petite histoire d'une "médaille en chocolat"

Bonjour,

Canicule oblige, me voilà coincé devant mon écran d’ordi, toutes affaires extérieures cessantes. Il est vrai qu’il fait un peu « meilleur » qu’hier, à peine 39° à l’ombre contre 41  ou 42 les jours précédents. C’est le cas de le dire, on n’est pas frais ! Dire qu’il y en a qui traversent tout le pays pour venir au soleil…..Eh bé !
Profitons donc de cette « opportunité » pour narrer une belle histoire, celle d’une médaille en chocolat.
Matin de chine frileux (c’est pas vrai, c’était le printemps mais j’emploie des mots qui font froid dans le cadre de la lutte contre la canicule- recommandation officielle !).  Un beau (très beau village) du Luberon. Les marchands s’installent en prenant tout leur temps (on est dans le Sud). J’ai déjà deux ou trois tours de piste au compteur. J’avise sur un étal, une petite douille sculptée de 37mm. Histoire de « flamber le canon » et d’influencer favorablement les dieux de la trouvaille, j’achète cette bricole.
Devant ce signe fort et avant même d’avoir eu le temps de poser la question rituelle, la dame m’annonce «  si vous aimez les choses militaires, on a aussi une médaille de Napoléon mais elle est à la maison. »
Mon oreille se dresse même si, comme nous le savons tous, cette référence à Napoléon est une chose quasi systématique dans la bouche du public lambda, dès qu’il s’agit d’un bout quelconque de militaria un peu vieux qui n’affiche pas clairement son époque. Gentille ignorance bien compréhensible et puis ce couple est tellement  plein de gentillesse et de simplicité  qu’il serait malvenu de leur faire la moindre peine en ayant l’air simplement dubitatif!
La brave dame regarde son mari, genre «  tu pourrais peut-être…. » Lui, dans un élan spontané : «  Ah non ! je ne vais pas y retourner maintenant ! ».
La dame (décidément pétrie de bonnes intentions). « Essayez de repasser dans la matinée »….Merci Madame, Monsieur…..A tout à l’heure alors !
Plusieurs tours de VG plus tard, me voici de nouveau devant leur étal. Le monsieur me reconnait et, un brin agacé, m’informe qu’il est bien allé chez lui mais qu’il n’a rien trouvé. Fin de non recevoir on ne peut plus claire ! Je vais pour tourner les talons lorsque son épouse (merveilleuse personne), prend le relais  pour lui expliquer gentiment qu’il na pas du chercher au bon endroit et que l’objet se trouve à tel endroit dans le garage. Il suffit d’y retourner….. Petit moment de solitude pour tout le monde. La situation semblant un peu bloquée, je hasarde une suggestion.
Si vous voulez, je peux vous emmener  jusque là…. et vous ramener bien sûr. Le brave monsieur me gratifie d’un regard pas tout à fait noir mais gris foncé, foncé….Si vous voulez !
Nous voilà donc partis, lui et moi. En chemin, il se détend complètement et m’apprend  sur le ton de la confidence que des médailles, ils en avaient toute une boite mais qu’il les a jetées parce qu’il s’était piqué un jour en les manipulant !!!
Je l’ai attendu sagement dans ma voiture quelques minutes avant de le voir ressortir de son garage avec cette belle médaille de St Hélène accompagnée de son diplôme.
Inutile de préciser que je les ai chaleureusement remerciés pour leur extrême patience.







Cette belle médaille a retrouvé une place d’honneur (dans mon bureau)

Compte tenu de l’extrême fatigue du cadre d’origine, le diplôme avec sa médaille a été réencadré avec des éléments anciens en récupérant le verre d’origine. Seule la Marie- louise vert Empire est moderne.
Notre vétéran s’appelle Barthélémy FAYET. Il est né le 6 Octobre 1785 à Lourmarin (Vaucluse). Il résidait à Cabrières d’Aigues (arrondissement d’Apt) – Vaucluse.
Il était soldat au 57ème de Ligne et a servi pendant la période du 9 Octobre 1806 au 8 Octobre 1808

Le diplôme porte le n° 294601. Il est signé du Grand Chancelier de la Légion d’Honneur : Général Anne Charles LEBRUN, Duc de Plaisances qui a exercé à ce poste du 24/03/1853 au 20/07/1859


Pour mémoire

La médaille de Ste Hélène
Elle a été créée sous le second Empire (12 Août 1857). Elle est considérée comme la première médaille commémorative française.
Elle est destinée à récompenser les 405000(*) soldats encore vivants en 1857, qui ont combattu aux côtés de Napoléon 1er , pendant les guerres de 1792 à 1815.
Elle est en bronze et comporte sur l’avers, le profil de Napoléon 1er et sur l’envers est gravée la formule :                        
Campagne de 1792 à 1815
A ses compagnons de gloire, sa dernière pensée
Ste Hélène 5 mai 1821

(*) Le nombre exact des récipiendaires n’est pas connu, on l’estime entre 350 et 400 milles
Très cordialement

Bonjour AUBRAC,

très beaux cadre, diplôme et médaille. Merci beaucoup pour sa présentation et les explications sur leur contexte de trouvaille et l'identité de l'homme ayant obtenu cette décoration.

Amicalement.

Bonjour,

Belles histoire & trouvaille!

Qu’est-ce qui te fait dire qu’il etait dans ce regiment de 1806 a 1808? Curieux que servant en 1808, il n’ait pas servi jusqu’a 1814. Blesse en 1808?

Un membre de ma famille, branche bretonne, ayant servi dans la marine imperiale, s’est vu attribue cette decoration. Helas, rien n’est arrive jusqu’aucun de nous de ses souvenirs (a l’exception d’une superbe longue vue marine marquee « Night and Day - London, 1777 » qui n’a pas du lui couter bien cher...).

