Sabre d'honneur du Général Dallemagne remis par Bonaparte le 10.5.1796

Bonsoir,

Prochain Samedi, le "Sabre de récompense du Général Dallemagne (1754-1813) par Boutet, Directeur Artiste" sera mis au enchères. Selon la maison de vente, ce sabre attribué par le Directoire aurait été remis des mains du général Bonaparte au général Dallemagne le 10 mai 1796, après la bataille de Lodi.

Voir les images sur le liens suivants (Drouot et Interchères) :

https://drouot.com/l/20842156-?actionParam=recherche

https://www.interencheres.com/meubles-objets-art/militaria-collection-bernard-bruel-cloture-des-ordres-a-12h-le-jour-de-la-vente-600949/lot-71448528.html

La maison de vente se réfère à l’attestation suivante d'un descendant du général Dallemagne, qui stipule :

« ......certifie que le sabre d'honneur que Mr Bruel a actuellement en sa possession est celui qui a appartenu au Général Baron Claude DALLEMAGNE (1754-1813). Ce sabre lui fut remis par le Directoire des mains du Général Bonaparte en Italie le 10 mai 1796 après la bataille de Lodi" portant la signature "F. Dallemagne". »

Ce sabre doté d’une magnifique lame de damas d’acier corroyé  de Klingenthal m'intéresse particulièrement, d'une part, dans le cadre de mes recherches sur l'histoire française de la perception, dénomination, imitation et  fabrication des lames damassées et, d'autre part, en raison de l'attribution historique.

À première vue, j’avais estimé que ce sabre datait au plus tôt de la fin du Directoire, en raison de la morphologie de la monture et de la décoration et l’origine de la lame damassée. J'ai du mal à imaginer que le Directoire ait pu donner à l'avance tel sabre d'honneur au général Bonaparte pendant la campagne d'Italie, afin qu'il était possible le remettre lui-même au nom du Directoire, sans décision préalable de ce dernier.

Pour un sabre d'honneur ou d'officier supérieur datant du milieu de l'année 1796, respectivement de l'an IV ou V, je me serais attendu à une monture comme pour les sabres d'honneur du Directoire décernés aux généraux général Chérin (9.9.1797), Hoche, Kniaziewicz ou Bonaparte (reçue le 5.2.1798, donné au général Kléber le 13.5.1798).


D'autre part, ce sabre réunit les caractéristiques des sabres de récompense nationale de la Manufacture à Versailles doté de lame de damas d’acier corroyé de la Manufacture de Klingenthal apparemment à partir de l’année 1799. Comme le sabre de récompense du général Vandamme (photo ci-joint), garnie de laiton doré, calotte à tête de lion et oreillons ornes de la trompette de la déesse allégorique Renommée. Poignée d'ébène. Lame de Klingenthal en damas au décor doré avec bandeaux marques "RECOMPENSE" et "NATIONALE". Le fourreau dore est inscrit sur la chape de "LE DIRECTOIRE EXECUTIF Au General Vandamme".


Ces décorations spécifiques sur les lames de damas d'acier corroyé de Klingenthal avec les bandeaux marqués "RECOMPENSE" et "NATIONALE" se retrouvent ensuite sur d’autres sabres de récompense du modèle « Sabre à la Hussarde …, calotte à tête de lion, monture à trompettes et à ailes, poignée en ébène et en écaille, fourreau d'acier bronzé, lame de damas, … .» Voir par exemple le sabre du Général Ernouf.

Les sources écrites concernant le général Dallemagne dont j'ai connaissance, fournissent dans l'ordre chronologique, les indications suivantes :

"AU DIRECTOIRE EXÉCUTIF. quartier-général de Lodi, le 22 floréal an 4 (11 mai 1796).
Je pensais que le passage du Pô serait l’opération la plus audacieuse de la campagne, tout comme la bataille de Millesimo, l’action la plus vive ; mais j’ai à vous rendre compte de la bataille de Lodi 1). … Dès l’instant que l’armée fut arrivée, elle se forma en colonnes serrées, le 2e bataillon de carabiniers en tête, et suivi par tous les bataillons de grenadiers, au pas de charge et aux cris de Vive la République2, l’on se présenta sur le pont, qui a cent toises de longueur. L’ennemi fit un feu terrible. La tête de la colonne paraissait même hésiter ; un moment d’hésitation eût tout perdu ! Les généraux Berthier, Masséna, Cervoni, Dallemagne, le chef de brigade Lannes et le chef de bataillon Dupas le sentirent, se précipitèrent à la tête et décidèrent le sort encore en balance. Cette redoutable colonne renversa tout ce qui s’opposa à elle ; toute l’artillerie fut sur-le-champ enlevée, l’ordre de bataille ébranlé rompu…Elle sema de tous côtés l’épouvante, la fuite et la mort ; en un clin d’œil l’armée ennemie fut éparpillée. Les généraux Rusca, Augereau et Beyrand passèrent, dès l’arrivée de leurs divisions, et achevent de décider la victoire. La cavalerie passa l’Adda à un gué ; mais, ce gué s’étant trouvé extrêmement mauvais, elle éprouva beaucoup de retard, ce qui l’empêcha de donner. … Le citoyen Latour, aide-de-camp capitaine du général Masséna, a été blessé de plusieurs coups de sabre; je demande la place de chef de bataillon pour ce brave officier. Le citoyen Marmont, mon aide-de-camp, chef de bataillon, a eu un cheval blessé sous lui; le citoyen Lemarois, mon aide-de-camp, capitaine, a eu son habit criblé de balles; le cou rage de ce jeune officier est égal à son activité. Si j'étais tenu de nommer tous les militaires qui se sont distingués dans cette journée extraordinaire, je serais obligé de nommer tous les carabiniers et grenadiers de l'avant-garde, et presque tous les officiers de l'état-major; mais je ne dois pas oublier l'intrépide Berthier , qui a été , dans cette journée, canonnier, cavalier et grenadier. Le chef de brigade Sugny, commandant l'artillerie, s'est très bien conduit. ... Je vous prie de confirmer le citoyen Monnier 4), adjudant général, qui sert en cette qualité, quoique non compris dans le dernier travail. Je vous demande la place de capitaine pour le citoyen Reille 5), aide de camp du brave Masséna, et pour le citoyen Thoiret, digne adjudant-major du 3e bataillon des grenadiers. Dès l’instant que nous resterons deux jours dans le même endroit, je vous ferai connaître ceux 6) qui se sont le plus distingués dans cette célèbre journée. … BONAPARTE. »

