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| Un congé de la noblesse 1674 | |
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CAVE CANEM Maréchal
Nombre de messages : 2024 Localisation : Bretagne Thème de collection : Armes du XVIIIè siècle Date d'inscription : 16/12/2013
| Sujet: Un congé de la noblesse 1674 Ven 21 Juil 2023 - 15:31 | |
| Bonjour, voici le congé délivré le 18 novembre 1674 à Verdun à Louis de Couturier, écuyer, seigneur de Sainte Jame Traduction en français moderne : "Nous, Jean Louis Abot, chevalier de l'Ordre du Roi, seigneur du Bouchet, Bailli et commandant l'escadron de la Noblesse du Perche, certifions à tous qu'il appartiendra que Louis de Couturier, écuyer, Sieur de Sainte Jamme, l'un des gentilshommes de la dite province du Perche, de la paroisse de Nocey, bailliage de Bellème, a bien et fidèlement servi le Roi en cette qualité et partout a donné des marques de sa valeur aux occasions qui se sont présentées en foi de quoi nous lui avons donné ce présent certificat pour lui servir et valoir ce que de raison et au moyen du pouvoir à nous donné par Son Altesse monseigneur de Turenne, lui avons donné congé de ce retirer en sa maison. Fait à Verdun ce 18 novembre 1674 et avons apposé le cachet de nos armes" C'est assez rare car nous sommes ici dans le cas de la convocation du ban et de l'arrière-ban par Louis XIV pendant la guerre de hollande (1672-1678). C'était une obligation qui remontait au début de la féodalité ou le roi pouvait convoquer les nobles et les gens tenants de fiefs pour le service de la guerre. Tombé un peu en désuétude, la dernière convocation du ban et de l'arrière-ban remontait à 1639. Manquant fortement de troupes, Louis XIV convoqua le ban et l'arrière-ban le 30 août 1674 pour moitié ( les régions non concernées devant être convoquées l'année suivante) Suivant le règlement de 1635, les nobles devaient s'équiper en cheval-léger et faire campagne à leurs frais pour la durée de la convocation, trois mois pour cette convocation. Chaque subdivision provinciale devait théoriquement fournir un escadron de 100 maîtres ; pour le Perche d'après les archives qui nous sont parvenues, on a effectivement dénombré 76 hommes à la convocation du 30 août plus 24 excusés (ceux qui sont malades, trop âgés ou qui ont des enfants servant déjà dans les régiments au service du roi). Les escadrons ainsi formés étaient sous le commandement du bailli (dont le rôle serait approximativement celui d'un préfet de nos jours) Le signataire du congé était le chevalier Jean-Louis Abot du Bouchet, seigneur de Sarmont, grand bailli, conseiller du roi et chef de la noblesse du Perche. L'escadron du Perche avait un effectif de 70 cavaliers à la revue du 3 septembre 1674 et se mis en route pour rejoindre les troupes du roi dans l'Est sous les ordres du maréchal de Turenne. Turenne ne voulait pas de cette troupe criarde, orgueilleuse, aussi peu accommodé au feu qu'à ses manœuvres incompréhensibles pour des gens qui n'avaient aucune expérience militaire On lit dans Le maréchal de Vauban, 1633-1707, du Général Ambert « Lorsqu'en 1674 Louis XIV appela l'arrière-ban composé de sa noblesse, Vauban écrivit à Louvois: « . L'arrière-ban, ne pouvant être formé que de noblesse fort gueuse et incommodée (pauvre), ne pourra être que très mal équipé. » Vauban connaissait donc cette noblesse comme incapable de faire la guerre. En effet, au mois d'octobre, cinq à six mille cavaliers composés de la noblesse se réunirent à Nancy sous les ordres du maréchal de Créqui. Ne pouvant établir aucune discipline, ce maréchal prit le parti d'envoyer à Turenne cet arrière-ban. L'intendant Morangis écrivait à Louvois : « Il n'y a point de désordre que cette noblesse n'ait fait partout où elle a passé. » Turenne écrivait le 14 novembre: « L'on a fait entendre aux nobles qu'ils devaient s'en retourner chez eux; il n'est pas concevable combien cela a mis de licence parmi eux; et il serait difficile de faire comprendre au roi la peine que donnent tant de gens peu accoutumés au commandement, et qui ne peuvent souffrir une pauvreté, en servant, qu'ils supportent dans leurs maisons. A tout moment, ils perdent le respect pour leurs officiers en négligeant le service. » Enfin, lorsque Turenne obtint leur licenciement, il écrivit à le Tellier: « Je souhaite ardemment que le roi n'ait jamais besoin de rassembler sa noblesse, car c'est un corps incapable d'action, et plus propre à susciter des désordres qu'à remédier à des accidents. » Malgré cette cruelle expérience, l'arrière-ban fut convoqué le 1er avril 1675 ; mais cette fois le remplacement fut autorisé, et l'ordonnance du roi renfermait cette phrase qui eût été blessante au temps de Henri IV : « Ne doutant pas que notre noblesse ne soit bien aise, pour une somme modique, de se dispenser de marcher en personne. » Il était en effet prévu que l'on pouvait s' exonérer du service par une taxe qui servait à financer des troupes mercenaires comme les suisses. A part la noblesse de Normandie, toutes les noblesses des autres régions convoquées préférèrent payer la taxe... Fin novembre 1688, la formation de régiments de milices provinciales ou chaque paroisse devait fournir un certain nombre d'hommes pour 2 ans de service, remplaça avantageusement les formations de nobles. Le ban et l'arrière-ban fut quand-même de nouveau convoqué en 1689, 91 et 93 pour effectuer un rôle de police intérieure suite à la révocation de l’Édit de Nantes. Il s'agissait de surveiller les nouveaux convertis dont le désarmement avait été prescrit. |
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