe Athos, ce groupe faisait partie de la résistance belge.
Cette médaille est assez voire très rare à trouver, celle-ci porte le numéro 139, elle est accompagnée de sa boite (que je n'ai pas photographiée).
Un peu de lecture sur le groupe Athos:
Les exploits qu'on va raconter mettent en lumière un groupe de résistants dénommé '' Athos ''
Le groupe '' Athos '' est rattaché au service '' Zéro ''. Ses fondateurs, le parachutiste Jean Cornez, qui sera fusillé pendant l'hiver 1942, Fernand Cannoot, responsable de l'ensemble, Edouard Cuvelier, René Mampuys, qui a eu des responsabilités dans le 2ème Bureau de l'état-major belge, et André Moyen, qui est le chef du groupe d'intervention de ''Athos '' auraient tout aussi bien pu l'inscrire à l'inventaire de la Résistance armée ou de sabotage. En fait, ils se sont camouflés dans les services de surveillance des fraudes en matière de ravitaillement, qui dépendait administrativement du Ministère de l'Agriculture et d'une coopération mise sur pied en marge de cette administration, et non sans quelques infiltrations discutables au bénéfices de la collaboration.
Fernand Cannoot ( Athos ) et André Moyen ( Capitaine Freddy ) sont dans la Résistance belge des hommes pas comme les autres. Manipulant facilement pistolets et carabines, disposant de véhicules portant les plaques du Ministère de l'Agriculture, ils rendront à un certain nombre d'autres mouvements de signalés services, assumant des missions de sécurité, mettant fin aux agissements de quelques mauvais citoyens et de traîtres infiltrés par les polices d'occupation, s'étant rendus coupables de coups de main sur les centres de timbres de ravitaillement ou même sur les coffres-forts de certains bureaux de poste.
Les deux récits qu'on relatera ici ne sont certainement pas les exploits les plus importants ni de Athos, ni du Capitaine Freddy. En revanche, ils sont peut-être parmi ceux qui expriment le mieux une certaine forme de refus de l'occupation et une volonté de participer à la libération de la patrie.
Au carrefour de Menuchenet, près de Bouillon, l'armée allemande a installé très rapidement un important centre de radio-communications. A cinq kilomètres à la ronde, tout ce qui approche du carrefour a été vidé. Plus de fermes, plus d'exploitation agricoles, plus d'habitations. Menuchenet, est un élément du dispositif de protection de la Ruhr et du sud de l'Allemagne contre les raids de bombardiers alliés qui se font de plus en plus destructeurs.
En 1943, Menuchenet est exactement sur le trajet des bombardiers qui se dirigent vers leurs objectifs militaires dans le sud du Reich. A soixante kilomètres de là, une sous-station installée à Sart-Saint-Laurent avise Menuchenet de l'approche des escadres aériennes britanniques ou américaines. Aussitôt tout l'appareil de défense anti-aérienne ou de camouflage est alerté.
Le chef du secteur Athos pour la région est l'instituteur Norbert Mohy, dont le nom de guerre est Noël.
Noël est un surprenant observateur. Sa formation pédagogique l'a amené à être dans ses rapports concis, précis et détaillé. Or, il a réussi à faire engager une équipe de travailleurs aux alentours de la station de télécommunications. Ainsi Athos est-il en possession d'un plan détaillé de Menuchenet et de son appareillage. En avril 1943 parvient à Freddy un rapport de Noël indiquant une découverte prometteuse.
Les tuyaux d'évacuation d'eau de la base ont été ainsi conçu et disposés qu'il n'est pas impossible à un homme de s'y glisser. Tout aussitôt des mesure d'entraînement sont prises. On concentre des explosifs dans les environs. Marcel-Hubert Grégoire, qui fut dans le sud-est du pays un résistant auquel justice n'a pas été rendue, remplit son side-car de T.N.T et passe tranquillement un contrôle allemand pour l'apporter à Noël.
Il faut savoir que les hommes d'Athos ont mis de leur côté beaucoup de « chances ». Avec l'aide du contremaître de l'imprimerie Duculot à Gembloux, ils ont constitué un jeu de faux papiers que l'oeil pourtant averti des policiers n'arrive pas à déceler. Même les documents imprimés sur un fond spécial, très difficile à imiter, sortent à la perfection des mains d'Armand Houard, ce contremaître bossu et héroïque. Des ports d'armes, des permis de circulation de nuit, des feuilles de timbres de ravitaillement résistent ainsi à tous les contrôles. Mais Athos ne s'en est pas contenté. Il a créé -- lisez bien ceci et vous découvrirez l'une des plus énormes audaces de ce groupe de résistance --, il a créé une « Speziale Polizei » auprès du Commandement militaire du pays occupé! Cette police spéciale, munie de documents abondamment cachetés pouvant accorde une autonomie d'action à peu près complète et l'autorisation d'être armé, cette police, tout simplement, n'existe pas. Mais dans l'enchevêtrement des services d'occupation et des autorités de toutes sortes qui rivalisent et donc les compétences se chevauchent, jamais, semble-t-il, un membre d'une autre police ou un membre de l'armée n'a conçu le moindre doute quant à l'existence de la « Speziale Polizei », dont les agents n'étaient autres que les hommes du commando du Capitaine Freddy.
