Un congé de l'An I

Bonjour,
voici un congé limité daté du 18 octobre 1792, l'an premier de la République.
Il a été établi à Brest pour envoyer sur ordre du Ministre, le sergent-major Mermet au camp sous les murs de Paris ... (quelqu'un a des infos sur ce camp???)





Le congé est établi sur un imprimé en sens "portrait", ce qui est moins courant que  la plupart des formulaires que l'on rencontre qui sont en sens horizontal "paysage".
Autre particularité, l'entête du document et le cachet de cire comportent toujours les fleurs de lys de la monarchie bien que la République aie été proclamée le 21 septembre



Le 39ème régiment d'infanterie est le ci-devant Isle de France, renommé en 1791. Ce régiment était embarqué pour partie comme garnison sur les vaisseaux de la Marine.
En janvier 1791, le 2ème bataillon partit de Brest pour les Antilles et n'en reviendra pas, englouti principalement dans des naufrages et décimé par le climat...

Le premier bataillon était en garnison à Brest depuis mai 1792 (effectif 900 hommes environ). Durant l’année 1793, il fit partie des troupes de l’armée des Côtes de Brest et participa aux opérations de guerre à partir de la fameuse Virée de Galerne de l’armée Catholique Royale.  Il combattit à Granville, puis aux batailles de Dol, de Mans et de Savenay.

Dans la marge du document est mentionné que le dénommé Julien Mermet a été nommé lieutenant le 24(novembre?) 1792



Et le revers comporte un extrait  de l'ordonnance du 28 avril 1778 toujours en vigueur semble-t'il à cette époque.

Bonjour
remarquable document en très bel état.
Merci du partage.
JC

Félicitations
Au delà de l'intérêt historique, le cachet est splendide et surtout sans aucun défaut.

Bonjour,
la matrice du cachet régimentaire datait de l'année précédente, elle ne devait pas avoir beaucoup servi sans doute; le nouveau sceau républicain n'avait pas été encore confectionné semble-t'il, ni les imprimés des cartouches. c'est cette transition historique qui a retenu mon attention.
Le document est écrit avec application, ce qui n'est pas toujours le cas ...

Bonjour,

Beau document, avec un sympathique grenadier avec son chien...
Intéressant aussi de voir l'usage du calendrier républicain avant son adoption officielle en 1792.

Amicalement.

Bonjour,
une période riche pour l'histoire...
Pour le camp sous les murs de Paris, il peut s'agir de celui devant rassembler 20 000 volontaires, décidé le 10 juin suite à la déclaration de guerre à l'Autriche le 20 avril, mais initialement annulé suite à un veto du roi. Il fut réalisé finalement officialisé à partir de début septembre (décret du 6 septembre 1792 relatif à la construction et à la formation des camps et retranchements sous les murs de Paris). Chaque canton devait fournir 5 hommes armés. Mermet avait du être choisi pour participer à l'encadrement de cette  troupe improvisée ; mais pourquoi le mettre en congé et pas le détacher en mission ..?

Bonjour,

un très beau document, et ce beau cachet superbement conservé.

Nous pouvons nous intéresser plus précisément au parcours de Julien Augustin MERMET. Né le 9 mai 1772 au Quesnoy, baptisé le lendemain. Fils du sergent Albert Mermet, du régiment de L'Isle de France, et de Anne Leblan. Son parrain était le seigneur de la Ferrière, Pierre Anne Augustin Caffat, chevalier de Saint-Louis, capitaine major.
Il avait trois frères.

Le 14 avril 1777, il entre au 39ème Régiment d'Infanterie; puis, il est rengagé dix ans plus tard, au sein du même régiment, le 1er mai 1787. Il entre dans la Cavalerie en 1788. Au 1er janvier 1791, il est fourrier (campagne aux Antilles lors de cette année 1791), puis sergent le 14 avril 1792, sergent-major le 8 août de la même année. Devient le lieutenant le 24 novembre (en effet) 1792 au 7ème Régiment de Hussards, capitaine au même corps le 28 février 1793, chef d'escadron le 28 brumaire an II, chef de brigade le 7 nivôse an II (passé à ce grade sur le champ de bataille de Weissembourg), général de brigade par suite de l'affaire de Quiberon le 11 nivôse an IV, général de division le 12 frimaire an XIII. Il fut le chef d'état-major du général Hoche. Il est inspecteur général de Cavalerie en 1814, commandant supérieur du camp de Luneville en 1821 (nommé par Louis XVIII) puis gentilhomme de la chambre du roi en 1821. Aide de camp de Charles X en 1826.

