* Périscope à main mle 30 et jumelle périscopique mle 36 de l'armée française

Bonjour à tous,

Voici un sujet visant à présenter de manière exhaustive le périscope à main mle 30 et les jumelles périscopiques mle 36 de l'armée française. Très peu de documentation circule à propos de ces équipements et peu de clichés les montrent en condition d'utilisation. Voici néanmoins un extrait du Manuel du gradé d'Infanterie dans sa mise à jour de 1939, il y mentionne les deux équipements :

Pages 507 à 509

Merci à poddichini pour le lien


Document de uchronie



Périscope à main mle 30


Le modèle qui nous intéresse ici est celui fabriqué dans les années 30, et probablement jusqu'à 1940. Il est toujours bariolé avec trois tons de peinture qui varient en fonction du fabricant.



Vous l'aurez compris, ce périscope est destiné à observer l'ennemi sans être repéré ni exposé à ce dernier. Le grossissement n'est pas le plus agréable (6x24) mais fait partie des "classiques" de cette époque avec le 8x30. L'optique est graduée, ce qui suppose une utilisation au moins pour l'artillerie :



Les marquages présents sont :

- Le fabricant (présent sur le tube en général). Il en existe au moins quatre : NORMAND, HUET (ici en exemple), S.R.P.I. et un autre qui n'estampille pas ses fabrications (ou alors ce serait NORMAND ?):

- M.G. (indiquant une commande pour le Ministère de la Guerre) et le n° de série :

- La nature des graduations (en micro-grades) et le grossissement qui est de 6x(24) :


On trouve de nombreuses variantes pour ce périscope, tout d'abord au niveau du bariolage. En effet, les possibilités de motifs et de nuances sont essentiellement dues au fabricant. Ayant eu deux versions HUET en main, je n'ai pas remarqué de schéma type et donc les possibilités sont plus ou moins infinies :

Fabricant inconnu à gauche et HUET à droite.

Ensuite cela varie au niveau des étuis. Ils se déclinent soit en cuir avec deux couvercles différents (convexe ou droit) ou soit en carton recouvert de toile peinte en bleu. La dernière version est peut-être une version précoce ou une fabrication de circonstance. Une échancrure est faite dans l'étui pour faciliter la sortie du périscope :




Marquage d'un exemplaire fabriqué pendant l'occupation pour la Wehrmacht :


La fabrication a repris après-guerre, et la société la société S.R.P.I. (à Puteaux) est, à ma connaissance, la seule à l'avoir fait. Les marquages sont différents de ceux d'avant 39/40. Le marquage M.G. est toujours présent, les graduations ne sont plus mentionnées en micro-grades mais en millièmes et un n° de marché fait son apparition (ici 51 pour 1951). 1951 est pour l'instant l'année la plus ancienne pour l'après-guerre :


Marquage d'une fabrication S.R.P.I. d'après-guerre avec numéro de série classique avant l'apparition des numéros de marché :



Une petite variante existe avec le manche peint en vert (fabricant inconnu) :



J'ai aussi croisé une fabrication HUET, très certainement pour le marché civil, sans la peinture camouflée ou vert armée (peinture à l'aspect métallique) et sans mention du marquage M.G. :





Jumelle périscopique mle 36

Exemplaire des années 30 fabriqué par S.R.P.I. à Puteaux. La qualité de fabrication est relativement bonne et le poids est réduit comparé aux fabrications HUET et BBT-KRAUSS. L'étui est la rarissime version précoce en toile peinte en bleu :





Les marquages présents sont :

- Le fabricant (présent au verso d’un des oculaires, ou sur l'un des tubes). Il en existe au moins trois : HUET, S.R.P.I. et BBT-KRAUSS.
- M.G. (indiquant une commande pour le Ministère de la Guerre) et le n° de série.
- La nature des graduations (en grades ou décigrades) et le grossissement qui est de 8x24.

BBT-KRAUSS inscrit tous ses marquages au niveau des bagues de fixation des tubes :



Voici un exemplaire fabriqué pendant l'occupation pour le compte de la Wehrmacht. Le logo de la marque S.R.P.I. est le même que celui des années 50. Le marquage de graduation H/6400 permet d’identifier à coup sûr cette production spécifique :


En voici un autre fabriqué encore pendant l'occupation. La couleur d’origine était un jaune sable. Après guerre, ces fabrications seront quasiment toutes reconditionnées avec une peinture vert armée, il est donc plus rare d'en rencontrer dans la couleur d'origine.
:





Pour ce qui est de l'étui, le modèle d'avant-guerre possède deux rivets de renfort (au lieu d'un pour les étuis post 1945 et peut-être d'occupation) sur la patte de cuir qui retient le dé de la courroie de transport :



La seule photo que je connaisse qui montre l'utilisation de ces jumelles :


Elle se situerait en Allemagne dans les années 50, et les soldats observeraient la partie de l'Allemagne contrôlée par les russes.


