Mon exposition temporaire "le Maréchal Joffre aux etats unis"

Bonjour à tous

L'année dernière, j'ai mis en en place de l'exposition  temporaire " Marechal Joffre aux Etats Unis" qui se trouvait dans la maison natale du Maréchal Joffre à Rivesaltes (66).

L'exposition se composait d'une exposition photo (80-85 photos inédites) au rez de chaussée et d'une exposition des pièces américains au premier étage à quelques mètres de la chambre où le Maréchal est né.....



Voici un lien

https://fr.wikipedia.org/wiki/Maison_natale_du_mar%C3%A9chal_Joffre

Un peu d'histoire pour commencer

Voici le petit exposé réalisé par un descendant du Marechal Joffre et co organisateur de l'exposition[/b]

Contexte historique en 1917

L’Europe est entrée dans sa troisième année de guerre.
A l’est, la décomposition de l’armée russe et la révolution bolchevique rendent probable l’arrêt des hostilités sur ce front ce qui permettra à l’Allemagne de porter tout son effort sur le front français.
Les pertes humaines ont été énormes et la crise des effectifs s’annonce.
La supériorité numérique allemande devrait l’emporter.

Pour ce faire, le 31 janvier 1917 l’Allemagne décide d’étendre aux nations neutres la guerre sous-marine en violation flagrante avec la liberté des mers dont les USA étaient de farouches défenseurs.
Les exportations américaine vers l’Europe sont interrompues ce qui provoque l’engorgement des ports et le marasme dans les plaines du Middle West qui ne peuvent plus exporter leurs céréales.
Le président américain, Woodrow Wilson, quoique élu sur une programme de non intervention change d’avis surtout après la publication du télégramme Zimmerman qui fait basculer l’opinion publique en faveur de la guerre.

Le 6 avril 1917 les Etats-Unis déclarent la guerre à l’Allemagne.

L’armée américaine en 1917

Depuis la guerre d’indépendance et en raison d’une politique de non intervention, les USA ne possèdent qu’une petite armée de volontaires d’environ 100 000 hommes sans compter la garde nationale peu instruite. Pas de troupe, ni de cadres de réserve, aucun matériel moderne en fabrication ni en projet.

Un atout : la marine américaines est la 3ème du monde derrière la Royal Navy et la marine allemande.

Pour le reste tout est à créer. Grace au dynamisme et à l’efficacité du peuple américain en septembre 1918, 2 millions d’Américains seront en France dont 800 000 en première ligne.

Ils sont surnommés affectueusement Sammies en référence à l’Oncle Sam ou Doughboys appellation qui vient des boutons des vareuses en forme de beignet (doughnut) pendant la guerre de sécession.

Pour lors, une question cruciale se pose au gouvernement américain : comment recruter, organiser et commander son armée ?


Le but de la mission Viviani-Joffre

Les nations alliées, la Grande Bretagne et la France sont exsangues et chacune lorgne sur l’immense potentiel humain que représente les Américains afin de les incorporer dans leurs rangs.
Les anglais partent les premiers :

Dès le 11 avril 1917, le ministre des affaires étrangères, Lord Balfour, quitte Londres et arrive à Washington le 22 avril suivant. Le président Wilson le reçoit à diner le 30 avril.
Il s’adresse à la chambre des représentants le 5 mai puis au Sénat le 8 mai.
C’est un partisan de l’amalgame qui consiste à incorporer les Américains par petit groupe aux forces combattantes dans ce cas les britanniques.
Un argument majeur la communauté de langue.
Les effectifs sous commandement britannique ainsi augmentés, il pourrait demander à ce que le Royaume Uni dirige la coalition.

Les français suivent de près :
Le 15 avril 1917 la délégation française conduite par René Viviani, vice-président du conseil, garde des sceaux et ancien ministre des affaires étrangères quitte la France, renforcée par le lustre historique du marquis de Chambrun descendant de Lafayette avec le maréchal Joffre comme conseiller militaire.
Son but est d’obtenir l’incorporation des Américains dans le contingent français selon les souhaits de l’état-major et du président du conseil Ribot avec les mêmes modalités que les anglais.

Joffre avant son départ en Amérique.

Fin décembre 1916, Joffre a été écarté de la conduite effective de la guerre et remplacé par le général Nivelle qui prépare une grande offensive pour le printemps.
Nommé conseiller militaire du gouvernement, promu Maréchal de France, il jouit en Amérique d’une immense popularité.
C’est donc naturellement que le président du conseil Ribot qui a chargé son vice-président Viviani d’une mission en Amérique demande à Joffre de « »
L’ordre de mission est « de déterminer sans retard et dans leur grandes lignes, les directives de la coopération des forces américaines avec les armées alliées». La formule est vague et Joffre l’interprétera comme une carte blanche.

