Mon aïeul, soldat et résistant belge

Bonjour,

Mon grand-père m'a très souvent parlé de son "oncle" Henri qui lui racontait ses aventures durant la Grande Guerre et sa résistance durant l'occupation allemande de la guerre suivante. Aujourd'hui j'aimerai faire des recherches sur cet homme, problème : on dirait qu'il n'était pas l'oncle "biologique" de mon grand-père ! Dans le carnet de famille de mes arrières-arrières-grands-parents tous les enfants sont recensés, mais aucun Henri. Sur une des lettres l'un des (vrais) oncles de mon grand-père appelle cet Henri "mon frère" sur une autre cet Henri appelle mon arrière-grand-père "frangin", je pense donc à un cousin très proche de la famille. Je n'ai pas de document mentionnant sa date et/ou son lieu de naissance  (indispensable pour accéder à son dossier dans les archives Belges), aucun site de généalogie ne répertorie de Henri pouvant correspondre.

Voici les documents dont je dispose pour retrouver cet homme :

Nom de famille : Stembert

Prénom : Henri-M. F.

Lieu de naissance : probables environs de Verviers (province de Liège)

Année de naissance : probablement aux alentours de 1890

Médailles reçues : Croix de Guerre avec palme (pour évasion), Médaille du Volontaire Combattant, Médaille Interalliée, Médaille Commémorative de la Guerre 14-18 (avec couronne pour avoir été volontaire et deux chevrons pour 1 an et 6 mois au front). Son évasion est, je pense, la fuite de Belgique occupée pour s'engager.

Parcours selon les lettres (les mois sont donc inexacts pour les changements d'affectation, mais donnent une idée du parcours) :

De février à août 1915 -> 8ème Compagnie d'Instruction du 8ème Centre d'Instruction à Carentan

Décembre 1915 -> C.I 3ème D.A. 12ème Compagnie, Grandville (Centre d'Instruction, 3ème Division d'Armée, 12ème Compagnie ?)

De janvier à minimum octobre 1916 -> Infirmier à l'Hôpital Militaire N°37 de Grandville

Juin 1916 -> D.129 C.A.

D'octobre à novembre 1917 -> Brancardier D.194 - 1er escadron

De juillet 1918 à octobre 1918 -> Z.275 - 1er escadron

Mars 1919 -> Ambulancier 11 - D - I (ou 1)

Je ne suis pas familier des matricules et notations de régiments belges, n'hésitez pas à me donner vos avis  

Recensé comme soldat au 1er Régiment de Lanciers dans le livre des récipiendaire de la carte du feu de 1937 (page 324) :


Sa carte de la croix rouge :




Ses médailles et souvenirs :




Une photo du 1er avril 1919 où l'on peut voir ses pattes d'épaule des Services de Santé et à son un numéro que je n'arrive pas à lire... (3/8 ou 13/18) :


Désolé pour ce très long post, mais j'aimerai tant en savoir plus sur ces hommes de ma famille, si vous avez la moindre info n'hésitez pas à me la partager !

Cordialement,

Maginot.

Bonsoir,

il semble mentionné ici, sans davantage d'éléments :

https://www.geneanet.org/releves-collaboratifs/view/48945/30353

Cordialement

Bonjour,

Merci Poddichini, ces infos viennent du Livre des Récipiendaires de la Carte du Feu, consultables ici : https://beeldbank.tenboome.be/guldenboek.php?nm=&vn=&af=&fd=&ra=&bd=&p1=0&p2=0&zoeken=Zoek#zoek

Je ne sais pas si ces livres sont incomplètement numérisés (éditions manquantes ?) ou s'ils étaient déjà incomplets à l'époque, mais il manque pas mal de soldats. D'ailleurs ils ne répertorient que les soldats ayant reçu la Croix du Feu et donc uniquement ceux ayant survécu.

Par mon grand-père (après moult réflexions) j'ai appris que son nom complet était Maurice François Henri Stembert, il se faisait usuellement appeler Henri, né le 15 août 1892 à Hodimont. Sa fiche est disponible sur Geneanet. Son dossier militaire est donc disponible et je vais pouvoir le consulter dès que possible !

Il a reçu après la Seconde les statuts de résistant par la presse et de résistant armé, j'ai pu consulter ses dossiers aux archives à Bruxelles et grâce à un problème trop long a expliquer une enquête fût ouverte pour déterminer si oui ou non il avait bien résisté ou voulait le faire croire, ainsi des témoignages de ses camarades résistants, de ses chefs et de gens à qui il a livré des journaux interdits sont écrits dans son dossier.

Il a fait de la résistance sans réseau à partir de septembre 1940, puis via des camarades de 14 il fit passer des documents prohibés de novembre 1940 au 9 septembre 1944 (libération de Verviers).
Plus tard il rejoint la Milice Patriotique (M.P.) faisant partie du Front de l'Indépendance (F.I.) du 1er Juin 1941 au 31 décembre 1943, ensuite son chef de réseau a été dénoncé et a dû prendre la fuite en Ardenne. Henri et un camarade ont continué a résister seuls jusqu'au 15 octobre 1944. Puis un nouveau chef de résistance arriva et le prit au service des P.A. (Partisans Armés) de début juin 1944 jusqu'à la libération le 9 octobre 1944.

Sa résistance par la presse était de faire passer des documents prohibés dont principalement "La Vérité", "Pourquoi Pas Nous ?", "La Libre Belgique" (ed. Bruxelles et Liège), "La Meuse", "Le Monde du Travail", "L'Aurore" et "Le Drapeau Rouge".

Son rôle de résistant armé était de faire passer des armes et munitions, d'héberger et faire passer vers les zones libres des aviateurs anglais et canadiens s'étant parachuté, des réfractaires au STO et des prisonniers et opposants politiques, ainsi que faire des "missions de renseignements".

Noté par son chef Henri Delcour (dit Henri Legrand) : "Passage de prisonniers évadés, renseignements, hébergement, courrier de presse, solidarité. Un bon élément."
C'est ce Delcour qui l'engagea dans les M.P., c'est aussi lui qui fût dénoncé et dû s'enfuir vers les Ardennes.

Noté part l'ex commandant de l'Armée Belge des Partisans Lucien Boulard (dit Marc) : "Mr. Stembert a rempli toutes les missions qui lui furent confiées, ravitaillement, hébergement, récolte de fonds etc. à l'entière satisfaction du commandement, malgré que leur responsable, Henri Delcour, fut dénoncé et se réfugia en Ardennes, Hennesse et Stembert avait continué "d'aider des familles de P.P. (prisonniers politiques ?), des réfractaires etc."

Grace aux souvenirs de mon grand-père (neveu d'Henri) j'ai pu apprendre qu'il faisait passer les journaux et armes dans les étoffes qu'il vendait (il était négociant en laine !). Et grâce à son métier il avait beaucoup de vêtements de côtés... permettant ainsi d'habiller les aviateurs et autres prisonniers !

Voici sa carte de filiériste passeur d'homme et ses médailles de résistants :



Désolé pour ce long post, mais quel bonheur de retracer pas à pas le parcours d'un aïeul ! Plus qu'à consulter son dossier militaire !

Cordialement,

Maginot.