C'est à ses hommes -là évidemment, que l'opération de Menuchenet va être confiée. On leur remet, outre le T.N.T., deux crayon à retardement susceptibles de mettre le feu à tout ce qui les entoure. Ces crayons, un agent du réseau « Boucle », les a remis à Freddy. Ce dernier se rend régulièrement dans l'imprimerie de la rue du Houblon à Bruxelles où s'impriment chaque jour un certain nombre de périodiques à la solde de l'occupant. Un autre brillant résistant, Jardini, adjoint du chef du réseau Boucle, l'y accueille et assure de précieuses liaisons. C'est ainsi qu'en ce mois d'avril 1943, un des hommes d'Athos s'introduit dans les tuyaux d'évacuation d'eau de la base ennemie de Menuchenet. Il débouche sans difficulté au cœur même de la base en ayant passé sous tous les postes de contrôle. Il n'a plus qu'à soulever une taque qui ferme la chambre de visite des tuyaux amenant l'eau. A sa droite se trouvent les tableaux de contrôles de l'appareillage de télécomunication. A sa gauche, la cabine à haute tension de la base. Le T.N.T. de Marcel-Hubert Grégoire, les crayons incendiaires à retardement de Jardini sont déposés à l'endroit le plus indiqué qu'aucune imagination de résistant eût pu rêver. L'explosion a lieu.
La base est hors d'usage pendant un délai que les autorités d'occupation n'ont pu raccourcir, étant donné l'urgence, qu'en amenant de Charleville une génératrice de secours. Mais le coup était à ce point impensable et la responsabilité des préposés à la sécurité de Menuchenet se trouvait à ce point engagée que l'affaire fut étouffée. Il n'y a pas eu de représailles. Très probablement même, le rapport sur « l'accident » n'a pas dû dépasser une autorité relativement proche et subalterne.
Par contre un rapport sur le même sujet, modeste, précis et concis, émanant de Noël et rédigé de sa plus belle écriture sera déposé à « l'Imagerie de Notre Dame » à Bertrix, où se trouve la boîte aux lettres de Athos acheminant le courrier vers les responsables du groupement et vers les services de Londres, où l'on n'y croira d'ailleurs qu'à moitié.
Car à ondres on est sceptique. On doute souvent, plus souvent qu'il ne faudrait, de la capacité de la Résistance à réussir des opérations aussi efficaces.
Le deuxième récit qui trouve sa place ici baigne dans le même scepticisme. Nous sommes en novembre 1943 et à Beauvechain. Située à proximité de Wavre, de Louvain et de Jodoigne, Beauvechain est une importante base aérienne d'où décollent des Messerschmitt 110. Ces anciens chasseurs bombardiers ne sont plus opérationnels. Ils ont été équipés en avions de surveillance. Pendant la période où ils avaient été opérationnels, Athos avait d'ailleurs réussi à faire engager quelques-uns de ses hommes dans les équipes d'entretien de la base, en sorte que Londres recevait régulièrement des rapports sur l'état des appareils lors de leur retour des opérations sur la Grande-Bretagne, et sur leur capacité de reprendre le chemin de l'île assiégée.
En 1943, apparaissent à Beauvechain des appareils qu'Athos connaît. Il s'agit de radars de vol destinés à équiper certains M.110. Ces radars portent le nom de code de Salzburg. Ils ont été inventés par un ingénieur chèque anti-nazi qui travaille dans les usines Philips d'Aix-la-Chapelle et avec lequel Athos a certains contacts. Rapports et documents sont préparés à l'intention de Londres. Ils vont partir par la voie habituelle, c'est à dire qu'ils seront envoyés vers un appartement secret de la Place Meyser à Bruxelles où le service Zéro rassemble des documents destinés à ce que l'on appelle l'Intelligence Service.
Après un tri auquel participe René Mampuys, les rapports filmés et dépelliculés sont emportés vers les Pyrénées. Les plus imortants sont éventuellement résumés par un message codé que l'un des « pianistes » de Zéro en Belgique ou en France transmet en priorité à l'état-major allié.
Londres ne perd pas un moment pour inviter Zéro et Athos à s'occuper de choses sérieuses et à ne pas se laisser offrir des informations qui ne peuvent qu'être le fruit d'une campagne d'intoxication du contre-espionnage ennemi. Pour les spécialistes alliés, ce genre de radar n'est pas pensable.
Le capitaine Freddy et ses hommes ne sont pas du genre à se laisser facilement décourager. On reprend l'enquête à son point de départ.
