Entrer dans le Corps des administrateurs des Services civils de l'Indochine

Bonjour,

voici ma rentrée du jour, un échange de courrier tout à fait intéressant, datant de 1909 correspondance entre l'élève-administrateur des Services civils de l'Indochine Jean Cailar, et le gouverneur de Cochinchine Jules Maurice Gourbeil, que je me propose d'expliquer ci-dessous.



Les deux documents en question doivent être replacés dans leur contexte.
L'Indochine est française officiellement en 1887 avec l'instauration de l'Union indochinoise, qui vient réunir cinq territoires : l'Annam, le Tonkin, la Cochinchine, le Cambodge et le Laos (plus tardivement). Chaque territoire est administré de façon indépendante, soit sous la forme de protectorats, pour quatre d'entre eux, soit sous forme de colonie, dans le cas de la Cochinchine. La colonisation de la future Indochine française débute précisément avec la campagne de Cochinchine, en 1858, sous la direction de plusieurs amiraux comme Charles Rigault de Genouilly, François Page, Léonard Charner. Saïgon est assiégée en 1859, et le traité de Saïgon est signé en 1862. La colonie française de Cochinchine est officiellement établie en 1864. S'en suit l'expédition du Tonkin entre 1883 et 1885, et la prise de possession des trois derniers territoires nommés ci-avant.

Après la prise de possession de la nouvelle Indochine française, et après une première gestion qui est le fait de la Marine, il faut créer une véritable structure administrative pour ce vaste territoire très peuplé. Une première tentative d'administration est amenée par Auguste Pavie. En 1885, il décide de faire venir à Paris quelques khmers, treize au total, pour les former à la gestion de leur territoire, le Cambodge. Auguste Pavie était à ce moment-là agent des télégraphies dans la future Indochine. De cette première idée naquit une idée plus importante de former des Français pour l'administration de tous les territoires colonisés. L’École coloniale est née (1887). En son sein, une section indochinoise est fondée, pour former les élèves du futur corps des administrateurs des Services civils en Indochine. Cette section indochinoise apparaît en 1899. Ce corps d'administrateurs, indispensable à la gestion d'un vaste territoire, est en fait calqué, plus ou moins, sur le système administratif qui est en place dans le Raj britannique : l'Indian Civil Service, corps administratif fondé en 1858.

Les deux documents s'inscrivent donc dans les premières années de fonctionnement des Services civils, puisque datés de 1909.

Jean Marie Maxime CAILAR est passé par l’École coloniale, entre 1906 et 1908, a suivi les cours de l’École coloniale, école de formation des futurs administrateurs coloniaux, administrateurs des Services civils de l'Indochine, administrateurs à Madagascar, et magistrats coloniaux. On trouve première trace de Jean Cailar dans les archives  de 1906. En effet, en 1906, l'arrêté du ministre des Colonies du 12 juillet 1906 informe de l'admission de Jean Cailar à l'École coloniale, dans la section des carrières indochinoises. Il a donc réussi le concours d'entrée de 1906.

Mais cette école, à ce moment-là, les années 1900, n'avait pas encore le monopole de la formation des administrateurs coloniaux, elle ne l'obtient qu'en 1912. De plus, on peut préciser que Cailar compte parmi la moitié des élèves-administrateurs des Services civils de l'Indochine formés à « Colo », le surnom donné à l’École coloniale. En effet, jusqu'en 1942, seul 50% des administrateurs des Services civils de l'Indochine ont été formés par Colo. Il fait donc partie d'une génération d'élèves qui, souvent par vocation, s'ouvrent aux colonies, et se forment dans les meilleures écoles parisiennes.

