Encore un sabre fantaisie d'officier de marine

Bonjour


Il est toujours assez compliqué de situer précisément dans le temps, la période de fabrication d’un sabre d’officier de marine surtout s’il s’agit d’une des infinies variantes, de la longue lignée du modèle 1837.

Le sabre dont il est question ici (acheté pour son élégance, sur un site connu), présente les caractéristiques suivantes :
Lame légèrement courbe, à dos plat à deux pans creux se terminant en pointe de lance. Le dos porte l’inscription « Manuf Nle de Klinghental Coulaux Ainé et Cie »
Cette mention situerait la fabrication entre 1838 et 1840 si l’on en croit le tableau des poinçons et dates de l’entreprise. Mais je crois avoir lu dans certains articles du forum que des exceptions existent et que ce marquage pouvait se rencontrer plus tardivement ( !).

Le talon de la lame porte également le poinçon « B couronné » ce qui correspondrait à la période 1838/1845.

Si l’on fait un mix des deux indications ci-dessus, ce sabre se situerait dans la période 1838/1840. A prendre bien sûr avec circonspection car dans « modèle fantaisie », il y a le mot fantaisie. D’ailleurs, j’ose espérer que les pointures ou les simples amateurs de la chose maritime nous feront la grâce de donner leur avis éclairé. Merci à eux.

Autre « indice », les pans creux de la lame s’arrêtent net au talon (lame forgée). A partir du second Empire, les pans creux s’arrêtent en « arrondi mourant », (lame fondue).

Pour le reste, La fabrication est plutôt soignée, les décors des garnitures (rameau de chêne et algues associés, sont simples mais bien réalisés. Les coquilles St Jacques qui ornent ces garnitures sont fines et élégantes (du moins, je trouve). Le quillon est décoré d’une feuille d’eau sur chaque face.

Autres caractéristiques :
Longueur totale (avec fourreau) =865 mm
Longueur totale (sans fourreau) = 840 mm
Longueur lame = 705 mm
Largeur lame au talon = 28 mm
Epaisseur lame au talon = 8 mm

Très cordialement

Les deux dernières photos mettent en perspective ce sabre et un "impérial", lui même d'un modèle fantaisie

Bonjour,

Et merci de ce partage éclairé et détaillé de cette pièce magnifique. Rien que pour les yeux, c'est un régal.

Bonjour ,

une belle pièce vraiment , bravo pour cette acquisition

= F+

Je crois que la date ici est juste. En fait, j'ai l'impression que ce type de lame à jonc central représente une étape de conception entre la lame 1837 à jonc classique, et la lame de type 1845. Je crois qu'on a réfléchi à une manière de corriger les problèmes inhérents de la lame à jonc, soit principalement sa susceptibilité à casser suite aux chocs. Ce qu'on a donc fait ici est d'élargir le tranchant au niveau du fort, le rendant plus résistant aux fissurations, et on a ramené le jonc plus près du centre, pour éviter qu'une fissure dans le tranchant ne se rende trop facilement jusqu'au dos de la lame.

Bonne idée, mais il reste toujours qu'une fissure peut se rendre assez loin, vu la faible épaisseur de l'acier. De plus, même si le tranchant est très aigu, rendant la lame très tranchante, le jonc vient nuire à cet effet en présentant de la friction. C'est un phénomène que Marey-Monge a noté dans son mémoire sur les armes blanches, et qui a peut être donné des idées pour la suite.

Avec le 1845, on a en quelque sorte retourné le concept à l'envers. On a pris la lame 1837 et remplacé le jonc par une gouttière, qui rempli de toute façon le même rôle, soit d'ajouter de la rigidité et de la solidité, mais en l'évidant on sauve du poids, et on a légèrement renforcé les tranchants sur toute leur longueur. On a donc un tranchant qui est un peu plus obtus, mais l'angle permet d'éviter la plupart de la friction causée, tout en conservant en grande partie la légèreté de la lame à jonc.

Bonjour Aubrac,
Ces petites coquilles Saint-Jacques sur la chape, la garniture intermédiaire et le haut de la bouterolle me plaisent beaucoup: c'est à la fois, simple, original et de très  bon goût. merci pour cette présentation et l'analyse technique.

J'aurai aimé le trouver!

PS: Est-ce que je peux l'échanger contre 1 kg de vraies coquilles St Jacques?
Hélas! Il y en avais plein  en bas de chez moi lors de la dernière grande marée, mais j'ai été trop fainéant pour aller les ramasser!
Bien cordialement,
le barde

Bonsoir Aubrac,

quel magnifique sabre avec des fantaisies qui font plaisir aux yeux.

Les garnitures sont superbes avec les volutes et les coquilles. Ce qui le rend unique mais aussi avec les feuilles d'eau au niveau du quillon qui n'est pas courant.

Belle pioche que j'aurai aimé trouver.
Pour la lame , j'ai le même modèle mais avec un marquage " Manufacture de Klingenthal Coulaux et Cie". J'ai aussi le "B" couronné mais avec un "S" dans un écu non répertorié.