Blessé à de multiples reprises, notamment à la tête d'un coup de sabre le 6 septembre 1793, d'un coup de feu à la jambe gauche et d'un coup de baïonnette au bras droit 8 jours plus tard, un coup de sabre à l'épaule le 8 frimaire an II, un coup de feu à travers le corps lors du passage de Mincio (bataille de Pozzolo ?) le 5 nivôse an IX, blessé encore au sein de l'armée d'Espagne en 1809 puis deux ans plus tard au sein de l'armée du Portugal (coup de baïonnette).

Membre de la Légion d'honneur, puis commandeur au cours de l'an XII, et grand officier en 1814. Membre de la couronne le 21 décembre 1807, Grand dignitaire de l'Ordre des Deux Siciles le 1er juillet 1808. Chevalier de Saint-Louis en 1814.

Il fut visiblement baron de l'Empire.
Par courrier à Bonaparte, alors Premier Consul, il demanda une arme d'honneur.
Il a reçu deux armures, dont l'une suite à la pacification de la Vendée.

Il a dû habiter un temps à Paris, quai de Billy, lorsqu'il était lieutenant-général.

Il décède à Paris, en retraite, le 28 octobre 1837.

Sources :
- Electeurs du département de la Seine, 1er arrondissement: 1817
- JORF, janvier 1838
- SOULIE Eud. : Notice du musée national de Versailles; troisième partie - deuxième étage : jardins et tables; Deuxième édition; Libraires-Imprimeries réunies; Paris, 2 rue Mignon; 1861
- Dr HOEFER : Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours; Firmin Didot frères , fils et Cie, Editeurs; Paris;, 1861
- LAROUSSE P. : Grand dictionnaire universel du XIXème siècle; tome onzième; Paris; 1874
- Société de l'histoire de la Révolution française : Liste des membres de la noblesse impériale, dressée d'après les registres de lettres patentes conservées aux archives nationales; Paris; 1889
- Le Journal de Fourmies; 12 mai 1892, p. 2
- dossier Légion d'honneur de Julien Augustin Joseph Mermet.

Cordialement.

Un de ses frères fut Auguste Mermet, qui a servit en Vendée, puis en Allemagne, en Italie. Il est devenu général de brigade et est mort en 1796 au combat de Lonato.

Cordialement

Au sujet du camp sous les murs de Paris, voir ici par exemple :

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4222437v/f192

Cordialement

Bonjour,
merci beaucoup Poddichini pour toutes ces recherches !
Il a donc suivi au début les traces de son père qui était sergent dans le même régiment d'Isle de France. Le début de sa carrière relatée comporte quelque chose que je ne comprends pas : S'il est né en 1772, il me parait un peu jeune pour s'engager en 1777! S'il s'est rengagé en 1787, je ne comprends pas comment il peut-être dans la cavalerie en 1788 et qu'on le retrouve fourrier de son régiment d'origine en janvier 91...
Il aurait démissionné de son régiment pour rentrer dans la cavalerie (quel régiment?) puis un peu plus de deux ans après serait revenu se rengager dans son régiment d'origine ? Pas clair...

Une autre source familiale dit qu'il était le fils du tailleur du régiment Isle de France. Enfant de troupe dès 1777 (c'est déjà plus juste à mon avis), il est engagé en 1789. Caporal en 1791, sergent l'an suivant, puis sergent major en Août 92.

Je pense également qu'il n'a pas pu faire la campagne des Antilles en 1791, puisque le 2ème bataillon n'en est pas revenu

Je vous en prie.
Il est indiqué dans ses états de service qu'il est admis à la solde au 39e régiment d'infanterie au 14 avril 1777. Dans un autre état de service qu'il entre, comme je l'ai écrit, au 39eme régiment d'infanterie le 14 avril 1777.
Quatre états de services, quatre fois cette mention.

Cordialement

Pour les Antilles, indiqué ici, source que je mentionne :

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6230538p/f471

Et évocation d'une campagne aux colonies en 1791 ici, autre source mentionnée plus haut, ce qui pourrait être lié avec l'évocation des Antilles dans le lien précédent :

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k63135819/f63

Cordialement

A l'âge de 5 ans, ça fait jeune pour être soldat !

Ses états de services sont consultables sur Léonore.

L'appellation 39ème régiment d'infanterie date du 1er janvier 1791, sous l'ancien régime c'était le régiment Isle de France depuis 1762.
Je vois qu'il y a beaucoup d'incohérences dans les résumés de sa carrière...

Je ne saurai en dire davantage. Je ne fais que résumer les divers éléments trouvés dans son dossier Légion d'honneur et autres sources mentionnées. Je reste en dehors de toute interprétation.