La section indochinoise de Colo, celle qui ouvre à une carrière dans le Corps des Administrateurs des Services civils de l'Indochine et les Douanes et Régies, dispose de la même formation que les autres sections : africaine, malgache. Des cours généraux sont dispensés, dans ce beau bâtiment de l'avenue de l'Observatoire, dont l'entrée est d'inspiration mauresque, où dans le hall les élèves passent devant les bustes des grands anciens de Colo, mais aussi devant des stèles qui, plus tard dans le temps, rappelleront le sacrifice des anciens élèves morts aux Colonies ou pendant la Grande Guerre.
Les élèves de la section indochinoise sont donc formés au Régime économique et la colonisation française, au Régime économique et colonisation étrangère, à l'Organisation administrative des colonies françaises, l'Organisation administrative des colonies étrangères, l'étude des méthodes coloniales françaises et étrangères, la Législation financière et la comptabilité, la Rédaction administrative, l'Histoire de la colonisation étrangère, une Géographie sommaire des colonies françaises et étrangères, une Ethnographie générale, les Sciences naturelles appliquées, les Éléments de météorologie  et exercices pratiques, l'Agriculture et l'élevage, les Travaux publics, l'Hygiène et les notions médicales, la Littérature et les arts coloniaux, la Psychologie et la morale appliquées à la colonisation, les Sciences juridiques et économiques, les Langues européennes, et enfin l'Escrime et l'équitation. A ces cours s'ajoutent, spécifiquement pour la section indochinoise, la Géographie détaillée de l'Indochine, l'Ethnographie détaillée et le Droit coutumier de l'Indochine, l'Histoire indigène de l'Indochine et de la Chine, la Législation et l'administration de l'Indochine, la Langue annamite, et la Langue cambodgienne.

Une fois la réussite aux examens de Colo obtenue, les élèves de la section indochinoise avaient le choix entre les Services civils ou bien les Douanes et Régies. Jean Cailar a choisi la voie des Services civils.
Arrivé sur place, sûrement au cours de l'année 1908, il suit une année de stage, au titre d'élève-administrateur. A l'issue des 12 mois, les stagiaires devaient passer des examens : connaissance des langues du protectorat ou la colonie dans laquelle le stagiaire servait, examen sur les coutumes et les mœurs des populations locales. S'ajoute à ces examens une lettre envoyée à Paris des supérieurs hiérarchiques du stagiaire rapportant le comportement du stagiaire pendant les 12 mois écoulés. La réussite à ces examens faisait débuter l'administrateur au bas de l'échelle : administrateur adjoint de 3ème classe à 5ème classe, au début du XXème siècle.  Dans le cas précis du courrier de Jean Cailar, on apprend qu'il fait partie de la première promotion qui devait subir ces examens de fin d'année de stage.
Cette décision fut prise par le Gouverneur général de l'Indochine française, Antony Klobukowski, le gendre de Paul Bert, par arrêté du 7 octobre 1908, apprend-t-on dans le présent document. Mais, Jean Cailar adresse le courrier au gouverneur de Cochinchine, Jules Maurice Gourbeil, pour préciser que deux mois avant la fin de son année de stage, les modalités et épreuves des examens ne sont pas encore définies et connues par les élèves-administrateurs. Jean Cailar s'inquiète donc de ne pas avoir suffisamment de temps pour apprendre les matières qui ne lui sont pas encore communiquées. Jean Cailar s'était entretenu personnellement avec le Gouverneur général, auparavant, par le biais d'une rencontre, sûrement une tournée du Gouverneur général dans la province de Gia-Dinh, où est en poste Jean Cailar, dans la commune de Thudaumot (Phú Cường). Le gouverneur général est peut-être venu en inspection, auprès des troupes installés dans les casernes de la ville. Il s'est sûrement rendu à l'Inspection, bâtiment administratif à deux étages, de style européen, avec de grandes ouvertures ouvrant sur un cadre lumineux, fait de jardins et de palmiers.
L'élève-administrateur Jean Cailar termine son courrier en expliquant qu'il a continué, pendant son année de stage, à travailler la langue annamite et les caractères chinois, après les avoir apprises à Colo.

Quelques jours plus tard, le cabinet du lieutenant-gouverneur de Cochinchine, donne une réponse à Jean Cailar au sujet de l'examen de fin d'année. La réponse est directement venue du Gouverneur général Klobukowski, qui annule, pour l'année 1909 les examens de fin d'année des élèves-administrateurs des Services civils, pour la Cochinchine, voire l'ensemble de la Fédération.