« 29 floréal an IV (18. Mai 1796).
Le directoire Exécutif au général de brigade d`Allemagne.
Vous avez donné, citoyen général, un glorieux exemple de dévouement à la patrie, en contribuant à forcer le pont de Lodi, manœuvre audacieuse qui a décidé la victoire. Le directoire exécutif se réjouit, et vous félicite de voir votre nome attaché à cette action éclatante.
Pour le Directoire exécutif :
Le Secrétaire général, LAGARDE
Pour expédition conforme : CARNOT, président. »

"SÉANCE DU 29 FLORÉAL AN IV (2) – (18 MAI 1796)
… Le Directoire écrit ensuite plusieurs lettres : … Seite 414: … 23° Au ministre de la guerre (6). … - (6) Minute signée Carnot, Revellière-Lépeaux, Barras (Arch. nat., AF III, 371, dossier 1824).  - Le Directoire demande au ministre une douzaine de sabres choisis à donner en récompense nationale «aux braves de l'armée d'Italie».

« Paris, le prairal an 4 (22 Mai 1796). - Le Directoire exécutif au Général Bonaparte.
Le Directoire vous envoie, citoyen général, douze sabres destinés aux officiers qui se sont distingués lors du passage du Pô et de la bataille de Lodi, ainsi que dans les actions qui ont eu lieu avant. Vous trouverez ci-joint le nom de ces officiers. Le Directoire vous engage à leur remettre publiquement ces témoignages de la satisfaction qu'il a éprouvée de leur conduite. - CARNOT. »

« Séance du 7 Prairial. (an 4.) … (26.05.1796)
Le directoire Exécutif, …
Au général de brigade d`Allemagne.
Vous avez donné, citoyen général, on glorieux exemple de dévouement à la pairie, en contribuant à forcer le pont de Lody, manœuvre audacieuse qui a décidé la victoire. Le directoire exécutif se réjouit, et vous félicite de voir votre nome attaché à cette action éclatante. »

« Quartier général, Milan, 22 prairial an IV (10 juin 1796)
Au général Masséna. … J’ai un joli sabre à vous donner de la part du Directoire, mais ce sera pour la première fois que nous nous verrons. … BONAPARTE » (Dépôt de la guerre).

« Paris, le 19 pluviòse an VII (07.02.1799).
Le Ministre de la guerre au général Dallemagne, à Coblentz,
Le Directoire exécutif, après vous avoir accordé votre retraite, citoyen Général, puisque votre santé ne vous permet plus de servir la République dans les armées, saisit le moment où vous venez de terminer votre carrière militaire en faisant remettre, entre les mains de l'armée de Mayence, l'importante forteresse d'Ehrenbreitstein, pour vous donner un témoignage de sa satisfaction de vos services. Il me charge, en conséquence, de vous faire passer de sa part un sabre et une paire de pistolets d'honneur qu'il désire que vous emportiez dans votre retraite, comme un gage de son estime.
Veuillez, je vous prie, citoyen Général, me mettre à portée de remplir les intentions du Directoire, en me faisant connaître le lieu où vous désirez que je vous fasse parvenir ces objets.
Salut et fraternité, SCHÉRER. »

Armes pour récompenses nationales confectionnées à la manufacture de Versailles An VII - An IX :
« 128 un sabre cizelé doré beau genre 700 (fr.) – 22 fruc. an 7 (08.09.1799) – 128 livré au Gal Dallemagne 700 (fr.) »


D'après les sources écrites (arrêtés, séances) antérieures du 28 juillet 1796, j’ai trouvé que des armes à feu d’honneur, mais aucun sabres d’honneur de la manufacture de Versailles décerné par le Directoire. Dans l’« Etat des sommes reçus pour Armes vendu par la Manufacture établie à Versailles An 4 & 5 (20 Messidor an IV au 30 florial an V) de la Repque francse. » (Arch. Nationale F/12/2271) figures que des armes à feu, mais aucun sabre.

Bottet a supposé que «  La fabrication des armes blanches ne commença à Versailles qu’en l’an VI et s’arrêta presque complètement en 1814. …» (BOTTET, MAURICE. La manufacture d’Armes de Versailles. Boutet Directeur-Artiste. Paris)

Par conséquence, contrairement aux certaines sources ultérieures, je suppose que Dallemagne ne s'est pas vu remettre le sabre d'honneur du Directoire par Bonaparte immédiatement après la bataille de Lodi (10 mai 1796), car elles n'ont été envoyées par le Directoire à Bonaparte que par lettre du 22 mai 1796. Le sabre d’honneur du général Masséna par exemple n'a été remis qu'après le 10.06.1796.

