Baïonnettes Enfield 'exotiques".

Bonjour,
dernier achat en date, cette belle baïonnette Enfield:


Elle est pleine de beaux marquages, tout comme son fourreau:




Le fourreau a deux rivet latéraux qui maintiennent la lame de renfort interne (un seul visible ici):


Ses dimensions:
Longueur 635mm
Douille de 75mm.
Diamètres extérieurs: 23 et 22mm
Diamètres intérieurs: 12 et 11mm
La lame de 567mm mesurée depuis le coude a 3 pans en triangle équilatéral, chacun a un pan creux assez marqué.
Lame poli-brillant, douille et coude bronzés.

Il s'agit de la baïonnette (1876 à l'origine) du fusil Martiny-Henry, modifié par les écossais en calibre .303 par changement du canon et qui devint le Martiny-Enfield.

Deux types de modifications rapides et peu onéreuses vont voir le jour pour l'adapter à cette nouvelle version du fusil.
La première par remplacement (alésage-fourreau brasé-nouvelle virole) de la partie interne de la douille et la lame se retrouve sous le canon.
La seconde encore plus rapide, fourrure interne brasée, découpe du pontet et nouvelle virole, c'est cette modification qu'a subi la mienne.
La lame se retrouve alors plus conventionnellement à droite du canon.

Ces modifications sont quasiment invisibles à l'oeil nu, on distingue cependant la trace circulaire de la brasure de la fourrure:


Les marquages du fabricant sont anglais, mais il y en a d'autres qui sont égyptiens.



Dans le lot il y avait également celle-ci:


Je ne sais pas pourquoi elle a un fourreau belge, mais visiblement il n'a rien à faire ici:


Contrairement à l'autre, elle n'a strictement aucun marquage!
Sa douille sent bon le bricolage vite fait:


Tout comme sa vis de virole:


C'est pourtant une baïonnette bien règlementaire, un mle 1853 modifié certainement pour les Indes.
Sa douille est ouverte sur toute sa longueur et une vis papillon permet le serrage.

Longueur 526mm
Douille de 76mm
Lame triangulaire à pans creux de 455mm au creux du coude.
Diamètres extérieurs de la douille 28/26mm
Diamètres intérieurs 24/21mm

Ce sont sensiblement les dimensions du Pattern 1853.

Contrairement au mle 1895, elle est entièrement en acier "brut", ni bronzé ni vraiment poli.
On y voit des traces d'usinages par endroits.

Je doute fort de la rigidité de cette baïonnette, mais il ne fallait visiblement pas trop forcer dessus!
En 1885 un scandale éclata en Angleterre au sujet de la mauvaise qualité des baïonnettes anglaises qui se transformaient parfois en tire-bouchon!

Voilà donc deux Enfield un peu exotiques, égyptienne pour l'une et indienne pour l'autre.
Cordialement,
CG

Bonjour Christian

Magnifique pièce

Je ne connaissais pas ce modèle.

Ben moi non plus!
L'indienne (en haut) a retrouvé un fourreau qui lui convient mieux:

Ah oui superbe

Sont fourreau d'origine ??

Elle me font penser au modèle US que tu a rentré il n'y a pas longtemps.

C'est un fourreau d'Enfield 1853 qui se sentait bien seul depuis que je l'avais acheté tout seul.


Les lames britanniques sont très différentes de toutes les autres lames.

Leur section est quasiment un triangle équilatéral sans pans vraiment bien creux, alors que toutes les autres ont une section plus aplatie en triangle isocèle avec deux pans très creusés et un autre (la base) qui l'est un peu moins.

Ces baïonnettes sont donc très massives et très lourdes, surtout la 1895 qui mesure plus de 60cm.
Ces lames n'ont quasiment pas changé de forme depuis le Brown Bess de l'Empire.

Les baïonnettes à douille sont très intéressantes, on en découvre souvent de nouvelles.

Merci Pour l'explication Christian.

Salut,

C'est vrai qu'elles sont très belles ces baïonnettes a douilles.
Ça "a de la gueule" comme on dit

a+

Le fusil Martini-Enfield 1895:


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Elles sont superbes tes anglaises et l'exotisme leur va très bien. En plus tu n'as plus de fourreau orphelin
cdlt

Bonjour Christian,
La douille ouverte sur toute sa longueur + la virole modifiée avec une vis papillon pour le serrage, c'est typique des baïonnettes qui ont été récupérées et modifiées par les studios de cinéma; ainsi, n'importe quelle douille pouvait se monter sur tout fusil. Dans les scènes de bataille filmées, de loin ou de prêt, nulle ne prêtait attention à ce genre de détail; Le spectateur étant captivé par l'action.
Néanmoins, c'est une modification / adaptation faite à partir d'une pièce réglementaire et non une fabrication à part entière. Pas si courant d'en rencontrer !
En plus, tu lui as trouvé le fourreau qui va bien => bel ensemble.

Cdlt,
Stéph.

Bonjour,
très bien, l'explication de la GA était aussi imprécise qu'étonnante vu la fragilité de la fixation, c'est aussi bien comme ça.
Merci!

N'empèche que même à la pince multiprise, elle est impossible à resserrer cette douille!
Alors avec la vis à deux balles...
C'est quand même de l'acier trempé.
Disons qu'à force de bourriniser, on doit en effet pouvoir la mettre sur un peu n'importe quel fusil fin XVIII°/début XIX°.
Et ça explique aussi le fourreau belge qui fait assez napoléonien.

Bonjour, je confirme la description de baiobeb67, douille fendue sur toute la longueur et vis papillon : modèle pour le cinéma, vu sur le net, j'essaierai de retrouver le site.

a+

Bonjour, baïonnette de cinéma confirmée, il y a la même avec fourreau belge dans un article de Graham Priest  : christian.mery.pagesperso-orange.fr/afcb/pdf/B15.pdf‎
Provenance stocks de la Metro Goldwin Mayer ?
Cordialement
Philippe

Et voici ce qu'en dit Robert W. Shuey dans Socket Bayonets of the Great Powers de 1999:


MGM, Fox ou autre, personne ne le sait dirait-on?

Utilisées par plusieurs production Hollywoodiennes sans doute.


Extrait de la fiche dans l'ABC T2.
J'ai déjà vu d'autres modèles marqués Fox Studios.

La baïonnette que tu présentes en post original, avec le pontet de douille ouvert et la fourrure interne, pour le Martini-Enfield est la modification effectuée en Egypte par le "Citadel Arsenal" (ne me demandez pas où il est localisé).
La grande majorité des baïonnettes Marini-Henry modifiées en 1895 (lame sous le canon) a été exportée par les anglais en Egypte. Toutes ne sont pas numérotées en chiffres arabes, mais la plupart le sont. Un reliquat, assez peu nombreux, a été envoyé au Kenya dans les années 1950 pour la police indigène de ce pays. Cette baïonnette ne porte pas de marquages autres que les britanniques d'origine, elle se reconnait à son fourreau particulier qui n'a pas de bouterolle de laiton mais uniquement un petit bouchon de cuir. Ce fourreau est excessivement rare, j'ai mis plus de 40 ans avant d'en trouver un (avec sa baïonnette)

Merci!