Jean Cailar devient donc, après nomination par le gouverneur général, administrateur de 5ème classe des Services civils de l'Indochine, poste occupé par tous les élèves-administrateurs ayant satisfait aux examens, ou au travail effectué pendant leur stage (de la 3ème à la 5ème classe). Cette nomination fut prise par décret du 14 mars 1910, par proposition du ministre des Colonies, et parue dans le Bulletin officiel du Ministère des Colonies. 
Il resta en poste dans la province de Gia-Dinh en la qualité d'adjoint de l'Inspecteur de la 1ère région. Il continua en devenant administrateur de la province de Gia-Dinh, puis quitta les Services civils pour devenir avocat en Cochinchine puis à la cour d'appel d'Indochine. Il obtint la Légion d'honneur, au grade de chevalier, et la Croix de Guerre 1914-1918.

Voilà donc un témoignage intéressant du quotidien et des moments de vie des administrateurs des Services civils de l'Indochine, au début du XXème siècle.

Poddichini.

bonjour,

de beaux documents, d'un corps bien méconnu; comme diraient certains :"c'était le bon temps"

collectionnement

Bonsoir,

un corps connu pour ceux qui s'y intéressent et travaillent à son sujet. Merci pour votre message miliww.


Poddichini.

Bonsoir,

Quelques précisions concernant Jules Maurice GOURBEIL. Né le 25 avril 1867, ce fut un administrateur colonial qui a occupé plusieurs postes dans différents territoires de l'Empire. Il a dû passer par Colo avant d'intégrer le ministère des Colonies, comme quelques bons classés de promo qui, ne choisissant pas une carrière dans la brousse africaine ou dans la perle de l'Empire, cette dernière très souvent choisie d'ailleurs, plus que l'AOF et l'AEF ou Madagascar, mais plutôt une carrière dans les bureaux de la rue Oudinot, en tout cas au début. Voici le détail de sa carrière avec les éléments en ma possession.

 Il occupa le poste de sous-chef de bureau au ministère des Colonies, et commissaire de la Guyane pour la durée de l'exposition universelle de 1900.
Puis, par arrêté du ministre des Colonies du 5 octobre 1905, notre homme, alors chef de bureau de 1ère classe au ministère des Colonies, est inscrit sur la liste d'avancement au poste de sous-directeur. Le 9 octobre, il est placé hors-cadre pour une période de trois ans, et nommé gouverneur de 2ème classe des Colonies, auprès du Gouvernement général de l'Indochine (à sa tête : Antony Klobukowski).

Puis, par décret du 18 février 1908, il est nommé lieutenant-gouverneur du Sénégal, avec le statut  de gouverneur de 2ème classe, à la suite de Joost van Vollenhoven, et de M. Guy. Il reste à ce poste jusqu'en 1909, avant d'être affecté en Cochinchine entre 1909 et 1916, succédant à Louis Alphonse Bonhoure, décédé. Il avait, à ce moment là, le titre de gouverneur de 1ère classe de Cochinchine. Un long mandat donc, coupé en deux temps : du 16 juin 1909 à janvier 1914; de juillet 1914 au 26 avril 1916. 
En janvier 1912, le ministère des Colonies le promeut au grade d'officier de la Légion d'honneur (il avait été élevé au grade de chevalier par décision du 10 août 1887, alors qu'il occupait le poste de commis à l'administration centrale des Colonies).
En mars 1914, il se marie avec Armande-Isabelle-Félicité Gunbert.

Puis, un décret du 13 mai 1917 le nomme gouverneur de Guadeloupe, en remplacement d'Émile Merwart.

On le retrouve une dernière fois en Martinique de 1920 à 1921 à la tête du Gouvernement, succédant à Camille Guy.
Il apparaît qu'il devint à la fin de sa carrière, gouverneur honoraire de l'AOF (son nom apparaît sur plusieurs bulletins de sociétés coloniales au cours de l'année 1925).

Poddichini

bonsoir

quand même, à la lecture du texte ,il n'avait pas froid aux yeux, l'élève administrateur Cailar, surtout à l'époque!

collectionnement

Comme on le voit à la lecture du texte, il avait déjà rencontré le gouverneur-général Klobukowski. On peut donc imaginer qu'il a dû lui en toucher deux mots avant de rédiger ce courrier officiel.

