Les obus à tenons la Hitte 1858 et leurs fusées.

Bonjour,
voici un petit topo sur les différents obus à tenons du système la Hitte 1858.
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Tout d'abord la pièce de 4, la plus courante:


Son canon est rayé de 6 profondes rayures.
Pour le chargement, on le fait encore par la bouche.
D'abord introduire la charge de poudre en sachet (gargousse), ensuite introduire l'obus à tenons qui descend au contact de la gargousse en tournant, et pour la mise à feu c'est comme avant (percer la gargousse par la lumière, introduire une mèche et l'allumer).

Avant d'introduire l'obus il faut éventuellement préparer la fusée si elle est fusante.

Le système de rayures qui fait tourner l'obus sur lui-même en le stabilisant permet enfin d'atteindre des portées allant à 2000/3000 mètres, ce qui n'était pas possible avec les boulets ronds.

Les projectiles de 4:


A gauche: obus explosif, ici avec une fusée Desmarest percutante. Il est chargé à 200 grammes de poudre noire.
Au milieu: obus à balles, ici  avec une fusée Desmarest 2° type. Il contient 80 balles en plomb du calibre du pistolet.
A droite: boite à mitrailles. Les balles sont en fonte, agglomérées dans du souffre

Les obus ont chacun 12 tenons en zinc, 2 par rayure.



La fusée percutante agit au contact du sol, mais son efficacité n'est pas fiable:




La fusée peut également être du type fusante, elle fait exploser l'obus en vol à une certaine distance.
Le 1° modèle de 1859 n'a que 2 canaux.
Selon le canal qui est débouché, l'obus explose soit à 1100 m, soit à 2000 m.
Un 3° canal est toujours débouché pour pallier à un mauvais fonctionnement et fait alors exploser l'obus à 3000 m.



La fusée Desmarest mle 1864 1° type a 4 canaux dont l'un est débouché avant chargement et qui correspondent à des distances de 350, 570, 730 et 900 mètres:
 



La fusée Desmarest 2° type a 6 canaux qui correspondent à une possibilité plus large de règlages:




La pièce de 12 est du calibre supérieur: 121 mm contre 86 pour celle de 4.
Dans l'obus à balles, elles sont au nombre de 150, du calibre du fusil à silex ancien.

Les fusées sont similaires, seules les distances d'éclatement sont différentes: 500, 800, 1000 et 1400 mètres pour le modèle à 4 canaux.
La pièce reste précise jusqu'à 3000 mètres.

Les fusées Desmarest n'ont pas un fonctionnement très fiable, même le Colonel Rousset constate dans son ouvrage sur la guerre que les obus explosent très souvent en vol avant ce qui était prévu!

Un allemand, mr Kirchner fait également ce constat dans son ouvrage sur la bataille de Woerth: les obus français arrivent souvent au sol sans exploser!


Voici quelques obus de calibres différents:


On y trouve les calibres de 4, 12 et 24 (15 cm).
A droite ce sont 2 obus de 4 transformés après 1870 avec tenons arasés, mise en place d'une ceinture de forcement, pour les nouveaux canons à chargement par la culasse.
(L'arrière et la ceinture se sont détachés au moment de l'explosion.)
Cordialement,
CG

Merci crevette pour cet intéressant exposé

En fait (je ne suis pas fort en ce qui concerne l'artillerie) depuis Gribeauval avec le système 1777,
on ne s'est pas trop fatigués pour réformer notre artillerie.
Il faut en fait attendre 1875 (et une défaite) pour vraiment faire une évolution, soit un siècle !

Notre point fort était la baïonnette, j'usqu'en 1914.

Cordialement

Précision: le calibre (4, 12, 24) correspond au poids de l'obus.
4 livres (2kg), 12 livres (6kg) et 24 livres (12 kg).

Ici on peut voir des pièces de 4 la Hitte, une pièce de 7 de Reffye, et diverses pièces rayées de 4, 8 et 12:
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L'ancien canon non rayé était tracté par un attelage de 6 chevaux, la nouvelle pièce rayée de 4 ne nécessite que 4 chevaux, elle est donc plus mobile.

Bonjour,

an13 a écrit:

on ne s'est pas trop fatigués pour réformer notre artillerie.
Il faut en fait attendre 1875 (et une défaite) pour vraiment faire une évolution, soit un siècle !

Notre point fort était la baïonnette, j'usqu'en 1914.

L'on aurait cependant pu s'épargner beaucoup de temps, de sang, de morts et de défaites......


Car lorsqu'Alfred Krupp mit au point son canon révolutionnaire, en acier et se chargeant par la culasse, bien que Rhénan, donc sujet nominal du roi de Prusse, il vint tout d'abord à Paris le présenter et l'offrir (c'est à dire le vendre) à Napoléon III. Eh oui, le libre-échange européen n'était pas un vain mot au XIXème siècle....

L'Empereur, qui, contrairement à la réputation que lui ont faite les historiens de la IIIème république, était tout sauf uni idiot, et avait un intérêt réel pour la technique, comprit immédiatement l'avantage qu'il y aurait à adopter pour l'artillerie Française l'invention de M. Krupp, et même à lui acheter le brevet.....


Seulement, il y avait, déjà, les rapports incestueux entre la politique et l'économie, et on lui fit rapidement comprendre qu'il ne fallait pas se fâcher avec MM. Schneider, au Creusot.

L'armée française garda donc ses pièces en fonte se chargeant par la bouche, M. Krupp s’en fut porter son invention à son souverain le roi de Prusse, dans les armées duquel elle fit merveille, à Sedan et ailleurs...

Merci Castelneau pour cette importante précision que je ne connaissait pas.

Cordialement

Pas de quoi; ce fut un plaisir !