Mais si l'on tient compte du fait que le général Dallemagne s'est vu attribuer en 1799 appart des pistolets d’honneur un deuxième sabre de récompense par le Directoire en 1799 et qu'un sabre pour le général Dallemagne figure dans la liste des « Armes pour récompenses nationales confectionnées à la manufacture de Versailles An VII - An IX », me fait croire que le lot 29 pourrait être le sabre de récompense de l'année 1799; correspondant au style et au caractère des sabres de récompense national à partir d'environ l'année 1799. Les pistolets d'honneur sont mentionnés par la maison de vente aux enchères, mais le deuxième sabre de récompense décerné en même temps.

Sur la base de ces considérations, je me demande s'il y ait un malentendu dans la transmission de la tradition familiale concernant ce sabre.

Je serais intéressé par vos réflexions critiques sur mes pensées concernant ce sabre. Il se peut que j'aie ignoré quelque chose d'essentiel. Connaissez-vous des sabres d’honneur de la manufacture de Versailles datant de 1796 qui ressemblent à celui-ci ?

Merci
Richard

Bonsoir, beau texte et belle recherche, je n’ai absolument pas les compétences nécessaires pour juger de la pièce mais je me permets tout de même une petite remarque. La cravate ne me semble pas d’origine, mais bon ça n’est qu’un détail. Cordialement

Bonjour,
Je vous remercie de votre message. Je me demande si je ne devrais pas placer cette discussion sous la rubrique du forum "Identification, authentification et estimation" des "Armes et munitions, respectivement liés" ou faire un lien vers cette rubrique ?

J'imagine que c'est là où vous souhaitez mettre ce sujet.

Oui, merci.

Contrairement aux sabres d'honneur des généraux Chérin, Lefèvre et Vandamme provenant de la Manufacture de Versailles avec les inscriptions « Manufacture de Versailles, Boutet Directeur Artiste », la cartouche sur le recto de la chape du fourreau du sabre de Dallemagne ne contient pas la dédicace du Directoire Exécutif au destinataire.

Pour le sabre de récompense du général Lefèvre (voir pages 155 et 156 Les sabres portés par l’armée française ». JEAN LHOSTE, PATRICK REESK pour de détails du sabre) et le lien:

https://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/iconographie/sabre-de-recompense-nationale-du-general-lefebvre/

« Quartier général, Milan, 22 prairial an IV (10 juin 1796)
Au général Masséna. … J’ai un joli sabre à vous donner de la part du Directoire, mais ce sera pour la première fois que nous nous verrons. … BONAPARTE » (Dépôt de la guerre)

Probablement il s'agit du sabre d'honneur suivant qui était conservé au Musée Carnavalet. La monture correspond bien la période concerné.

Voici quelques réflexions et remarques supplémentaires :

Il faut considérer qu'à l'époque, il s'écoulait un certain temps entre la date d'envoi d'une lettre et sa réception par le destinataire, en fonction de la distance et des circonstances (guerre - changement de position de l'état-major, etc.).

Ainsi, la lettre déjà mentionnée du Directoire du 22.5.1796 concernant l'envoi des 12 sabres d'honneur et de la liste des destinataires ont également dû voyager quelques jours. En raison de la lettre mentionnée de Bonaparte à Masséna du 10.06.1796, je suppose que les sabres sont arrivés chez Bonaparte peu avant le 10.06.1796, après plus de deux semaines.

Malheureusement, je n'ai pas pu retrouver la liste des destinataires des sabres. Je vous serais reconnaissant de me donner des renseignements ou cette liste est publié ou qui sont ces officiers auxquels un sabre a été attribué par le directoire exécutif le 22.5.1796.

Le sabre de récompense donné par le Directoire Exécutif au chef de bataillon Marmont, aide de camp du général Bonaparte, qui a été vendu aux enchères le 20 janvier 2010, est peut-être l'un de ces 12 sabres. La lame de ce sabre porte les inscriptions suivantes : « donné par le Directoire Exécutif au chef de bataillon Marmont aide de camp du général en chef Bonaparte » et de l’autre côté « bataille de Lodi. ».

Comme on peut le voir sur le lien suivant, ce type de sabre correspond à l'époque concernée.

https://fraysse.net/listings/sabre-de-recompense-donne-par-le-directoire-executif-au-chef/

Un autre sabre de récompense donné par le Directoire Exécutif au Citoyen Terrand, avec le même fourreau comme celui de Marmont est du type des chasseurs à cheval. Les oreillons à six pans sont gravés sur un « Donné Par Le Directoire Executif l’An 5e » et sur l’autre « au Citoyen Terrand ». Voir le lien :

https://www.piasa.fr/fr/products/sabre-de-recompense-du-type-des-chasseurs-a-cheval-poignee-en-bois-entierement-filigranee-monture-en-laiton-garde-a-une-branche_60b64224daaa76.69203443

Entre-temps, j'ai trouvé la lettre suivante, qui montre que l’aide de camp du général Bonaparte, le chef de bataillon Marmont était en fait l'un des destinataires des 12 sabres décernés par le Directoire Exécutif dans le contexte du passage du Pô et de la bataille de Lodi le 10 mai 1796. Il ressort de cette lettre que les 12 sabres d'honneur n'étaient pas encore délivrés le 8 juin 1796.

"Milan, 8 juin 1796.

Marmont à sa mère.

