"La Bouteille est bien arrivée" - Radio Londres - 10

Une jour ou deux après leur retour, un message laconique passait sur les ondes de la BBC : " La bouteille est arrivée ". Pour un certain nombre de Résistants français, penchés sur leurs radios cachées, le message était un remontant de  moral de premier ordre. Cela signifiait que deux aviateurs canadiens, pour lesquels ils avaient risqué leur vie, avait fait pu, en toute sécurité,  retourner en Angleterre.

Il n’y aura pas de fête pour Charles Heyworth. Au moment où il quitte la France , il est gravement malade, souffrant d’une pneumonie ou peut-être d'une péritonite. À son arrivée,  il est transporté  directement à l'hôpital de Chichester. Sa femme, enceinte de neuf mois, parcourt 250 miles pour le voir. Leur enfant a huit jours. Charles tenant celui-ci dans ses bras dit  " Il est adorable. Dites-lui que je l'aime et je suis fier de lui " (Le texte original est ambigüe. Mais il semble qu’il s’agisse d’une fille. Je choisi, dans le doute, le terme « d’enfant ». Merci de corriger en conséquence.) Charles Heyworth meurt dix jours après son retour en Angleterre. Son meilleur ami, Dick Malins, qui avait passé la guerre comme prisonnier de guerre, ne connaissait pas le sort de son copain. À sa libération, il rencontre la veuve de Charles - Ils se sont mariés deux mois plus tard.

Murray Forman serait à jamais reconnaissante "de l'aide et du courage énorme de la part de nombreux membres de la Résistance française". Au cours des années suivante, il fut très active dans la Royal Air Force Escaping Society, un organisme qui accueillait  les membres de la Résistance et leurs familles au Canada, une façon de dire «Merci» !.

Mais l'histoire ne s'arrête pas là. J'ai reçu le 15 novembre 2019, le récit fait sur le voyage de retour des Charentes en Angleterre. Le temps de le dépouiller. Enfin, et pour conclure, ce qu'il advint de John Murray Forman après son retour au Canada.


Le 15 novembre 1943, Murray Forman s'est échappé de France.

Habituellement, la RAF ne récupère pas par avion les équipages d’aéronefs en provenance de France.

Le Special Operations 161 Squadron était concentré sur le soutien du maquis. Cependant, Crome, Paulin, Hunter et Kanakos qui étaient avec Forman à Giat étaient également quatre des aviateurs du 161 e Escadron. Ils faisaient partie de l’équipage du DK119 qui s’était écrasé en juillet alors qu’il larguait des provisions pour la Résistance.

Ces équipages opéraient dans le plus strict secret et le Special Operations Executive avaient à cœur de les protéger des mains de l’ennemi. Par coïncidence, il y avait maintenant deux autres aviateurs à Giat qui avaient besoin d’une évacuation: les blessures de Forman rendaient les déplacements difficiles, et le jeune Heyworth avait développé une pneumonie. Il est probable que Forman et Heyworth n’auraient pas pu s’échapper s’ils n’avaient pas communiqué avec l’équipage du DK119.

Le 14 octobre, Forman, Heyworth, Paulin, Hunter et Kanakos ont quitté le groupe Giat. Une voiture (Pierre Virlogeux avec sa Traction 15) les a conduits à Clermont-Ferrand, à 50 kilomètres à l'est et juste au sud de Riom, où ils ont reçu des vêtements civils plus appropriés. Crome, le pilote du DK119, était parti deux jours plus tôt pour aider la Résistance à inspecter un atterrissage à Lysander près de Toulouse.

À Clermont-Ferrand, le groupe de cinq personnes a pris le train avec Marianne, un homme et une femme. Ils ont parcouru plus de 200 km, passant par Riom et Gannat, vers le nord, vers l’est de Vichy, vers le nord-ouest de Montluçon et vers le sud-ouest de Limoges.

Le train était presque arrivé à https://www.google.fr/maps/place/Angoulême/@45.6458756,0.11002,13z/data=!3m1!4b1!4m5!3m4!1s0x47fe2d85032bc499:0x405d39260eec0f0!8m2!3d45.648377!4d0.1562369, en Charente; mais ils devaient d'abord traverser la «ligne de démarcation». À la fin de 1943, il n'y avait aucune différence entre la zone occupée et la zone libre de France: les Allemands occupaient toute la France. Cependant, il y avait toujours un officier allemand et un soldat à la ligne, inspectant la carte d'identité de chacun.

La carte de Murray spécifiait qu’il était sourd et muet, il n’aurait donc pas à parler, mais l’officier voudrait une explication sur le problème lié au manque de données de sa carte en 1942. Marianne a dit quelque chose à l'officier et, bien qu'il ait semblé insatisfait, il est parti.

Marianne est descendue du train à la gare d'Angoulême. Elle a signalé avec un seul gant dans sa main gauche. Lapeyre-Mensignac s'est approché et après un échange de mots de passe, les aviateurs ont été remis à la Résistance locale. Malheureusement, l’automobile prévue pour transporter les aviateurs ne s’est pas présentée.

Tard dans la matinée, Lapeyre-Mensignac a rencontré un confrère au poste de police avec un véhicule et l'a convaincu d'aider. La police locale a généralement soutenu la Résistance. Le camarade a donc décidé que le trajet de 25 km n'était pas trop dangereux. À 14 heures, ils étaient tous assis autour de la table très prisée de Charles Franc (nommé Code, Pointu) dans son domaine de Ronfleville, près de Malaville, au centre du pays du cognac.