Poddichini

Bonjour,

je ne pouvais laisser la biographie de cet administrateur des Services civils de l'Indochine, Jean CAILAR, aussi incomplète. Après quelques recherches, voici de nouveaux éléments :

Jean Marie Maxime Cailar est né le 16 avril 1883, à Paris, dans le 16ème arrondissement. Il est le fils d'une famille Albessard.
Il est bien passé par l'Ecole coloniale entre 1906 et 1908, et entre officiellement dans le corps des administrateurs des Services civils de l'Indochine le 5 décembre 1908, en la qualité d'élève-administrateur. L'arrêté de nomination date du 20 novembre 1908 (Bulletin officiel du Ministère des colonies).
Comme expliqué auparavant, il devient administrateur de 5eme classe des Services civils de l'Indochine en 1910. Puis, en 1912, par arrêté du ministre des Colonies du 15 avril, il obtient sa mise en disponibilité pour une durée de deux ans, afin de se préparer à devenir avocat-défenseur au barreau de Saigon.
En 1914, deux moments : d'abord il obtient, par décret du 17 avril, rendu sur la proposition du ministre des Colonies, une prolongation de sa disponibilité pour une année supplémentaire, à compter du 1er avril 1914. Puis, la guerre arrive et il est mobilisé dans le 23ème RIC. Son matricule porte la date 1906 d'une bureau de recrutement de la Seine, 2ème Bureau (pour Paris).
Il meurt le 5 février 1915 à Massiges, avec le grade de sous-lieutenant. Aucune précision n'est donnée concernant les circonstances de sa mort.

Saigon s'est souvenu de cet ancien administrateur des Services civils, et, par décision du Conseil municipal, a rebaptisé la rue de l'Immigration en rue Cailar le 26 avril 1920. Cette rue joint l'ancien quai de l'Yser, à proximité de la rivière de Saigon, avec la rue Jean Eudel.

Voici donc ces nouveaux éléments qui permettent de compléter l'histoire de cet homme, mort pour la France pendant la Première Guerre mondiale.

Poddichini.

Hello

Merci du partage l'ami....

De rien Phil, merci pour votre message. Il ne me reste plus qu'à mettre un visage sur ce nom. Je continue mes recherches.

Poddichini.

Salut Poddi,
j'étais passé à coté de ce post......Bravo!
Tu connais mon "goût" pour ce corps et pour les Colonies en général.
Merci de faire resurgir du temps passé cet homme...
A peine arrivé sur le front dans l'Argonne, JM Cailar est mort jours plus tard d'une balle dans la tête dans les tranchées au nord de Massiges.
Cdt

Bonsoir Medaille71,

merci bien pour votre commentaire. Content de vous faire découvrir ces documents sur une thématique que vous connaissez bien en effet.

Je vais continuer mes recherches notamment dans les archives des Services civils de l'Indochine, pour tenter d'en savoir plus sur ses actions lors de ses affectations dans la province de Gia-Dinh.

Amicalement,

Poddichini.

j'ai edité mon post pour y ajouter des infos quant aux circonstance de sa mort...

Merci pour ces précisions, que je n'avais pas pu trouver (ou alors j'ai mal cherché).

on nous dit qu'il est promu administrateur de 5e classe le 01/01/1910 et qu'il prend la direction par interim, suite à l'absence de son chef appelé à d'autres obligations, de la province de Giadinh; Sa gestion lui valu les félicitations officielles du gouverneur Géneral de la Cochinchine.

Quel(s) document(s) avez-vous consulté ?

Je suis passé à côté d'autres documents, nominations, félicitations du gouverneur, là où j'ai acheté ces deux documents.

le Ss-lieutenant de réserve LANO  de la reserve d'artillerie du corps colonial , lui aussi admin civil de l'Indo raconte: "il est tombé en faisant une reconnaissance de barbelé devant une tranchée boche; Le clairon Urson et moi l'avons ramener dans nos lignes. Il est mort en brave d'une balle en pleine tête. Je l'ai fait inhumer dans le cimetière de Massiges; Ma demie-batterie et sa compagnie rendaient les honneurs"

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k62507756/f14.image.r=Cailar

Merci beaucoup !

Gallica est une source inépuisable.....tu devrais y trouver d'autre infos sur ce personnage et les autres...
Amicalement.