En ce qui concerne l'estimation de ces deux types d'objets, si l'on est raisonnable, à moins de 100€ chacun, on peut tomber sur un ensemble complet et dans un état correct. C'est un peu plus que ce que j'ai déboursé pour chacun des exemplaires que j'ai acquis ; mais c'était il y 4/5 ans... Je suppose donc que la demande a sensiblement augmenté.


Références bibliographiques et autres :

-Manuel du gradé d'Infanterie, mis à jour à la date du 1er octobre 1939, Charles-Lavauzelle et Cie; Paris; pp. 507-508.
-Ministère de la Guerre - Direction de l'Infanterie : Instruction pour les unités d'engins d'accompagnement du 1er août 1930, mis à jour avec les modificatifs n°1 du 8 juin 1931, n°2 du 15 novembre 1932, n°3 du 29 novembre 1935 et n°4 du 2 novembre 1936; Charles-Lavauzelle et Cie; Paris; 1939.
- Aide-mémoire de l'officier d'infanterie en campagne - Chefs de section et commandants de compagnie, tirage de septembre 1937, Charles-Lavauzelle et Cie, Paris, 1937.
- École spéciale militaire : Cours de topographie, 2ème partie, les instruments d'observation et de topographie, 1937-1938; Imprimerie de l'école spéciale militaire ; Saint-Cyr.

- Ministère de la Guerre, État-major de l'Armée :  l'observation dans les corps de troupe et les unités subordonnées, annexe n°2 au règlement de l'infanterie, Imprimerie nationale ; Paris ; 1937, voir l'appendice n°1: tableau des principaux matériels d'observation et de topographie ; p. 74-75.
- Ministère de la Défense nationale et de la Guerre - Direction de l'Infanterie : Notice provisoire sur le canon de 25 mm S.A. Mdle. 1934, du 22 juillet 1937 ; Charles-Lavauzelle et Cie; Paris; 1940, p. 48, p. 65.
- Ministère de la Défense - État-major de l'armée de Terre Service historique : Contrôleur général des armées Pierre HOFF : Les programmes d'armement de 1919 à 1939 ; Château de Vincennes ; 1982.


N'hésitez pas à compléter le sujet en postant vos exemplaires et en corrigeant et (ou) complétant me propos.

Au plaisir,

Mathieu

Bonjour Mathieu,

Merci pour cette présentation pour le moins exhaustive et bien documentée. Très intéressant

Bonjour,

merci pour ce post très intéressant. Une bonne base documentaire.

Cordialement.

Bonjour,

post bien construit, merci.

UC

Bonjour,
clair , concis, documenté.......Merci

Cordialement.

Bonjour,

ce périscope à main modèle 1930 était en dotation dans les sections de commandement de la compagnie régimentaire d'engins (avec une jumelle à prisme 8x30, une jumelle périscopique 8x24, l'abaque de préparation de tir indirect, un appareil goniométrique directeur de tir et une boussole topographique modèle 1926), dans les groupes de mortiers de 81mm (avec un télémètre de 0m80 à coïncidence, une boussole topographique modèle 1926 et un prisme rétroviseur).

Source : Ministère de la Guerre - Direction de l'Infanterie : Instruction pour les unités d'engins d'accompagnement du 1er août 1930, mis à jour avec les modificatifs n°1 du 8 juin 1931, n°2 du 15 novembre 1932, n°3 du 29 novembre 1935 et n°4 du 2 novembre 1936; Charles-Lavauzelle et Cie; Paris; 1939.

On retrouve une description précise suivie d'un schéma du périscope à main grossissant modèle 1930 dans le Manuel du gradé d'Infanterie, mis à jour à la date du 1er octobre 1939, Charles-Lavauzelle et Cie; Paris; pp. 507-508 :

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9622860g/f575.item

Cordialement

Pour compléter  les données de poddichini, le  périscope dotait théoriquement les sous- officiers adjoints au chef de section et les sergents chefs de groupe dans une section d'infanterie.

Cordialement.

Bonjour,
Est il vrai que les étuis en cuir avec le couvercle droit seraient après guerre?
Philippe
Voici le mien.

Merci pour le complément uchronie.

Amicalement.

mon exemplaire:

Citation :

La fabrication a repris après-guerre, et la société la société SRPI (à Puteaux) est, à ma connaissance, la seule à l'avoir fait.

A ma connaissance aussi...

Citation :

Est il vrai que les étuis en cuir avec le couvercle droit seraient après guerre?

Pas à ma connaissance......


Cordialement.

Bonsoir

Votre poste m'a interpellé...

Je me suis rappelé que j'en possèdais un, d'un model différent mais de même marque perdu dans tout mon "foutrail"

Mais malheureusement je n'y connais rien si on pouvait m'en dire plus?

Merci.






Désolé si perturbe le poste !

Bonjour,

très beau le vôtre uchronie.

Salut et merci pour vos contributions. J'ai rajouté les références biblio dans le sujet.