Nous voici de retour à Milan, ma tendre mère, où nous prendrons quelques instants de repos; l'ennemi, loin de nous, réfugié dans les montagnes du Tyrol, ne sera pas à craindre de longtemps. Il nous reste, en attendant, deux siéges à faire celui de Mantoue et de la citadelle de Milan. Lorsque nos moyens seront pris, ces siéges ne seront ni longs ni meurtriers. Mantoue est maintenant serrée de très-près. Nous avons pris deux de ses faubourgs; la garnison est peu forte, la ville très-étendue; les eaux seules en rendent les accès difficiles. Nous avons été à Vérone. J'ai vu le palais du prétendu roi de France; il n'a pas plus d'appareil que son maître. Dix mille émigrés habitaient Vérone, ils sont tous partis à notre approche. J'ai vu à Vérone un des plus beaux monuments de l'antiquité: un cirque parfaitement conservé et assez grand pour contenir quatre-vingt mille spectateurs. Cette vue a agrandi mes idées et a élevé mon imagination. Nous sommes dignes d'un pareil ouvrage, il en faudrait un semblable à Paris. Je vous apprends avec plaisir, ma tendre mère, que je vais recevoir une récompense honorable, pour la conduite que j'ai tenue en différentes affaires, qui ont eu lieu depuis l'ouverture de la campagne, et notamment à la bataille de Lodi; le Directoire exécutif m'envoie un sabre, j'en ai reçu la nouvelle, et le sabre arrivera dans peu. J'attache le plus grand prix à un pareil cadeau ; il n'y en a que douze donnés pour toute l'armée, et je suis assez heureux pour en obtenir un, sans que personne l'ait demandé pour moi. »

Richard Rechsteiner

P.S.
Je suis à la recherche d'images (vue générale, décoration des lames, etc.) du sabre d'honneur du général Masséna, qui fait ou a fait partie de la collection du musée Carnavalet. Malheureusement, je ne connais qu'une image partielle sous le numéro 345 à la page 202 dans "Les sabres portés par l'armée française" de Jean Lhoste et Patrick Resek.

Bonjour, peut etre des infos sur le sabre d'honneur (les) du general Masséna dans ce doc
https://www.google.fr/books/edition/Histoire_militaire_de_Mass%C3%A9na/FFhBAAAAIAAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=%22sabre+d%27honneur%22++%22g%C3%A9n%C3%A9ral+Mass%C3%A9na%22&pg=PA300-IA1&printsec=frontcover
cdlt

Merci beaucoup pour cette référence très utile.

En plus des 2 photos de sabres d'honneur du Directoire à Masséna, on trouve l'indication suivante concernant la remise du premier sabre d'honneur au général Masséna, par le "chef de bataillon Marmont" mentionné dans l'article précédent. Il apparaît ainsi que le sabre n'a été remis que le 14 août 1796.

" Le 14, Massena reçut à Piovezzano l'aide de camp Marmont, qui apportait au divisionnaire un sabre offert par le Directoire 2) et les compliments de Berthier 1). Récompense due à ses pénibles travaux. La veille, Bonaparte avait envoyé des notes, que Carnot réclamait pour classer les généraux de la République. Le vainqueur de Loano avait toujours l'estime du général en chef. Ce sabre, que le gouvernement lui accordait, était pour Masséna une faible consolation, lors qu'il voyait ses troupes nues et affamées.

2) Voir planche VI.

1) Brescia, le 25 thermidor (13 août) . « Le général en chef me charge, général, de vous faire passer le sabre que le Directoire exécutif vous donne, comme un gage de la reconnaissance nationale, pour les services importants que vous avez rendus à l'armée. Vous ne doutez pas, général, du plaisir que j'ai à m'acquitter de cette commission. » Registre 12, pièce 252. )

Malheureusement, cette source ne permet pas de savoir si et comment sont formulées les éventuelles inscriptions et qui sont les fournisseur de ces sabres. J'ai reproduit les deux sabres d'honneur de la source correspondante. Voir ci-joint.

Dans la lettre susmentionnée du général Bonaparte au Directoire Exécutif du 11 mai 1796 sont nommé les 16 personnes suivantes :

1. Général Berthier
2. Général Masséna
3. Général Cervoni
4. Général Dallemagne
5. Chef de brigade Lannes
6. Chef de bataillon Dupas
7. Général Rusca
8. Général Augereau
9. Général Beyrand
10. Citoyen Marmont, mon aide-de-camp, chef de bataillon
11. Citoyen Lemarois, mon aide-de-camp, capitaine
12. Chef de brigade Sugny
13. Citoyen Latour, aide-de-camp capitaine du général Masséna - je demande la place de chef de bataillon pour ce brave officier
14. Citoyen Monnier, adjudant général - Je vous prie de confirmer le citoyen Monnier 4), adjudant général
15. Citoyen Reille, aide de camp du brave Masséna - Je vous demande la place de capitaine pour le citoyen Reille
16. Citoyen Thoiret, digne adjudant-major du 3e bataillon des grenadiers - Je vous demande la place ... pour le citoyen Thoiret, digne adjudant-major du 3e bataillon des grenadiers.

Pour quatre personnes, Bonaparte confirme ou propose la fonction militaire ou le grade comme "récompense" au Directoire. Les 12 autres personnes pourraient être celles auxquelles le Directoire a attribué un sabre. Sans la liste correspondante mentionnée dans la lettre du 22 mai 1796, il n'est cependant pas possible de le vérifier.

Avec votre aide, j'espère trouver le plus grand nombre possible de ces sabres de récompense afin de pouvoir tirer des conclusions sur les modèles/types de sabres correspondants et les fournisseurs de la période du milieu de l'année 1796.