Bravo pour cet achat.
Il est entre de bonnes mains

Cordialement
Choumac

AUBRAC a écrit:

Bonjour


Il est toujours assez compliqué de situer précisément dans le temps, la période de fabrication d’un sabre d’officier de marine surtout  s’il s’agit d’une des infinies variantes, de la longue lignée du modèle 1837.

Le sabre dont il est question ici (acheté pour son élégance, sur un site connu), présente les caractéristiques suivantes :
Lame légèrement courbe, à dos plat à deux pans creux se terminant en pointe de lance. Le dos porte l’inscription « Manuf Nle de Klinghental Coulaux Ainé et Cie »
Cette mention situerait la fabrication entre 1838 et 1840 si l’on en croit le tableau des poinçons et dates de l’entreprise. Mais je crois avoir lu dans certains articles du forum que des exceptions existent et que ce marquage pouvait se rencontrer plus tardivement ( !).

Le talon de la lame porte également le poinçon « B couronné » ce qui correspondrait à la période 1838/1845.

Si l’on fait un mix des deux indications ci-dessus, ce sabre se situerait dans la période 1838/1840. A prendre bien sûr avec circonspection car dans « modèle fantaisie », il y a le mot fantaisie. D’ailleurs, j’ose espérer que les pointures ou les simples amateurs  de la chose maritime nous feront la grâce de donner leur avis éclairé. Merci à eux.

Autre « indice », les pans creux de la lame  s’arrêtent net au talon (lame forgée). A partir du second Empire, les pans creux s’arrêtent en « arrondi mourant », (lame fondue).

Pour le reste, La fabrication est plutôt soignée, les décors des garnitures (rameau de chêne et algues associés, sont simples mais bien réalisés. Les coquilles St Jacques qui ornent ces garnitures sont fines et élégantes (du moins, je trouve). Le quillon est décoré d’une feuille d’eau sur chaque face.

Autres caractéristiques :
Longueur totale (avec fourreau) =865 mm
Longueur totale (sans fourreau) = 840 mm
Longueur lame = 705 mm
Largeur lame au talon = 28 mm
Epaisseur lame au talon = 8 mm

Très cordialement

Bonjour Aubrac,

Il s'agit d'une variante luxe dérivée du sabre d'off. de marine modèle 1848, fabriquée sous la seconde république, entre 1848 et 1852, d'ailleurs le marquage "Manufacture Nle" pour "Nationale" ne trompe pas.
Le type de lame à deux larges pans creux, ainsi que cette différence au niveau du quillon présentant une feuille d'eau à la place du dauphin réglementaire depuis 1848 est également caractéristique de cette période, certains sabres début second empire peuvent aussi en être pourvus, mais dans le cas présent le marquage ainsi que l'absence de couronne impériale sur l'ensemble du sabre excluent cette possibilité.
Les poinçons décrits se retrouvent également jusqu'à cette période.

En tout cas c'est une bonne pioche, les garnitures du fourreau sont superbes et il est rare de trouver des modèles 1848 et ses dérivés, vu le peu de temps durant lequel ils ont été réglementaires.

Attention aussi à la maladresse utilisée dans la première phrase, le modèle 1837 n'a pas de lignée, il a été tout bonnement remplacé par un autre modèle (le 1848), de même qu'on ne dirait pas à titre d'exemple que le modèle 1845 fait partie de la lignée du modèle 1821 pour l'infanterie.

Bonne journée

Bonjour à tous

Un grand merci pour votre intérêt pour ce sabre. Des "simples" admirateurs aux érudits, capables de déterminer avec bonheur, la période de production de cette pièce, je reste enthousiaste de la pertinence et de la convivialité de ce forum.
Très heureux de pouvoir grâce à vous, identifier avec précision ce beau sabre; sa fiche sera complétée utilement pour "les suivants". Encore merci et respect.

Pardon à toi l'amiral pour avoir écrit cette "maladresse" dont tu parles. Je suis pourtant attentif à ne pas commettre l'erreur récurrente qui consiste à tout ramener au 1837 dès lors qu'on parle de sabre de marine.

@ Max c: impressionné par ton développement technique qui demande, je l'avoue, un peu d'attention pour en apprécier la teneur. merci à toi

Mon cher Assurancetourix, ton offre généreuse et désintéressée d’échanger ce modeste sabre contre un kilo de St Jacques me parait bien alléchante (et je pèse mes mots). Je remercie le hasard du calendrier qui a placé cette péripétie en plein mois de mars. Je n’ose imaginer quelle aurait été ma décision face à ce marché, s’il avait eu pour cadre le mois de décembre où ce très estimé mollusque réjouit le palais de tant de nos compatriotes ( et du mien en particulier) et où son prix au kilo avoisine de manière insolente celui d’un bon sabre d’officier de marine. Décision cornélienne que je n’aurais heureusement pas à prendre.
Au-delà de cette proposition que pour l’instant, à mon grand regret, je suis obligé de décliner, je salue ton talent, ta verve et ton sens poétique pétri d’humour. Mais n’est ce pas là, la définition même d’un barde (breton bien sûr) ?
Hommage amical à ta lyre inspirée

Encore Merci à vous tous Messieurs, c'est un vrai plaisir de vous lire

Amicalement