Congé du régiment de Neustrie

Bonjour,
ce congé absolu de 1790 est délivré au régiment de Neustrie alors à Strasbourg, à Wilbrotte Granville ; c'est l'occasion de se pencher un peu sur ce document et cette unité de l'infanterie royale.



On lit que le dénommé Granville  était appelé "Granville Carabine". Il était affecté à la compagnie de chasseurs commandé par le capitaine Paviot.  

Chaque régiment d’infanterie (celui des Gardes- Françaises et le Régiment du Roi exceptés), est composé de deux Bataillons.
Le premier de quatre compagnies de fusiliers et d’une de Grenadiers ; le second de quatre compagnies de fusiliers et d’une de Chasseurs.
La compagnie de grenadiers est composée sur le pied de paix, d’un capitaine commandant, d’un capitaine en second, d’un lieutenant en premier, d’un lieutenant en second, de deux sous-lieutenants, d’un sergent-major, un fourrier, quatre sergents, huit caporaux, huit appointés, soixante-quatorze grenadiers et deux tambours, soit un total de cent quatre hommes.

La composition de la compagnie de chasseurs est la même, mais l’Ordonnance y ajoute six carabiniers ce qui la porte à cent dix.

Granville devait dont être un des six carabiniers du régiment, ce qui laisse supposer qu'il devait être fin tireur.

Le congé est signé de Laville, Monsieur de Laville était capitaine en second de la compagnie de chasseurs à cette époque (source : Etats militaires pour 1789)
La signature  à l'emplacement du commandant du régiment est celle de Monsieur de Pesseplane qui en fait n'en était que le major, le colonel étant le vicomte d'Osmond (Marie Joseph Eustache) qui devait avoir mieux à faire ce jour là que de signer le congé d'un simple soldat...
Neustrie Infanterie avait été créé en avril 1776 à partir des 1er et 3ème bataillons du régiment de Normandie, ce n'était donc pas un vieux corps.
Ce congé est daté du 7 novembre 1790, soit presque à la fin de l'existence de Neustrie Infanterie, puisqu'au 1er janvier 1791 il sera renommé 10ème régiment d'infanterie de ligne qui lui même disparaitra en 1794, incorporé aux 19ème et 20ème demi-brigades de bataille.

Le document comporte un très beau sceau du régiment ayant conservé les fleurs de lys, souvent effacées

Bonjour,

Superbe document, dans un bel état de conservation.

Poddichini

Merci !
Je me posais la question de l'armement des carabiniers de ces régiments : avaient-il un fusil 1777 comme les autres ou bien leur fournissait-on d'une carabine rayée ?

Bonjour;

quel beau document!
Merci du partage.

Pourrais tu faire un gros plan de la description de son physique?
Amitiés. JC

Pour la description il est marqué :
"agé de 28 ans, de la taille de cinq pieds deux pouces ( environ 1,67 m) Le visage rond plein, marqué de quelques grains de petite vérole, la bouche grande la lèvre supérieure avancée, le nez large du bout, le front plat, les cheveux et sourcils bruns, les yeux roux=Lequel a servi audit régiment en qualité de brave et honnête homme depuis le sept novembre mil sept cent quatre vingt deux, jusqu'à ce jour et n'a contracté aucun acte de mariage venu à nos connaissances__________"

Bonsoir,

Beau document !
L'effacement des fleurs de lys n'a souvent lieu qu'après la fuite de Varennes il me semble.
Là nous sommes à un moment où la Monarchie (bientôt constitutionnelle) est encore un régime bien en place, légitime et accepté.
Mais peut-être veux-tu qu'on les effaçait à postériori sur le document ? Je ne me souvient pas avoir vu ça.

Amicalement.

CAVE CANEM a écrit:

Merci !
Je me posais la question de l'armement des carabiniers de ces régiments : avaient-il un fusil 1777 comme les autres ou bien leur fournissait-on d'une carabine rayée ?

Bonjour,
existait-il seulement une carabine rayée pour ce type d'utilisation à cette époque?
Je ne connais rien de bien règlementaire avant les carabines rayées de Versailles.

Et l'appellation Neustrie a-t'elle un rapport avec cette ancienne région qui englobait largement la Normandie?
Cordialement,
CG

Merci CAVE CANEM pour ce détail du document.

Amitiés. JC

Bonsoir,
Bardin indique que ces hommes étaient armés de la carabine depuis 1788 et qu'elle a été supprimée en 1792, mais sans précision d'un modèle


Tout au plus on pourrait penser qu'il s'agisse du même type d'arme que celle des des carabiniers de l'infanterie légère, si c'est le cas elles sont inspirées de celles employées par les hollandais et construitent à Liège.



Si l'homme titulaire du congé avait pour surnom "carabine" cela laisse bien supposer que cet armement peu courant frappait les esprits au sein du régiment.

Pour Neustrie, oui, c'est bien la région qui englobait la Normandie au sens large, jusque vers les Hauts de France comme on dit maintenant.
Il correspondait grosso-modo à l'ancien royaume Franc de Syagirus dont la capitale était Soisson.

D'accord.
Pour la carabine je ne vois vraiment pas quel modèle pouvait être utilisé...

Bonjour,
sans aucunes connaissances particulières sur le sujet, merci pour la présentation de cet intéressant document.

Il semble que les carabines aient été utilisées aussi bien avant dans l'infanterie : voici un extrait du règlement du 1er décembre 1709 donné par le Marquis de Broglie, inspecteur de l'infanterie dans le Dauphiné, pour la préparation des bataillons " destinés à servir à la frontière du Piémont"



Comme quoi, d'un simple congé... Mais toujours pas d'idée précise sur la carabine utilisée !

Bonjour;
très intéressantes recherches.

Une question: qu'est ce qu'un Appointé ?

Merci. JC

Ancien terme militaire signifiant un soldat qui avait la haute paye, ou qui conservait la paye, quoique dispensé du service. (source : dictionnaire Littré)
De nos jours on dirait un soldat de 1ère classe

Merci encore.

Amitiés. JC