Comme dans l'exemple des généraux Dallemagne et Masséna, mais aussi du général Augereau, il semble que plusieurs sabres d'honneur aient été attribués pendant la période du Directoire au du début du Consulat. Cela rend difficile une attribution chronologique correcte et laisse la place à des malentendus.

Le musée Carnavalet à Paris abrite ou a abrité, selon diverses sources, un sabre d'honneur du général Augereau. Vous trouvez une image du premier ci-dessous. Un deuxième se trouve au musée de l’Armée à Paris. Il s’agit d’un sabre d’officier de Hussards « à l’allemande ». Selon catalogue de l’année 1891 la lame serait en damas et porte les initiales « P.A. ». Le fourreau porte l'inscription suivante : « Le Directoire exécutif au général Augereau » et les initiales « A.P. ». Voir des photos sur le lien suivant :

https://artsandculture.google.com/asset/sabre-de-r%C3%A9compense-du-g%C3%A9n%C3%A9ral-augereau/zgGxKuLP1NS-vA

Le troisième (ancienne collection Bernard Frank) et du modèle début Consulat « à la Marengo », comme celui du général Victor comme récompense de la bataille de Marengo. La lame porte en lettres incrustées d’or l’inscription « RÉCOMPENSE NATIONALE ». Au vu du modèle, on peut supposer qu'il doit être daté du début du Consulat. Il provient de la Manufacture d’armes de Versailles. Voir lien suivant, page 17 :

https://books.google.ch/books?id=RWIbEAAAQBAJ&pg=PA20&dq=sabre+d%27honneur+augereau+boutet&hl=de&sa=X&ved=2a%20hUKEwj63Yvtge_vAhXS0qQKHV3IDVIQ6AEwAHoECAYQAg#v=onepage&q=sabre%20d'honneur%20augereau%20boutet&f=false

Dans le catalogue de la vente du 23 mars 2023, la description suivante était publiée concernant le contexte historique du ce sabre de récompense du général Dallemagne de l’année 1796.

« Général Français de la Révolution et de l'Empire, député au Corps législatif de l'an X à 1813, Baron d'EMPIRE. Officier en 1790, Général de brigade en 1793, il suit la campagne d'Italie de 1796, blessé au passage du Pô, décide par une charge brillante, la victoire à la bataille de Lodi, et mérite par sa conduite au siège de Mantoue, un sabre d'honneur et cette mention de Napoléon Bonaparte : « Le succès fut quelque temps incertain, mais j'étais tranquille; la brave 32e demi-brigade, commandée par Dallemagne, était là. » Il contribue encore aux victoires de Castiglione et de Roveredo, nommé Général de division en 1796, chargé en 1798 du commandement de l'armée de Rome. Envoyé à l'armée du Rhin après la rupture du traité de Campo-Formio, il s'empare d'Ehrenbreitstein (Coblence), reçoit, à l'occasion de ce succès, des pistolets d'honneur» ».

Et dans la rubrique "Décorations et autres distinctions ", on trouve: « Chevalier de Saint-Louis en 1791, Commandeur de la Légion d'honneur en 1804, Croix de commandeur de l'ordre de la Couronne de fer en 1807. Sabre d'honneur délivré en 1796 au Général Claude d'Allemagne par le Général Bonaparte, Commandant en chef de l'armée d'Italie. » .... (Sources : WIKIPEDIA & dossier de la Légion d'honneur cote L0022082) ».

Ces informations sur le général Dallemagne ont été reprises de Wikipedia, qui se réfère à son tour au "Dictionnaire des parlementaires français : depuis le 1er mai 1789 jusqu'au 1er mai 1889, volume, II, 1890" de Robert, Edgar Bourloton et Gaston Cougny. Il convient de noter que c'est à tort que l'on parle, du fait que le général Dallemagne aurait reçu un sabre d'honneur en raison de sa conduite lors du siège de Mantou. Et cette biographie mentionne de manière incomplète qu'une paire de pistolets mais pas en plus un deuxième sabre d'honneur, en relation avec le siège d'Ehrenbreitstein. Malheureusement, ces informations ont été reprises dans le catalogue par la maison de vente aux enchères sans être corrigé ou complété. En plus elle donne l'impression que c'est « principalement » grâce à initiative du général Dallemagne que la bataille de Lodi a pu être décidée en faveur de l'armée d'Italie.

Il ressort cependant des rapports et comptes rendus contemporains qu'il a participé au succès, non pas seul mais à la tête des troupes avec les généraux Berthier, Masséna, Cervoni, le chef de brigade Lannes et le chef de bataillon Dupas.

Dans ce contexte, je voudrais citer à nouveau des extraits du rapport du général Bonaparte au Directoire Exécutif du 22 floréal an 4 (11 mai 1796) :

"AU DIRECTOIRE EXÉCUTIF. quartier-général de Lodi, le 22 floréal an 4 (11 mai 1796). … Dès l’instant que l’armée fut arrivée, elle se forma en colonnes serrées, le 2e bataillon de carabiniers en tête, et suivi par tous les bataillons de grenadiers, au pas de charge et aux cris de Vive la République, l’on se présenta sur le pont, qui a cent toises de longueur. L’ennemi fit un feu terrible. La tête de la colonne paraissait même hésiter ; un moment d’hésitation eût tout perdu ! Les généraux Berthier, Masséna, Cervoni, Dallemagne, le chef de brigade Lannes et le chef de bataillon Dupas le sentirent, se précipitèrent à la tête et décidèrent le sort encore en balance. Cette redoutable colonne renversa tout ce qui s’opposa à elle;. … »