Oui, Gallica est un outil fantastique.

Bonsoir,
merci pour ce très intéressant partage !
Cordialement.

De rien Purjus, c'est un plaisir.

Poddichini

Il apparaît également que notre administrateur des Services civils de l'Indochine était également membre du Comité Saigon, en Cochinchine, de la Croix Rouge Française. Il est nommé en tant que membre pour l'année 1914. Ce comité de Saigon fut créé en 1911.

Bonsoir,

Les biographies du gouverneur Gourbeil, et de l'administrateur des Services civils de l'Indochine Cailar, viennent d'être mises à jour dans les messages précédents.

Poddichini

Bonjour,

afin d'être plus complet au sujet de l'administration coloniale en Indochine, je souhaitais rajouter que ce Corps des Administrateurs des Services civils n'était pas le seul à administrer l'ensemble de la Fédération, forte de 23 millions d'habitants en 1939 et mesurant près de 742000 km².

En effet, au-delà des postes, provinces, qui correspondaient au postes et cercles en Afrique, il existait en Indochine cinq territoires qui n'étaient pas administrés directement par la puissance civile mais par la puissance militaire. Ces cinq territoires avaient en commun d'être situés à proximité de la frontière avec la Chine, au nord de l'Indochine donc, et étaient administrés par des Officiers. Ainsi, c'est au Tonkin et au Laos que ces territoires militaires ont existé : Lai Chau, Ha Giang, Cao Bang et Moncay au Tonkin; Phong Saly au Laos.

Un colonel avait la tête de chaque territoire militaire, qu'il tenait avec une garnison. Mais, on peut noter la présence, tout de même, d'administrateurs des Services civils dans ces territoires, qui n'avaient pas l'autorité suprême, mais qui étaient nommés pour seconder les officiers supérieurs dans leurs missions assez nombreuses, et dans les districts (appelés cercles) de chaque territoire. Ces administrateurs des Services civils pouvaient donc diriger un territoire, comme le pouvaient aussi des capitaines, voire des lieutenants, toujours sous l'autorité du colonel, chef du terrtioire militaire.
Ces administrateurs, qu'ils soient militaires ou civils, étaient rattachés au commandement du Résident supérieur, du Tonkin ou du Laos.
On peut noter aussi le fait que, parfois, ces administrateurs des Services civils, nommés comme adjoint et administrateurs de districts dans les territoires militaires, étaient eux-mêmes des officiers de réserve, ce qui facilitait assez grandement le contact et l'entente avec l'autorité militaire compétente.

Ces administrateurs des Services civils en poste dans les Territoires militaires du Tonkin ou du Laos jouaient un rôle non négligeable. En effet, le colonel ne pouvait gérer à lui seul un territoire soumis aux passages de contrebandiers, et aux incursions chinoises. Ainsi, les officiers ne pouvaient pas gérer tout le reste, c'est-à-dire les tâches purement administratives et la Justice. C'était donc l'administrateur des Services civils qui avait, très souvent, les tâches suivantes à assurer : gestion administrative du territoire militaire et correspondance avec la Résidence, gestion et présidence du Tribunal d'appel pour les affaires indigènes, mission de juge de paix, trésorier-payeur. Cela faisait donc beaucoup de tâches, dont la plus prenante était surement la Justice. Pour cela, quelques administrateurs étaient secondés par des Indochinois, appelés tuan phu, (c'est-à-dire chef de corps mandarinal). Enfin, les déplacements, notamment dans les chefs-lieux de résidence, se faisaient sous l'escorte des gardes indochinois.

Voilà donc ces précisions sur ces territoires méconnus. Vous trouverez, dans le lien suivant, une carte fort bien détaillée, de ces cinq Territoires militaires indochinois :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b530277840  

Source : Jean CLAUZEL : La France d'Outre-mer (1930-1960) : témoignages d'administrateurs et de magistrats; Khartala; 2003.

Deux cartes de l'Indochine, dans les premiers temps de l'administration du territoire indochinois, pour terminer l'ensemble. Une carte issue de l'Atlas colonial MAGER, de 1890; une seconde carte issue d'une planche de cartes des colonies françaises de la toute fin du XIXème siècle.



Poddichini.