Encore très au fait des affaires de l’Entente, des difficultés à prévoir, à court et moyen terme, habitué à prendre seul des responsabilités et des initiatives au plus haut niveau, en forçant parfois l’accord du gouvernement, il se trouve être l’homme de la situation.

De plus le gouvernement n’est pas fâché de l’éloigner alors que la discutée offensive Nivelle va être lancée.

Il connait les Etats Unis pour les avoir déjà traversée. A la fin de son affectation à Hanoi, il demande, le 21 mai 1888, un congé sans solde qui lui permet de visiter, sur le chemin du retour, la Chine, le Japon et surtout l’Amérique du nord. Ce sera son premier tour du monde. Contrairement à beaucoup d’européens de cette époque, la mentalité du peuple américain qu’il a côtoyé pendant plusieurs semaines ne lui est pas inconnue.

La traversée : 15 avril 1917 – 24 avril 1917

Dès sa désignation le 1er avril 1917, il s’est renseigné en réunissant un maximum d’informations sur la situation notamment les dernières études officieuses faites entre le major Logan, chef de la mission américaine à Paris et l’état-major.
Il est entouré de 7 militaires des différentes armes et spécialités aptes à répondre aux questions précises que pourront demander les Américains.
Ce sont : le colonel Rémond de l’artillerie, le Lieutenant-colonel Fabry son chef d’état-major, le commandant Réquin du bureau des théâtres d’opération extérieures au GQG, du commandant Tulasne et du lieutenant de La Grande aviateur, du médecin major Dreyfus du val de grâce et du lieutenant de Tessan de l’état-major de la 1ère armée.
Le 15 avril 1917, il embarque avec la mission française sur le croiseur auxiliaire Lorraine II.

Pendant les 9 jours de la traversée, avec son petit état-major, il met au point un plan très différent des désirs de l’état-major français et ne retient pas la solution de l’amalgame.
Sa connaissance de la mentalité américaine lui fait écrire :

« Jamais un grand peuple ayant conscience de sa dignité et l’Amérique moins qu’un autre, ne pourra admettre qu’on incorporât ses citoyens, en parents pauvres, dans les rangs d’une autre armée que la leur, sous un drapeau étranger ».

Arrivé le 24 avril suivant aux USA, à bord du My Flower, yacht du président américain il remonte le Potomac jusqu’à Washington

Chronologie
(D’après les grands jours de France en Amérique)



15 avril 1917 : départ de la mission
24 avril 1917 : arrivée Hampton Road. Mouillage face fort Monroe
25 avril 1917 : réception inoubliable. Washington
26 avril 1917 : visite à la Maison Blanche
27 avril 1917 : négociations. Viviani. Joffre à l’école militaire - Le soir ambassade de France
28 avril 1917 : vote de la conscription
29 avril 1917 : pèlerinage à Mount Vernon. A la maison de George Washington
30 avril 1917 : entrevue Wilson – Viviani
1er mai 1917 : la mission française au Sénat
2 mai 1917 : le maréchal Joffre chez le Président Wilson
3 mai 1917 : à la chambre des Représentants
4 mai 1917 : la conquête de Chicago. Meeting à l’auditorium
5 mai 1917 : Chicago. L’université. Les Peaux-Rouges
6 mai 1917 : au cœur du Middle West : Kansas City. Saint Louis, ville de France
7 mai 1917 : Saint Louis. Sur la tombe de Lincoln. Springfield
8 mai 1917 : Indianapolis et Colombus
9 mai 1917 : Philadelphie. Arrivée à New York. Au City Hall
10 mai 1917 : manifestations populaires, Brooklyn, Université de Columbia. Gala de l’opéra
11 mai 1917 : Revue des cadets de West Point. Joffre membre honoraire des Cincinnati. Banquet à l’Astoria
12 mai 1917 : Boston. Harvard. Viviani devant le parlement d’Ottawa
13 mai 1917 : Le maréchal Joffre à Montréal (Canada)
14 mai 1917 : arrêt à Baltimore. Dernières conférences à Washington. Présentation de Pershing à Joffre. Départ de New York
23 mai 1917 : retour de la mission
12 juin 1917 : arrivée de Pershing en France avec son état-major

Voici les photos de la Mission qui se trouvaient au RDC

Toujours au RDC, voici les vitrines

Vitrine d'un officier et ses affaires







Nature morte d'un sammy: Le fameux Campaign hat


Nature morte d'un conducteur


Nature morte d'un seaman/ navy


Ma vitrine signal corps








Et dernière vitrine:

Au premier étage....