Selon la lettre du 22 juillet 1796 de Bonaparte au Directoire Exécutif, c’est le chef de bataillon Dupas qui a passé le premier sur le pont de Lodi : « … Le chef de bataillon Dupas, qui commande le brave 5e bataillon de grenadiers, est le même qui a passé, le premier, sur le pont de Lodi. … »

La première source que je connaisse à ce jour et qui mentionne concrètement un sabre d'honneur à Dallemagne a été publiée dans "Galerie militaire ou notices historiques sur les généraux en chef, généraux de division, etc." en 1804. Dans cette publication on trouve une des premières, peut-être la première biographie concernant le général Dallemagne (pages 16 – 35). Voici des extraits, qui concerne les faits historiques d’intérêts pour le sujet en discussion :

" … nous voulons parler de la journée de Lodi, cette journée si séconde en traits de bravoure et d'intrépidité. Ce fut là que les Français, foudroyés par une artillerie formidable, affrontèrent avec tant d'audace une mort presque certaine. Ce fut là que l'on vit ce que peut l'exemple des chefs sur l'esprit des soldats. La troupe, ébranlée par le feu des ennemis qui moissonnait des rangs entiers, commençait à faiblir : les généraux voient ce moment d'hésitation. ; ils se précipitent à la tête des bataillons, raniment le courage du soldat, et leur généreux dévouement fixe la victoire sous les drapeaux français. Le général Dallemagne, toujours au poste du danger et de l'honneur, était du nombre de ces braves officiers, et son nom se lie désormais au souvenir de cette journée mémorable. Pour récompenser le dévouement que Dallemagne avait montré dans cette occasion, le général Bonaparte demanda et obtint pour lui un sabre d'honneur. … La prise d'Ehrenbreitstein valut au général Dallemagne un sabre et deux pistolets, qui lui furent accordés à titre de récompense nationale. "

Il est intéressant de noter la mention à titre de « récompense nationale », tout comme l'inscription "RÉCOMPENSE - NATIONALE" sur la lame du sabre d'honneur du général Dallemagne vendu aux enchères.

Après la mort du général Dallemagne, un article lui a été consacré dans "Le moniteur universel" du 25.12.1813. Voici un extrait :

« Corps-Législatif.
Présidence de S Exc. Le duc de Massa
Séance du 24 décembre (RiR : 1813).
Je pourrais vous lire la lettre par laquelle le Directoire lui écrivait (le 29 floréal an 4) (RiR : 18.05.1796) que le glorieux exemple qu’il avait donné avait décidé la victoire, et vous parles du sabre d’honneur qui lui fut envoyé par le vainqueur de l’Italie. Le journal du siège de Mantoue nous le présenterait à la tête de 600 grenadiers seulement, culbutant l’ennemi, s’emparant du faubourg Saint Georges et de la tête du pont ; puis (le 28 messidors an 4) sortant de cette place avec 1500 hommes, repoussant l’ennemi jusqu’aux palissades …

Après tant de fatigues, il espérait jouir d’un repos nécessaire à sa santé, mais bientôt il est envoyé sur le Rhin pour réduire la forteresse d’Erenbreistein ; il en resserre étroitement le blocus, et les portes lui en sont ouvertes le 7 pluviôse an 7 : un sabre, des pistolets, une lettre honorable du ministre de la guerre, furent les gages de la satisfaction du Gouvernent, et il obtint enfin une retraite commandée de plus en plus par son … "

Dans une autre biographie de l’année 1834 en trouve la note de bas de page : « Sur la demande du général en chef Buonaparte, il obtint un sabre d'honneur en récompense du déroulement qu'il avait montré dans cette journée. Le directoire, en adressant au général Dallemagne cette récompense nationale, lui écrivait, le 29 floréal an 4 (18 mai 1796) : que le glorieux exemple qu'il avait donné avait décidé la victoire. » Le deuxième sabre d’honneur est mentionné dans le texte principal de la biographie : « .... La prise d'Ehrenbreitstein lui valut un sabre et une paire de pistolets d'honneur, qui lui furent décernés à titre de récompense nationale ».

Dans une autre biographie de l’année 1855 on peut lire : « Il fit en cette qualité la campagne de 1796 à l'armée l'Italie, fut blessé au passage du Pô et à celui de l'Adda, décida la victoire de Lodi, et mérita d'être cité avec éloge dans les rapports de Bonaparte, qui lui fit décerner un sabre d'honneur, … ».

Ce n'est qu'avec la biographie de C.-J. Dufay, publiée en 1867, que le général Dallemagne est présenté de manière enjolivée comme responsable principal de la victoire à Lodi.

« Au signal donné, la porte de Lodi s'ouvre ; la colonne débouche et se dirige vers le pont. L'artillerie autrichienne vomit la mitraille ; elle fait hésiter un moment les plus résolus à marcher en avant. La tête de colonne est renversée : la mort moissonne les soldats français ; cependant l'intrépide général Dallemagne, l'épée à la main, encourage, par son exemple, les nouveaux arrivants, et, bientôt, soutenu par Masséna, Cervoni et Berthier qui, redoublant d'ardeur, se sont élancés sur le pont, tous le franchissent au pas de course et aux cris de Vive la république! Les volontaires de l'armée se laissent glisser sur le banc de sable ; ils se jettent en tirailleurs sur l'ennemi, la division française le culbute, écrasant tout ce qui résiste, sabrant les canonniers sur leurs pièces, et pour suit les Autrichiens jusqu'à Crema. Le lendemain (RiR : 11.05.1796), Dallemagne se portait, avec ses grenadiers, sur cette dernière place où il recevait, des mains du général en chef un sabre d'honneur en récompense de cette action d'éclat. Elle lui valut aussi une lettre de félicitations du Directoire, sous la date du 29 floréal an IV (18 mai 1796), dans laquelle on lit : « Vous avez donné, citoyen Général, « un glorieux exemple de dévouement à la patrie en contribuant à forcer le pont de Lodi, manœuvre audacieuse qui a décidé la victoire. Le Directoire exécutif se réjouit et vous félicite de voir votre nom attaché à cette action éclatante… . »