Cordialement,

Jean-Daniel

salut ...et ...elle est pas en chocolat du tout cette médaille du coup

Bonjour,
très belle trouvaille.....et merci pour l'histoire
Amicalement.

Bonsoir Aubrac, et bonsoir à tous


Félicitations pour ta persévérance, qui a été dûment récompensée !

Bonjour Aubrac,

Belle médaille avec son diplôme, le tout bien mis en valeur!

Heureusement que Madame a insisté!

Cordialement, Bruno.

Bonjour

Merci à vous tous pour vos sympathiques retours.

Pour Lemataf, ces dates de service et les autres renseignements indiqués ci dessus, je les trouvés sur un site concernant la médaille de Ste Hélène où j'ai eu la chance de retrouver ce soldat qui y était répertorié . J'ai même une référence aux archives départementales du Vaucluse où je peux peut-être en savoir plus; notamment sur le pourquoi d'un service de deux ans pour cet homme. Il est même possible avec de la chance, de retrouver des renseignements d'état civil en allant gratter dans les archives municipales de son village natal. C'est du grain à moudre devant moi.
Pour ton aieul, je comprends que ce soit frustrant que rien (médaille ou diplôme) ne te soit parvenu. En revanche, cette longue vue anglaise récupérée que tu évoques ouvre des belles perspectives à l'imagination sur les circonstances de sa trouvaille. Pas de doute, c'est bien du patrimoine familial. Peut-être auras- tu la bonne idée de nous en faire une petite présentation.

Pour Yankee

Comme tu le sais certainement déjà, cette médaille a été surnommée "médaille en chocolat" de façon ironique à cause de la couleur particulière du bronze dont elle est faite.

Très cordialement

Bonjour Aubrac.

Belle histoire et bien narrée. Mais attention:

Citation :

J’avise sur un étal, une petite douille sculptée de 37mm. Histoire de « flamber le canon » et d’influencer favorablement les dieux de la trouvaille, j’achète cette bricole.

Tu viens de rentrer dans la catégorie des outlaw

Sol.

M'enfin, ce n'était qu'un travail de poilu  avec de jolies fleurs sculptées dessus.

Bonjour,

Belle trouvaille !

Voici ce que je peux retracer de l’histoire de cet homme par les registres matricules :

Jean Barthelemy Fayet, cultivateur fils de Daniel et Marie Mathieu.
Né le 31 octobre 1785 à Lourmarin, canton de Cadones (mauvaise compréhension de celui qui recopia le nom ?), département du Vaucluse.
Taille d’1,59m, visage rond, front ordinaire, yeux roux, nez petit, bouche moyenne, menton court, cheveux et sourcils châtains.
Conscrit de l’an 1806, n°38, arrivé au corps le 15 novembre 1806.
Intégré à la 7e compagnie du 3e bataillon, puis 4e compagnie du 2e bataillon le 21 novembre 1806 avant de réintégrer la 7e compagnie du 3e bataillon le 22 septembre 1807.
A fait la campagne du 21 novembre 1806 au 21 septembre 1807 inclus. Sachant que ce régiment a fait la campagne dans la Grande Armée.
Réformé le 21 novembre 1807.




Amicalement.

Bonsoir Fabien

Evidemment, un très grand merci pour m'avoir précédé et mené à bien ces recherches dont je vais m'empresser d'inscrire les résultats sur la fiche de cet objet. Voilà la parfaite l'illustration de l'intérêt qu'il peut y avoir dans notre goût pour l'histoire. Tirer un fil et voir apparaitre les informations qui ont le pouvoir de donner vie à un simple nom, et par là même de susciter l'émotion sans laquelle aucune passion ne se justifie. Il est évident, qu'en ce qui me concerne, étant l'immédiat voisin géographique des très beaux villages de Lourmarin et Cabrières d'aigues, la résonance émotionnelle est d'autant plus vive. Il me reste je pense, à essayer d'en savoir plus dans les archives municipales. Merci encore. Amicalement.

Bonsoir,

De rien.
J'ai un aïeul qui a eu cette médaille et j'aurai aussi aimé pouvoir faire ces mêmes recherches pour lui... Mais il était hélas dans une unité atypique dont les registres matricules n'ont semblent-ils pas été conservés.
J'ai aussi eu un grand oncle qui avait été pris par le conscription peu de temps avant ce Fayet. Il avait combattu en Italie et en Autriche (Wagram notamment). Mais pas de médaille pour lui car il n'est jamais rentré de Russie...

Amicalement.

Cathelineau a écrit:

Bonsoir,

De rien.  
J'ai un aïeul qui a eu cette médaille et j'aurai aussi aimé pouvoir faire ces mêmes recherches pour lui... Mais il était hélas dans une unité atypique dont les registres matricules n'ont semblent-ils pas été conservés.
J'ai aussi eu un grand oncle qui avait été pris par le conscription peu de temps avant ce Fayet. Il avait combattu en Italie et en Autriche (Wagram notamment). Mais pas de médaille pour lui car il n'est jamais rentré de Russie...

Amicalement.

Bonsoir

J'ai aussi commencé des recherches pour savoir qui de mes ancêtres ont fait parti de la grande armée, ils viennent tous d'un petit village des Cévennes. Le plus marrant dans l'histoire c'est que mon père et mon grand m'ont toujours parlé d'une famille X qui étaient les cancres du village, ils séchaient tous les cours. He bien j ai retrouvé les ancêtres de la famille X dans la grande armée, ils sont marqués déserteurs ! Comme quoi les chiens ne font pas des chats comme on dit chez nous

Bonne soirée à tous