Une vitrine sur les uniformes US


Une salle (chambre du maréchal Joffre enfant) dédié au militaria US: Le clou du musée




Les tables vitrines: medical: Sol et le sklar, ne m'engueulez pas

L'étagère murale


Première étagère: alimentation du soldat




La seconde étagère:: Intendance




Dernière étagère: Hygiène et santé

En espérant que les photos vous ont plu..... La période américaine a passionné nos visiteurs au point de nous demander de rendre l'exposition permanente....

:biere:

Bonjour Laurent.

Toujours la même rigueur et la même qualité du matos exposé

sol.

Hello Phil

Merci à toi...

Le matos est retourné dans les malles et les cantines.... Les photos n'ont pas bougé et le Président du musée n'a pas trop envie de les retirer....

Bonjour,

Merci pour le partage de ces photos. Une impressionnante quantité de matériel, et certainement (je ne suis pas connaisseur pour ce pays sur cette période) de qualité. Y'avait-il un ou des document(s) signés de Joffre ?
Le buste final est superbe.

Cordialement

bonjour,

merci du partage, une très belle exposition avec de très belles pièces,

collectionnement

Bonjour à tous,


Jupiter, c'est épatant ! Et c'est une bonne façon de faire aimer l'Histoire à nos chères têtes blondes !

Le public a-t-il été au rendez-vous ?

Bonjour
Je ne pratique pas le ww1
Mais la j’apprécie la qualité.Un gros plus pour la partie médical peu représentée à mon gout
J'ai une question,combien de temps de préparation pour cette expo ?
Moi ma dernière à pris un an

Cordialement

archiviste a écrit:

Moi ma dernière à pris un an

     

Sur quel thème, et où ?

Je me questionne sur la date figurant sur le socle du buste, au regard des décorations portées par Joffre ?

Hello

Very nice, bravo et merci du partage, work well done....

Bonsoir

Je vous remercie pour vos appréciations et je vais vous répondre à vos questions.

L exposition m a pris 6 mois: 4 mois pour fouiller les archives numériques américaines, un mois pour tirer les photos noir et blancs avec mes étudiants en photojournalisme (le plus dur), et un mois pour la pose du matériel sur 9 vitrines du musée avec préparation des cartes et affiches explicatifs.....

C était la première fois que on faisait une exposition temporaire au Musée (qui a 35 ans).... Le public a été conquis, on a des cadets de l armée, des bus d écoliers et collégiens et les villageois ont redécouvert leur musée.... Une fierté

Le musée est composé de plusieurs pièces (vareuse, meubles, objets,......) appartenant au Maréchal

Bonjour à tous

Également j ai fait un don de ma collection iconographique sur le Marechal Joffre: Mes pièces sont exposés sur l'ancienne meuble du Général CAMP ( ami de Joffre)au musée.







Mon grand tableau ( gravure de V; MIGNOT) est accroché à coté des souvenirs de l'académie francaise ( Le maréchal était membre)




:biere:

poddichini a écrit:

Je me questionne sur la date figurant sur le socle du buste, au regard des décorations portées par Joffre ?

C est un don du Musée des armées de Paris

Merci.

marne14 a écrit:

archiviste a écrit:

Moi ma dernière à pris un an

     

Sur quel thème, et où ?

bonjour Marne 14
Pour le thème juin 44 (ww2) sur le département 50
Archiviste

Pour 6 mois de travail
La seule récompense reste le public
Encore bravo

Bonjour

archiviste a écrit:

Bonjour
Je ne pratique pas le ww1
Mais la j’apprécie la qualité.Un gros plus pour la partie médical peu représentée à mon gout

https://www.passionmilitaria.com/t151582-first-aid-station

Sol.

bonjour

ils ne manquent plus que les affaires de Joffre

cdlt

Bonjour,

très belle exposition. Je n'aime pas particulièrement Joffre mais tu as fais la un très remarquable travail.

Il y a un dession tou en longeur juste sous ce que tu as écrit :

"Une salle (chambre du maréchal Joffre enfant) dédié au militaria US: Le clou du musée"

J'aimerai savoir de qui est signé ce dessin . peut-être Charles Gervèse ?

Bonsoir

Il y a des affaires du Maréchal Joffre et il faut visiter le musée

Pour le tableau, je me souviens plus du nom de l auteur et je te dirais jeudi....Pour Joffre, si tu veux comprendre pourquoi il a fini par être dénigré, je te recommande de lire le livre Joffre et son destin du colonel Fabry ! Tu verras un atmosphère politique pourri qui ont mis les bâtons dans les roues du Maréchal

Bonjour,

Merci de ta réponse je lirai le livre. Joffre a largement aussi été responsable de la détestation dont il a été la victime. Les anciens poilus avaient beaucoup à lui en vouloir pour préconiser chaque fois que possible des charges de fantassins à la baïonnette et tenir pour secondaire l'artillerie.