Le même auteur, C.J. Dufay a publié une nouvelle fois la biographie de Dallemagne en 1874 et l'a encore embellie. « Il se fit encore remarquer au passage du pont de Lodi défendu par 20 pièces d'artillerie. — L'épée à la main, il s'élança sur le pont, encouragea par son exemple, trois bataillons de grenadiers qui l'avaient suivi et le traversa au pas de course, aux cris de : Vive la République ! Cet exemple fut imité par les intrépides généraux Berthier, Masséna, Cervoni, le chef de brigade Lannes et le chef de bataillon Dupas. Le lendemain (RiR : 11.05.1796), notre compatriote se portait, avec ses grenadiers, sur Créma où il recevait, des mains du général en chef, un sabre d'honneur en récompense de cette nouvelle action d'éclat. »

Il me semble que J.F. Dufay a repris des citations de sources intérieures et les a remaniées et reproduites en suggérant que la bataille de Lodi a été gagnée sur la foi de l'exemple donné par le général Dallemagne.

Sur quelles sources historiques J.F. Dufay s'appuie-t-il pour faire ces récits et affirmer que Bonaparte a remis de ces mains le sabre d'honneur au général Dallemagne le 11.5.1796 à Crema ? Ces propos spécifiques de J. F. Dufay semblent contredire toutes les sources contemporaines dont j'ai eu connaissance jusqu'à présent.

Je me demande si, sur la base de cette biographie, l'opinion ou la tradition familiale des descendants du général Dallemangne pourrait être née selon laquelle celui aurait reçu ce sabre d'honneur des mains de Bonaparte le jour de la bataille de Lodi.

Je vous serais reconnaissant de m'indiquer des sources contemporaines qui attesteraient la remise du sabre d'honneur par Bonaparte à Dallemagne le jour de la bataille de Lodi ou du jour suivant, le 11.5.1796.

Sabre de "récompense" du général Hoche

Dans le cadre de la comparaison de sabre d’honneur et leur datation avec celui du général Dallemagne, le sabre « d'honneur du général Lazare Hoche » a également soulevé des questions.

Le sabre « de récompense » du général Hoche a été légué en 1879 ou 1880 au musée de l’artillerie par Philippe de Saint-Albin, fils de Rousslin de Saint-Albin, l’auteur de la biographie « Vie de Lazare Hoche, Général des armées de la République, Desene und Barrois 1798 ». Selon la Chronique des Arts et de la curiosité du 21 février 1880 il s’agirait du sabre que le général Hoche reçut du Directoire pour la pacification de la Vendée. Cette dénomination se trouve ensuite dans le « Catalogue des collections composant le Musée d'artillerie en 1889».

Entre-temps, il existe vraisemblablement des incertitudes quant à savoir si ce sabre a effectivement été attribué par le Directoire comme sabre de récompense pour la pacification de la Vendée. La désignation actuelle des se sabre par le Musée de l’Armée est nuancée : "Sabre présumé décerné par le Directoire au général Hoche pour la pacification de la Vendée". Il est également mentionné ce qui suit : « Cet exemplaire aurait été remis au général Hoche suite à la pacification de la Vendée bien qu'aucune inscription ne vienne confirmer cette hypothèse. » Voir le lien :

https://basedescollections.musee-armee.fr/ark:/66008/3393I?posInSet=24&queryId=02af5342-1fef-46c1-b6c7-10f1f3856d0b

Le manque d’inscription attributive est « inhabituel » pour un sabre de récompense. En l'absence de marque de manufacture on ne sait pas de quelle fabrication il provient. Le sabre du type comparable donné par le Directoire Exécutif au Général Masséna ne porte pas non plus de marque de manufacture ; mais sur la chape du fourreau l’Inscription suivante : « donné par le Directoire exécutif au général Masséna, an 5 ». Selon GACHOT (1901) se sabre date du 9 mai 1797. Je suppose que ni le sabre du général Masséna ni celui du général Hoche ne proviennent de la Manufacture de Versailles.

Ce sabre doit être daté avant le décès du général Hoche (19.9.1797) et donc avant la date du 7.11.1797, selon laquelle, d'après certains auteurs, les cinq Directeurs décident de faire fabriquer à la manufacture de Versailles différentes armes de prix pour être offertes en récompenses. Malheureusement, je n'ai pas pu trouver cette décision en question du Directoire Exécutif du 17 brumaire an VI (7.11.1797). Si quelqu'un dispose d'une copie de cet arrêté, je lui en serais très reconnaissant.