Pour ce qui est de la forme du couvercle on retrouve les deux avec des périscopes camouflés mais rarement la version convexe avec les versions après-guerre neuves de stock. On serait donc en présence d'une simplification dans la fabrication des étuis.

Autre hypothèse : les fabricants les fabriquent différement...

Vos périscopes ont-ils des noms de fabricants ?

La binoculaire est le mle 36. Il manque ici la poignée. J'en possède une avec le marquage de fabrication pour l'armée allemande (H/6400) sous l'occupation. C'est aussi le cas ici et la peinturre jaune sable d'usine est recouverte par un vert armée. Utilisation après-guerre donc.

Le sujet à propos de cette bino suivra quand je pourrai prendre de plus jolies photos...


Mathieu

Je vous en prie.
Cordialement.

Bonjour Mokko le resistant

Quand vous parlez du binoculaire, vous parlez du mien ?
Il serait de 1936?

1936 est le modèle, comme indiqué. Après, savoir s'il date de 1936 ? Par contre, sa période d'utilisation a été donnée.

Bonjour,

oui tout à fait. C'est le modèle crée à partir de 1936.

Au vu du marquage H/6400 sur la votre, la fabrication est située sous l'occupation entre 40/41 à 44.


Mathieu

Le binoculaire est il plus ou moins courant que le monoculaire ?

Pour revenir au sujet initial, vous pouvez ajouter aux textes l'Aide-mémpire de l'officier d'infanterie en campagne - Chefs de section et commandants de compagnie, tirage de septembre 1937, Charles-Lavauzelle et Cie, Paris, 1937.

Cordialement

Autre texte : École spéciale militaire : Cours de topographie, 2ème partie, les instruments d'observation et de topographie, 1937-1938; Imprimerie de l'école spéciale militaire ; Saint-Cyr.

Cordialement

Les deux modèles ne sont pas forcément rares, il y des moment ou on en croise plus et d'autres moins. Mais en général la binoculaire est plus difficile à trouver en bon état. J'en croisé un paquet dans des états lamentables qui montrent que celle-ci a peut-être été privilégié dans l'utilisation.

C'est la version d'avant 1940 de la jumelle mle 36 (sans le H/6400) qui est assez rare. J'en ai croisée qu'une seule à ce jour et elle est partie assez cher...

Pour finir je n'ai jamais croisé de mle 36 fabriqué après-guerre.


Mathieu

Un dernier pour ce soir :

Ministère de la Guerre, État-major de l'Armée :  l'observation dans les corps de troupe et les unités subordonnées, annexe n°2 au règlement de l'infanterie, Imprimerie nationale ; Paris ; 1937, voir l'appendice n°1: tableau des principaux matériels d'observation et de topographie ; p. 74-75.

Bona sera.

Parfait, c'est noté.

Bonne soirée

Comme le sujet a été étendu à la jumelle périscopique modèle 1936 :

Ministère de la Défense nationale et de la Guerre - Direction de l'Infanterie : Notice provisoire sur le canon de 25 mm S.A. Mdle. 1934, du 22 juillet 1937; Charles-Lavauzelle et Cie; Paris; 1940, p. 48, p. 65.

Cordialement

Bonghjornu,

Une autre publication évoque la jumelle périscopique modèle 1936 :

Ministère de la Défense - État-major de l'armée de Terre Service historique : Contrôleur général des armées Pierre HOFF : Les programmes d'armement de 1919 à 1939; Château de Vincennes ; 1982.

Cordialement

Mokko le Résistant a écrit:

Les deux modèles ne sont pas forcément rares, il y des moment ou on en croise plus et d'autres moins. Mais en général la binoculaire est plus difficile à trouver en bon état. J'en croisé un paquet dans des états lamentables qui montrent que celle-ci a peut-être été privilégié dans l'utilisation.

C'est la version d'avant 1940 de la jumelle mle 36 (sans le H/6400) qui est assez rare. J'en ai croisée qu'une seule à ce jour et elle est partie assez cher...

Pour finir je n'ai jamais croisé de mle 36 fabriqué après-guerre.


Mathieu

                                                                                                                                                                                           
Bonjour,comme celle ci?Je la possède depuis longtemps et n'avais jamais fait attention à la configuration des marquages.Cordialement,Pierre.
                                                                                                                                                                 

Bonjour, oui c'est tout à fait le modèle d'avant-guerre, on le reconnait à la peinture à l'aspect craquelé, à la mention "décigrades", et surtout au logo [S.R.P.I.] typique de cette période.

Normalement, de chaque côté de l'étui, les passants qui tiennent la boucle de la courroie sont cousus et renforcés par deux rivets (un après-guerre).

Bel exemplaire en tout cas !


Mathieu

Bonjour,merci pour vos explications,encore une fois,on en apprend tous les jours.J'ai vérifié sur l'étui et les pièces de cuir qui tiennent les dés de la courroie sont cousues et ne comportent qu'un rivet.Cordialement,Pierre.