Rappelons un chiffre 370.000 tués et disparus entre le 8 et le 24 août 1914. C'est le général Joseph Gallieni qui sauve la France et persuade Joffre de rassembler toutes les troupes disponibles autour de Paris pour lancer la contre offensive de la Marne, Encore Galliéni qui eut l'idée des taxis.

Rappelons ses attaques vaines et sanglantes et son successeur sera pire mais ne l'excuse en rien. ETc. Voila pourquoi pour moi il n'ai pas à la hauteur de ses médailles et n'a rien d'un Maréchal ni d'un stratège.

Bonjour Maupin

Joffre a été relevé fin 1916 car il n'avait réussi à trouver la solution permettant de mettre fin à l'impasse de la guerre de positions. je ferais d'ailleurs remarquer que ses successeurs ne l'ont pas trouvé non plus, pas mieux du côté allemand où les chefs de l'Etat-major général se sont succédés aussi. Seul la fermeture du front russe côté allemand, et l'arrivée des USA côté allié ont permis de dégager enfin des perspectives de rupture. On ne peut donc objectivement pas dire que Joffre a été écarté pour manque de compétence.

Le maréchal Joffre a fait l'objet dès les années 30 d'une campagne de dé-crédibilisation dont les effets sont encore vivaces aujourd'hui, on le voit bien.

A la fois pour des raisons politiques d'avant-guerre (la loi des 3 ans lui a valu beaucoup d'ennemis), et à la fois pour ses choix de commandement notamment en août-septembre 14.
Joffre était de l'arme du génie, une arme d'appui, ce n'était pas un stratège visionnaire et brillant comme Foch ou d'autres. Rappelons-nous en outre qu'il s'est retrouvé propulsé au poste de généralissime par hasard, au gré des circonstances et du contexte politique ( Les généraux Gallieni, Pau,.... ont tous refusé le commandement et le général Joffre l'a accepté par souci du dévenir de la France).

Il avait en revanche deux grandes qualités: l'organisation et le sens du commandement.
Pour faire court:
Je pense que, avant-guerre, il a fait un très gros effort pour redresser l'état de préparation militaire de nos forces, dans un contexte politique instable et délétère. La situation militaire de la France était ce qu'elle était en 1914, elle aurait été probablement bien pire sans sa clairvoyance et son action énergique depuis sa prise de fonctions (développement de l'artillerie lourde, des voies de chemins de fer, loi des trois ans, ...). La réussite logistique de la mobilisation (le seul grand succès militaire de l'entrée en guerre) est largement son œuvre.

Les plans de campagne préparés avant 14 étaient simplistes, la responsabilité politique en est largement la cause: refus du gouvernement d'entrer en Belgique par exemple, pour prendre une offensive allemande de court, scénario qui avait été envisagé bien avant qu'il ne se réalise.

Pendant la campagne d'août-septembre 14, il a tenu bon envers et contre tout, et sans l'appui d'un gouvernement dépassé par les évènements.

Il a pris des choix de commandement drastiques et salutaires: valorisation d'officiers maintenus dans des niveaux inférieurs à leur valeur réelle ( Foch, Castelnau, Franchey d'Esperey,...) , et limogeage d'une foule d' incompétents (relisons l'affaire des fiches du général André).

https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_des_fiches_%28France%29

Enfin, la bataille de la Marne a tenu à un fil: celui de la bascule du RAPFOR, qu'il a réussi à faire basculer par de judicieux prélèvements/renforcements en notre faveur entre Paris et Verdun alors qu'il était largement au crédit des Allemands dans le même fuseau au déclenchement de la bataille. C'est lui aussi qui a réussi à arracher l'engagement du BEF dans la bataille alors que nos amis les Anglais ne pensaient qu'à rembarquer quelques jours plus tôt.

Je pense sincèrement que son rôle est à redécouvrir, MAIS à la lumière d'éléments objectifs.

jupiter a écrit:

Il avait en revanche deux grandes qualités: l'organisation et le sens du commandement.

Il en avait au moins une troisième et une quatrième : une santé de fer, et un calme imperturbable : aux pires heures de fin août et début septembre 1914, il absorbait trois repas copieux tous les jours et dormait huit heures par nuit, ce qui lui a permis de résister à la pression ; en face et dans le même rôle, Moltke le jeune a vite été réduit à l'état de loque, puis relevé pour cause de déficience nerveuse.............