Les recherches dans les sources contemporaines n'ont pas permis d'établir que le général Hoche aurait reçu un sabre d'honneur du Directoire Exécutif. Je n'ai pas non plus trouvé de référence à d’un sabre d'honneur par le Directoire Exécutif dans les biographies du général Hoche. Pas même dans celle de Rousslin de Saint-Albin datant de 1798. Le général Hoche a cependant reçu les récompense suivants par arrêté du 2 thermidor an IV (20.07.1796): « [i]Il est fait présent, au nom de la République française au général Hoche, commandant en chef l’armée des côtes de l'Océan, de deux des plus beaux chevaux existant dans les dépôts de la Guerre, avec les harnais. Il recevra également une paire de pistolets de combat, de la manufacture nationale de Versailles. - Signé de tous les membres du Directoire[/i] ». (Arch. nat., AFIII, 389, dossier 2022)

Selon CHUQUET (1920) la remise de ces récompenses  s'est toutefois déroulée avec des problèmes : « Hoche était alors à Paris. Mais les bureaux de la Guerre ne prirent pas la peine de choisir les deux chevaux et la paire de pistolets. Ils offrirent à Hoche de le payer en lui donnant un bon sur la trésorerie, et Hoche, indigné, écrivait le 26 juillet (1796) au ministre Petiet : « J'avais lieu d'espérer que, d'après les ordres du Directoire, il ne serait apporté aucun obstacle à la fourniture des objets qu'il lui a plu de me gratifier ; je pensais également que ce serait faire plaisir au gouvernement que de paraître en public, aux fêtes nationales, orné de ses dons . Les commis des bureaux de la Guerre ne l'ont pas jugé ainsi. Ils exigent que le général Hoche aille tendre la main à la trésorerie nationale pour recevoir le prix des objets commandés à un sellier de Paris ! » Et Hoche ajoutait qu'il refusait des « dons aussi humiliants », qu'il ne demandait que des chevaux de poste pour regagner l'armée ».

J’ignore si le général Hoche a effectivement reçu ces. Je vous remercie pour toute information concernant ce sabre qui permettrait de le dater plus précisément. Je vous remercie pour toute information concernant ce sabre qui permettrait une datation plus précise.

D’autre part les citoyen de Montreuil (Versailles) ont offert apparemment un sabre d’honneur au général Hoche l’année précédente en 1795 (COUARD. E. « Sabre d’honneur offert au Général Hoche par les citoyens de Montreuil ». Versailles illustré. 1899).

bonjour,
moi j'ai une question béte,combien faut il pour se payer un sabre comme cela,bien autenthifier et pas une copie.
cordialement

Bonjour

Cela dépend mais entre 50 000 et 200 000€ plus les frais au bas mot suivant la chance que vous avez et le renom du récipiendaire. Certains sont maintenant de parfaits inconnus.

Le sabre du général Dallemagne a été adjugé au prix de 70'706 EUR. En plus des frais de la maison de vente, un total d'environ 86'000 EUR devrait avoir été payé.

Un autre sabre comparable a été vendu aux enchères le 7 avril 2016 par le commissaire-priseur Thierry de Maigret. Le prix d'adjudication s'est élevé à 50 000 euros. En incluant les frais de la maison de vente, ce sabre devrait avoir coûté environ 62 500 euros. Il s'agissait également d'un sabre de la manufacture de Versailles et portait entre autres les inscriptions "Boutet Directeur Artiste Manufre à Versailles" et "Journée de St-Cloud 19 Brumaire an 8". A la différence de la lame du sabre du général Dallemagne, le damas de ce sabre d'honneur est composé de gravures à l’acide et non pas d'un assemblage d'acier corroyé.

Des photos de ce sabre sont disponibles sous le lien ci-dessous :

https://www.thierrydemaigret.com/lot/26253/5816792

Richard Rechsteiner a écrit:

Le sabre du général Dallemagne a été adjugé au prix de 70'706 EUR. En plus des frais de la maison de vente, un total d'environ 86'000 EUR devrait avoir été payé.
https://www.thierrydemaigret.com/lot/26253/5816792

Bjr Richard,
Je n'ai pas assisté à la vte donc je ne sais qui acheté ce très beau sabre. En revanche, comme je suis bien connu de l'étude et du consultant, j'ai pu aller le voir hors la présence du public et le tenir en main avant de le photographier. Sacré souvenir, car c'était la 1re fois que je tenais un sabre de ce prix. Si cela vous intéresse, je peux vous envoyer les photos. Pour cela, indiquez-moi votre adresse de messagerie par MP.
CDT
PS: Félicitations pour la qualité de vos recherches approfondies sur ce thème.

Bonsoir CHAPE 48

Votre message m'a fait très plaisir. Je suis très intéressé par vos photos de ce sabre.

Malheureusement, je n'ai pas compris comment envoyer mon adresse par MP. En plus je ne peux pas encore envoyer de message à un membre de Forum, car je ne remplis pas encore la condition suivante :

« Pour pouvoir envoyer des messages privés, vous devez avoir publié un minimum de 50 messages sur le forum (43 messages publiés à ce jour). »

J'espère que vous pourrez m'aider.

Richard Rechsteiner a écrit:

Bonsoir CHAPE 48

Votre message m'a fait très plaisir. Je suis très intéressé par vos photos de ce sabre.

Malheureusement, je n'ai pas compris comment envoyer mon adresse par MP. En plus je ne peux pas encore envoyer de message à un membre de Forum, car je ne remplis pas encore la condition suivante :

« Pour pouvoir envoyer des messages privés, vous devez avoir publié un minimum de 50 messages sur le forum (43 messages publiés à ce jour). »

J'espère que vous pourrez m'aider.

Bonsoir,
Si vous ne pouvez pas me répondre, je pense que néanmoins vous pouvez-recevoir des messages privés. Je viens de vous indiquer mon adresse de messagerie, il suffira que vous me répondiez sur celle-ci afin que je vous envoie les photos par Wetransfer.
CDT

Bonsoir à Tous 2 ( Chape et Richard Rechsteiner)

Merci pour votre leçon d'histoire, et de recherche. Impressionnant resterait un faible mot, tellement celle ci est précise, probante, passionnante!

Bien à vous deux