Les Messerschmitt et leur radar deviennent un objectif prioritaire. Au sein de cette priorité le commandant de la base de Bauvechain est lui aussi une priorité. Que Londres jusqu'ici ignore. C'est un personnage de roman policier, buveur, coureur de filles. Il est exactement cette caricature de l'adversaire facile à manipuler et à intoxiquer, auquel les auteurs de romans policiers recourent pour sortir des impasses et des suspenses que leur imagination à échafaudés. Notre homme est de plus un Allemand des sudètes qui n'est pas du tout nazi. En échange de pas mal de facilités qui lui sont apportées, il devient un agent du commando du Capitaine Freddy. Cette fois les précisions transmises à Londres ne permettent plus de doute. Elles ont été vérifiées par deux agents particulièrement qualifiés. 'un, René Hofmann est un technicien d'aérodrome L'autre, M. Jacquet, sera, après la guerre, l'un des responsables de l'aéroport national de Zaventem-Bruxelles.
L'intervention de ces techniciens et la précision du deuxième rapport qui parvient à Londres vaut cette fois à Zéro, à Athos et au commando de Freddy de chaleureuses félicitations et une invitation très insistante à faire parvenir à l'état-major de la R.A.F. de nouveaux rapports sur les radars « Salzburg ».
On a été piqué au vif chez Athos par le scepticisme des premières réponses de Londres. Aussi propose-t-on tout simplement de voler l'un des Messerschmitt équipé de son radar. Miracle, Londres que ce Salburg inquiète fort, ne dit plus non. Au contraire, on annonce le parachutage et l'arrivée de deux experts de la R.A.F. La ligne d'évacuation « Comète » sera associée à l'opération. Athos et Comète ont deux brillants agents de liaison. L'un est Ernest Marchal surnommé « Signal » parce qu'il a réalisé le faux numéro de la revue de propagande allemande du même nom. L'autre est d'ailleurs le principal artisan du « Faux Soir » Marc Aubrion. Athos a été équipé par leurs soins de ces nouveaux appareils S. Phone qui permettent une véritable conversation entre le sol et un avion. Ainsi, un beau matin de décembre 1943, sont parachutés à Piétrebais dans le Brabant wallon un Canadien et un Néo-Zélandais qui ont accepté la mission de faire décoller le Messerschmitt attendu à Londres.
Il y a une difficulté. Quand on dit qu'il y en a une, on ferait mieux de dire qu'il y en a beaucoup. Mais celle-ci est sérieuse. Les moteurs de cet appareils doivent « chauffer » pendant près d'une heure avant qu'on puisse le faire décoller. Et il n'est pas facile de faire chauffer un moteur sans que cela s'entende! Qu'à cela ne tienne. Le commandant de Beauvechain, qui sent venir la fin de la guerre et dont l'anti-nazisme s'exaspère, ne refuse pas de disposer, une certaine nuit, autour de l'un des Messerschmitt qui aura été « mis à chauffer », un groupe de ses hommes prêts à ne pas s'opposer au coup de main préparé.
Cette nuit de décembre 1943, les hommes de Freddy et les deux parachutés se glissent sous la barrière de sécurité qui entoure la base de Beauvechain. Un passage a été aménagé dans le fossé. Mais c'est pour se trouver nez à nez avec une sentinelle bien décidé à faire son devoir et qui n'appartient pas, elle, au groupe de candidats traîtres que le Sudète a promis de disposer pour cette nuit-là sur le terrain. La sentinelle est tout aussitôt abattue par un des hommes de freddy. Nécessité fait loi!
L'appareil, lui est prêt. Bien sûr, il devra décoller sans éclairage. Au dernier moment les deux parachutés, traumatisés apparemment par le fait qu'il a fallu abattre une sentinelle et parce qu'il y a une évidente allergie entre la mentalité d'un officier et celle d'un résistant, refusent de décoller clandestinement, déclarant que le risque est trop grand. Il faut abandonner l'opération. C'est, très normalement, aux pilotes que la décision appartenait.
Athos, qui n'est pas sans ressources, saura se retourner dans les semaines suivantes vers l'inventeur Tchèque pour se procurer finalement l'un des radars secrets, grand comme une boîte à cigares, qui parviendra, un peu plus tardivement, en Grande-Bretagne.
La ligne d'évacuation Comète reprendra en charge le Néo-Zélandais et le Canadien qui, grâce à elle, se retrouveront en Angleterre.
Les hommes du Capitaine Freddy ont emmené le corps de la sentinelle qui aura été la seule victime de cette opération dont on pouvait attendre une éclatante réussite.
Comme tant d'autres actions de la résistance, celle-ci aura été au dernier moment victime d'un de ces accidents humains qui changent la face des événements. Mais comme ni l'officier sudète ni ses complices n'avaient le moindre désir d'ébruiter leur complicité avec des « Terroristen », le soldat qui avait sacrifié la vie à son devoir fut réputé déserteur. Il resta introuvable pour d'évidentes raisons
Mais il n'y eut ni prise d'otages ni représailles.
Sources:
"Histoire de Résistants" par W. Ugeux, page 145 et suivantes, paru aux Editions Duculot, 1979.
http://www.freebelgians.be/news/news.php
Cdlt,
Stef